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11 Décembre : Fada N’Gourma aux éclats de toute la Nation

Publié le vendredi 12 décembre 2008 à 02h42min

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Le clou des manifestations marquant le 48e anniversaire de la fête nationale a été le grand défilé civil et militaire patronné, jeudi 11 décembre 2008, par le Président du Faso, Blaise Compaoré sur l’avenue de l’Indépendance de Fada N’Gourma. Plus de 5000 personnes ont pris part à cette gigantesque parade à pied ou motorisées.

Le gouvernement burkinabè vient de gagner un pari et le Gulmu de relever un défi. Fada N’Gourma, la cour des rois en langue locale, a réussi à accueillir, jeudi 11 décembre, la Nation entière dans toutes ses composantes pour sa fête nationale. Ville « cobaye » de l’option de délocaliser ces festivités, elle a abrité avec faste toutes les manifestations rendant hommage aux héros de la libération de la Haute Volta, actuel Burkina Faso du joug colonial. Il est 9 heures quand le président du Faso arrive sur le lieu du défilé, avenue de l’Indépendance, route de Bogandé. Il passe en revue les troupes, après avoir salué le drapeau national.

Une demi-heure plus tard, le défilé commence par une minute de silence en mémoire des deux pilotes qui ont péri la veille, dans le crash de leur avion, lors de l’inauguration de l’aérodrome de la ville.
Ouvrant le défilé, la fanfare de la Garde nationale et un détachement de la Garde rouge de la gendarmerie ont effectué des démonstrations à la grande joie du public. Pour la grande parade du 11-Décembre à Fada, ce sont 5 140 personnes, à pied comme sur engins motorisés qui défilent aux pas cadencés. Il s’agit de 3 200 civils, 1 800 militaires, plus 140 militaires venus du Togo et du Bénin.

Parce que le thème de la manifestation porte sur « La valorisation des ressources forestières et fauniques », l’honneur est revenu au ministère de l’Environnement et du Cadre de vie d’ouvrir le défilé civil à pied. Puis, se sont succédé des départements comme l’ Education de base, les Enseignements secondaire et supérieur, la Santé, la Fonction publique, les Ressources animales, l’Agriculture, la Promotion de la femme, les Affaires étrangères… Aussi remarquable que cela puisse paraître comme diversité et cohésion nationales, le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a présenté un échantillon des habitants vivant dans chacune des treize régions, avec pour certains, leurs spécificités vestimentaires et culturelles.

Des communautés étrangères de la sous-région et même celles originaires d’Asie, d’Europe, des Etats-Unis d’Amérique vivant au Burkina Faso n’ont pas été en reste. Les troupes militaires invitées du Bénin et du Togo ont impressionné le public par leurs pas bloqués. Leurs collègues burkinabè à travers les unités spéciales ont été les véritables attractions des troupes militaires à pied. Ce n’est pas pour rien qu’elles sont placées à la fin du défilé à pied. Les éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), le Centre d’instruction des troupes aéroportées (CITAP) de Bobo-Dioulasso et le Régiment parachutiste commando (RPC) de Dédougou ont émerveillé les milliers de spectateurs massés le long de l’avenue. La lenteur majestueuse de leurs pas exprime la confiance, la maîtrise et l’assurance qui les caractérisent.

Donc source de curiosité. Fait particulier au niveau des troupes motorisées, c’est la présence d’un détachement du « Bataillon Laafi » (paix en langue nationale mooré). Ce bataillon composé de 800 hommes et de véhicules peints aux couleurs des Nations unies, a pour mission le maintien de la paix au Darfour (Soudan). Malgré le deuil qui la frappe, l’Armée de l’air a aussi tenu à présenter sa parade, avec six aéronefs. Les présidents national et régional du comité d’organisation, Pengwendé Clément Sawadogo et Kilimité Théodore Hien sont unanimes à reconnaître que le défi a été relevé : « Nous avons pu faire tout ce que nous avions prévu de faire », s’est félicité le gouverneur de la région de l’Est.

