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40e AGA des compagnies aériennes africaines : Sous l’ombre de la dépouille d’Air Afrique

Publié le mardi 25 novembre 2008 à 00h40min

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La 40e assemblée générale annuelle de l’Association des compagnies aériennes africaines (AGA/AFRAA) s’est ouverte, hier lundi 24 novembre 2008, à Ouagadougou sous la présidence du Président du Faso, Blaise Compaoré.

Les compagnies aériennes d’Afrique prospectent les moyens propices pour briller dans le ciel. La 40e Assemblée générale annuelle de l’Association des compagnies aériennes africaines (AGA/AFRAA), prévue les 24 et 25 novembre 2008 va tenter de trouver des solutions aux défis de la navigation aérienne sur le continent.

Confrontées à une morosité des affaires, les acquis du transport aérien semblent compromis par les crises énergétique, alimentaire et financière. C’est dans ce contexte difficile et plein d’incertitudes que l’AFRAA souffle ses 40 bougies sous l’ombre de la dépouille des compagnies pionnières comme Air Afrique, Ghana Airways ou Nigeria Airways (Skypower). "Le devoir de mémoire commande en effet, de rappeler les temps glorieux où ces compagnies (...) faisaient la fierté de l’Afrique et imposaient le respect dans les fora internationaux (...).

Elles transportaient jusqu’au bout du monde les chefs d’Etat d’Afrique et même sa Sainteté le Pape dans ses tournées africaines", a rappelé le secrétaire général de l’AFRAA, Christian Folly-Kossi. Et Blaise Compaoré d’ajouter qu’une lecture des transports aériens en Afrique donne des raisons de ne pas être satisfait. "... Mais nous pouvons relever aussi des raisons d’espérer en l’avenir", a-t-il indiqué. Le président du Faso souligne toutefois que la faible fréquentation des vols entre capitales africaines, le coût élevé des billets d’avion sur les lignes intra africaines constituent des goulots d’étranglement à la prospérité des affaires et du tourisme. En ces temps de crise financière, les compagnies aériennes doivent avoir l’audace et le courage de rebâtir sur des bases nouvelles et solides le transport aérien.

Au-delà des accusations de corruption, d’impayés, des billets gratuits dont souffre le secteur, M. Kossi pense qu’Air Afrique a été victime de la libéralisation incontrôlée du ciel africain et de la rupture des règles d’équilibre et de réciprocité. Pis encore, le constat montre que faute de vision, de clairvoyance et de politique appropriée, la moitié du ciel en Afrique est totalement et entièrement dominée par les compagnies occidentales. Face aux défis du transport aérien, Christian Folly-Kossi propose alors aux compagnies de passer à l’heure du hub qui fait le succès d’Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Royal Air Maroc et Afriqiyah Airways.

Car si rien n’est fait, prévient-il, cette domination va s’aggraver substantiellement avec la mise en oeuvre du concept d’espace aérien unique dans les pays de l’Union européenne. "L’affaiblissement et la disparition de nos compagnies propres nous priverait d’instruments indispensables, d’intégration économique régionale et de commerce avec le monde et de développement du tourisme africain", a-t-il martelé devant un parterre d’experts et de décideurs politiques. Mais, les compagnies aériennes redoutent aussi que la crise financière qui est en train de se muer en récession économique mette à plat le transport aérien.

Comme il fallait s’y attendre, la crise financière s’est invitée aux débats de la 40e AGA/AFRAA. Celle-ci craint qu’une récession économique généralisée se traduise par une réduction du trafic aérien entre les marchés des pays du Nord. Dans ce cas, on assistera à un redéploiement d’une bonne partie de la flotte inutilisée d’Occident sur les marchés émergents dont celui d’Afrique qui, selon les prévisions, sera dans une décennie parmi les marchés les plus fortement en croissance derrière ceux d’Inde, de Chine et de Russie. Les experts pensent qu’une telle intensification de la pénétration des compagnies étrangères sur les marchés africains va fragiliser davantage les petites compagnies qui éprouvent déjà des difficultés pour faire face à la concurrence.

Que faire alors face à cette tempête annoncée ? Christian Folly-Kossi prône l’urgence de la consolidation des minuscules compagnies africaines. L’AFRAA suggère aux ministres des Transports de former un sous-comité pour engager des négociations avec l’Union européenne et les pays du Golfe. Selon le président du Faso, Blaise Compaoré, les compagnies africaines doivent renforcer leurs flottes par la création de nouvelles compagnies et la mise en oeuvre de la décision de Yamoussoukro (Côte-d’Ivoire), adoptée en 1999. Celle-ci porte sur la libéralisation du transport, l’amélioration de la sécurité et la sûreté dans le transport aérien et la résolution de la question des coûts exorbitants des billets d’avion.

Evoquant la volonté politique du Burkina Faso de relever les défis du transport aérien à travers des réformes susceptibles d’assurer l’efficacité de ce secteur vital pour son économie, Blaise Compaoré a déclaré que la privatisation de la compagnie Air Burkina en 2001 est un élément central de cette politique et confirme la conviction du gouvernement que l’entreprenariat privé doit jouer un rôle prépondérant pour un développement harmonieux et dynamique de l’industrie du transport aérien. Et le projet de construction d’un nouvel aéroport participe du souci gouvernemental de renforcer et de moderniser les infrastructures aéroportuaires.

Assurant les experts à ces assises que leurs propositions et recommandations pertinentes feront l’objet d’une attention particulière de la part des décideurs politiques, il a enfin suggéré à la rencontre de réfléchir sur la mise en oeuvre d’une dynamique sur deux problématiques majeures. Il s’agit d’une part de la coopération entre compagnies aériennes d’Afrique dans un esprit de saine compétition et du financement des transports aériens en Afrique d’autre part. C’est autour de ce partenariat nouveau que les compagnies africaines doivent se mobiliser main dans la main pour hisser le transport aérien à un niveau supérieur et partant de la prospérité de l’Afrique.

S. Nadoun COULIBALY (cou_nad@yahoo.fr)

Sidwaya

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