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Election présidentielle : Ghana is back !

Publié le vendredi 12 décembre 2008 à 02h40min

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Les surenchères et le mimétisme américain, surtout au lendemain de l’élection de Barack Obama aux USA, ont occasionné des dérapages au Ghana lors du premier tour de la présidentielle qui s’est déroulée le 7 décembre dernier. Chaque camp se disant déjà vainqueur de ces élections générales, puisqu’en plus du président, les Ghanéens doivent élire leurs députés.

Ce qui, à un moment, a fait craindre le pire, notamment les violences postéléctorales, lesquelles, jusqu’à présent, ont épargné l’ex-Gold Coast. Pour ce qui est de la présente course à la magistrature suprême, deux candidats vont croiser le fer au second tour : John Evans-Atta Mills (64 ans) du National Democratic Congress (NDP), qui a obtenu 47,9% des suffrages, contre 49,1% pour Nana Ado Dankwa Ado Akufo-Ado du New Patriotic Party (NPP).

Et quand on parle de scrutin au Ghana, coutumier de processus propre, la communauté internationale est moins angoissée, car subodorant que tout va bien se passer. En effet, depuis les années Nkrumah, ce pays a toujours fait, dans la majeure partie du temps, bonne impression : d’ailleurs pour les Africains d’un certain âge, la locomotive économique de la sous-région, en ce temps-là, n’était pas la Côte d’Ivoire, mais bien le Ghana. Les « Paweto » burkinabè étaient plus nombreux dans ce pays que dans celui d’Houphouët-Boigny.

Et le chantre du panafricanisme, qui était un visionnaire, ne fut pas étranger à cette situation, même s’il est vrai que vers la fin de son règne, des choix politiques hasardeux et une certaine personnalisation du pouvoir ont un peu gâché l’œuvre de « l’Osagiefo », qui a laissé un Ghana économiquement exsangue. Ce n’est pas pour rien qu’on entendait souvent l’expression « le Ghana est tombé ! ».

Du reste, après Nkrumah, ce fut la spirale de l’instabilité politique, avec une cascade de coups d’Etat, qui ont contribué à enfoncer davantage le pays. Mais, comme toute chose a une fin, il a fallu la venue, dans les années 80, du Flight Captain John Jerry Rawlings qui, bien qu’on puisse contester ses méthodes de gouvernement, n’en a pas moins assaini la vie politique, et permis de tenir des élections transparentes et libres.

Mieux, à son départ en 2000, il a laissé à son successeur, John Kuffor, un Ghana performant avec des fondamentaux économiques au vert. Et le « gentle geant », après avoir brigué deux mandats en 2000 et 2004, s’apprête à passer le témoin à l’un des deux candidats en lice pour le second tour, prévu pour le 28 decembre 2008.

Comme dans tout scrutin, il y a les discours démagogiques, les promesses irréalistes, les petites échauffourées... mais, dans l’ensemble, le Ghana vient de brandir, encore une fois, sans préjuger de ce que sera ce deuxième round, son label de pays démocratique.

En 2000, on avait craint que fort de la popularité dont Rawlings bénéficiait, il ne traficote la Constitution pour demeurer à l’Osu Castle. L’ancien révolutionnaire devenu démocrate n’en a rien fait et a « circulé ». Une attitude qui a fait des émules, puisque son remplaçant s’apprête aussi à partir après deux mandats, comme le prescrit la loi fondamentale.

A l’heure où des coups d’Etat d’un nouveau genre sont à la mode, il est important de saluer ces vrais démocrates, qui donnent l’exemple. Surtout que, de nos jours, « le Ghana est debout », avec une monnaie forte (1 cedi = 1 dollar). Cité en exemple dans la sous-région, le Ghana n’a pas sa réputation de tradition démocratique surfaite.

Souhaitons qu’Atta-Mills ou Akufo-Ado ne devient pas de cette trajectoire. Car, bien qu’une telle attitude soit saluée par les peuples, elle est mal vue par le club des chefs d’Etat. Déjà, en 1981 quand Senghor avait quitté volontairement le pouvoir, Houphouët l’avait traité de « lâcheur ».

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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