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NOUVELLE REBELLION EN CÔTE D’IVOIRE : Monsieur Gbagbo, c’est sérieux !

Publié le jeudi 27 novembre 2008 à 01h17min

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Au nord de la Côte d’Ivoire, les nouvelles ne sont plus très bonnes. La dernière attaque de la poudrière de Séguéla qui avait le double objectif de s’emparer des armes et des munitions ainsi que de libérer les mutins de juin dernier ne présage rien de bon pour la suite du processus de paix et de réconciliation nationale.

Le président Laurent Gbabgo a beau minimiser l’incident en parlant de simple "soubresaut", la réalité sur le terrain commande de mieux appréhender la situation et de la "traiter" convenablement. 8 assaillants sont restés sur le carreau.

C’est un bilan déjà trop lourd. Après la mutinerie de Vavoua, l’attaque ciblée de Séguéla est un signe qui ne trompe plus. Il y a une fissure au sein des forces nouvelles. Une rébellion dans la rébellion qui avance à pas feutrés et qui ne tardera peut-être pas à sortir officiellement du bois. Les armes que les assaillants devaient dérober serviraient à tout sauf à la paix. Et surtout, rien ne dit que le prochain assaut ne sera pas d’une plus grande envergure.

Les hommes du chef de zone, tombé en disgrâce, Zakaria Koné, sont cités dans cette attaque. L’homme lui-même vit une retraite forcée du côté de Ouagadougou sous la surveillance rapprochée du facilitateur. Il est peu probable qu’il en soit le commanditaire, mais les protagonistes ivoiriens nous ont tellement habitués à des retournements de vestes que personne ne peut jurer de rien. C’est pour cette raison qu’il y a lieu de ne pas banaliser ces attaques au risque de voir les Forces nouvelles s’entre- déchirer en fractions armées, ce qui conduirait à une situation de chaos.

Ni Gbagbo, encore moins le Premier ministre Guillaume Soro n’y ont intérêt. Quoique les partisans du président puissent rire des déboires de leurs anciens adversaires qui ont du mal à quitter leurs habits de maquisards. Le paradoxe dans cette affaire, c’est que, à Abidjan, le général Mangou et ses hommes ont entamé une opération coup de poing pour désarmer tous les groupes d’autodéfense en vue d’accompagner le processus de désarmement et de réinsertion des anciens combattants. La tâche, on le savait, ne serait pas de tout repos pour le chef des Forces nouvelles. Mais plus le temps passe, plus l’homme qui a troqué ses anciens habits de chef rebelle contre un costume de Premier ministre, continue de perdre le contrôle de certaines de ses troupes.

En outre, c’est en cela que Gbagbo doit être l’allié de Soro pour trouver le bon remède à la crise de confiance qui mine le moral des troupes du second. Pendant ce temps, c’est le facilitateur qui a les yeux rivés sur le chronogramme de mise en œuvre de l’accord politique de Ouagadougou. Les Forces nouvelles, face à cette rébellion interne naissante, peuvent se crisper et donc retarder encore plus le proccessus DDR. D’autant que la partition du pays, dans ces conditions, pourrait encore se prolonger indéfiniment. Ces petits "soubresauts" de Gbagbo sont autant de gros soucis pour Blaise Compaoré, le facilitateur, qui verrait sa tâche encore plus compliquée si une explosion de violence dans le nord du pays venait à se produire.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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