Moustapha SYLLA et Souleymane SAWADOGO


La parade d’à-côté

- Sécurité impressionnante

Le défilé à Fada N’Gourma a connu une forte présence de militaires, gendarmes et policiers. Certains en tenue, d’autres en civil, pour assurer la sécurité de la manifestation et des autorités. Avant l’arrivée du président du Faso, un hélicoptère surveillait l’aire du défilé. Des barrières étaient en outre installées aux abords de l’avenue de l’Indépendance pour contenir les spectateurs. Un militaire qui se promenait avant même le défilé a été contrôlé pour s’assurer que sa Kalachnikov ne contenait pas de cartouches. Dans les brousses et sur les axes menant à Fada, la sécurité était visible. C’est donc en toute quiétude que les spectateurs et les défilants ont célébré dans la cité de Yendabili, le 48e anniversaire de l’Indépendance du Burkina Faso.

- Le défilé aérien a eu lieu

La célébration de l’indépendance a été endeuillée le 10 décembre 2008 par la mort, suite au crash d’un avion, de deux pilotes de l’armée de l’air, le commandant Saïdou Sawadogo et l’adjudant Zacharia Sanou. Ils ont été inhumés dans la même soirée en présence du Premier ministre Tertius Zongo. Les deux disparus ont été faits respectivement chevalier de l’Ordre national et chevalier de l’Ordre du mérite avec agrafe Défense. Suite à cette tragédie, les activités du 10 décembre avaient été suspendues, notamment le saut para au stade de Fada et la retraite au flambeau des militaires.
Certains pensaient que le défilé aérien n’allait pas avoir lieu le 11 décembre. C’est avec courage et certainement aussi en hommage à leurs frères d’armes que les aviateurs de la Base aérienne ont gratifié les spectateurs d’un défilé aérien sobre mais parfaitement exécuté.

- L’histoire du Gulmu en exergue

Le lieutenant Ismaël Diaouari, l’un des commentateurs du défilé, a impressionné nombre de personnes. D’abord par sa connaissance profonde de l’histoire du Gulmu et ensuite par sa maîtrise de la langue anglaise. Il a dressé avec force détails les origines des rois du Gulmu dont l’ancêtre serait venu du Tchad en empruntant le fleuve Niger. Depuis les années 1400, il a méticuleusement égrené le nom des différents rois qui se sont succédé à la tête du Gulmu et la durée de leurs règnes. De Diaba Lompo à l’actuel roi régnant, le Koupiendieli. Les peuples autochtones n’ont pas été oubliés car le Lieutenant Diaouari « n’a pas fait de quartier » en évoquant l’histoire de la région de l’Est. Comme pour conclure en beauté, il a fait un clin d’œil à ses parents à plaisanterie, les Yadsé.

- Des réactions consécutives aux tenues vestimentaires

Au-delà même des pas cadencés des défilants, leurs tenues ont agrémenté la fête et suscité des réactions du côté des spectateurs. Déjà, avant le début de la grande parade civile et militaire, un spectateur n’a pas caché son admiration face aux « habits » des hôtesses chargées d’accompagner et d’installer les officiels. En effet, celles-ci étaient superbement habillées en tenue de couleur verte, avec des rayures bien appropriées. Ce qui a fait dire à un monsieur que « les filles-là sont habillées aux couleurs du thème de la célébration du 48e anniversaire ». Une affirmation pas du tout erronée puisque le thème a porté sur l’environnement (symbolisé par le vert) à savoir : « Valorisation des ressources forestières et fauniques ».
Quand est arrivé le défilé par région, certains défilants se sont particularisés en portant des accoutrements distinctifs de leur région. D’autres par contre se sont contentés de tenues à base du pagne conçu pour l’évènement. Il faudra donc que chaque gouverneur, pour les prochaines fois, songe à habiller ses défilants par une tenue de sa région.
La fête vise aussi à montrer les diversités culturelles du Burkina Faso.

Bachirou NANA et Alban KINI

Sidwaya

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