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DRAMES EN COTE D’IVOIRE ET AU BURKINA : Deux méthodes de gestion différentes

Publié le mercredi 26 novembre 2008 à 01h06min

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La Côte d’Ivoire est en deuil. Dix-sept personnes sont mortes des suites d’une intoxication alimentaire dans le village d’Agnanfoutou, dans le centre-est du pays. Ces personnes auraient consommé une bouillie à base de maïs, contaminée, à ce qu’on dit, par des produits phytosanitaires dont on ignore encore l’origine exacte.

Comme on pouvait s’y attendre, le président ivoirien n’a pas tardé à se rendre sur les lieux du drame pour apporter son soutien moral, et sans doute financier, aux familles des victimes. En ces circonstances difficiles, la présence d’une personnalité de la trempe de Laurent Gbagbo est, pour les familles éplorées, plus qu’un réconfort.

C’est une marque de considération à leur égard, et le témoignage que le premier magistrat du pays peut consacrer un peu de son temps pour se rendre au chevet de familles en détresse. Bref, cette présence au plus haut sommet de l’Etat marque toujours. Quant aux bénéfices politiques que Gbagbo peut tirer de ces diverses circonstances malheureuses, c’est une autre affaire. Ce n’est pas la première fois que le président ivoirien se déplace pour essuyer les larmes de ses concitoyens. On irait jusqu’à dire qu’il ne rate jamais l’occasion de le faire, s’offrant ainsi très souvent une longueur d’avance sur ses adversaires politiques qui l’accusent à tort ou à raison de faire du marketing politique sur fond de chagrin national. Autre pays, autre drame.

La semaine dernière, le Pays des hommes intègres était sous les projecteurs de l’actualité à la suite d’un des accidents de la circulation les plus tragiques que le Burkina, peut-être même l’Afrique de l’Ouest, ait enregistré ces dernières années. De Ouagadougou à Abidjan, on assiste à deux types de réactions face aux drames ; deux méthodes de gestion des catastrophes par deux dirigeants aux tempéraments différents. Alors que le président ivoirien n’hésite jamais à se mettre au-devant de la scène dramatique, son homologue burkinabè, lui, préfère l’action dans la discrétion, loin des caméras et des micros. Rarement on a vu ce dernier se déplacer sur les lieux d’un drame national. Et il n’aura pas dérogé à la règle concernant celui du 15 novembre dernier. Certes, Blaise Compaoré était hors du pays à l’époque des faits.

Mais rien ne dit qu’il aurait éprouvé la nécessité d’être physiquement sur les lieux de l’accident survenu sur l’axe Ouaga-Bobo, s’il avait été au pays. Et puis, face à ce drame national, d’aucuns estiment qu’il aurait fallu pour le président burkinabè, écourter son séjour à l’étranger et rentrer dare-dare. Quoi qu’on puisse en dire, on sait que Blaise Compaoré n’est pas un président bling-bling. Réputé pour sa discrétion, l’homme, on le sait, parle peu, voire très peu à ses concitoyens. Cela signifie-t-il pour autant qu’il n’a pas été affecté par le récent drame et qu’il n’a pas, d’une façon ou d’une autre, témoigné personnellement de sa solidarité et de sa compassion à l’endroit des familles ? Rien n’est moins sûr.

Du reste, les quelques ministres dépêchés sur les lieux aussitôt après le drame, n’ont pas fait autre chose que représenter le gouvernement, et par ricochet, le président Blaise Compaoré. Mais une autorité, quelle qu’elle soit, ne saurait toujours pouvoir remplacer comme il se doit, le chef de l’Etat lui-même qui est, avant tout, le premier personnage à incarner la Nation. En tout état de cause, il survient des événements dans la vie d’une nation, face auxquels la réaction du premier responsable du pays s’impose. Ne pas le faire quand l’occasion se présente, c’est faire entendre à ces concitoyens, les bruits assourdissants de ses silences incompris.

Par Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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