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Union européenne /Christian Aid : Un partenariat pour réhabiliter des sinistrés

Publié le mardi 25 novembre 2008 à 00h34min

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Le 2 mai 2008, l’ONG britannique Christian Aid a signé avec l’Union européenne (UE) un accord de subvention pour la mise en œuvre d’un programme d’appui aux populations sinistrées par les inondations de la saison des pluies 2007. Après le démarrage effectif des activités et pour s’assurer de leur bonne exécution, le partenaire financier a organisé les 20 et 21 novembre 2008 une visite des projets y relatifs à Dakola et à Tiébélé, province du Nahouri.

Au Burkina Faso, la campagne pluvieuse 2007-2008 a été marquée par des inondations, qui ont touché l’ensemble du territoire national, causant de nombreux dégâts matériels, notamment par la destruction des champs, des habitations, de la production agro-pastorale et même par des pertes en vies humaines dans certaines localités. La région du Centre-Sud a été l’une des plus affectées avec plus de 28 526 sinistrés.

En réponse à cette catastrophe, l’Union européenne a mobilisé des ressources financières pour un appui aux populations qui en sont victimes. A cet effet, un appel à proposition a été lancé aux ONG pour exécuter trois projets d’actions de réhabilitation postinondation et de reconstitution des capacités productives des populations des zones inondées.

La sélection des ONG s’est faite en procédure accélérée en tenant compte de l’urgence des actions à mener, avec des opérateurs spécialisés, ayant une capacité d’intervention éprouvée ainsi qu’une expérience concrète dans le domaine de la sécurité alimentaire et la réhabilitation des moyens de production et intervenant déjà dans les régions les plus affectées par ces inondations. C’est sur la base de ces critères, très sélectifs, que les ONG CISV, Christian Aid et SOS Sahel International France ont été retenues à l’issue de l’appel à proposition.

Et le 2 mai 2008, a eu lieu à la Délégation de la Commission de l’UE au Burkina Faso la signature des trois accords de subvention, dont le montant global s’élève à 3 423 766,42 euros soit plus de 2 milliards de FCFA (2 245 843 550 FCFA) ; le concours financier apporté par l’institution européenne étant de 1 929 000 300 FCFA, le reste, soit 10%, est la contribution des ONG sélectionnées.

Ce financement vient donc en réparation des dégâts causés par les inondations de la campagne agricole 2007 et de la situation alimentaire difficile consécutive à l’arrêt précoce des pluies dans différentes régions du pays.

Combinées à la hausse des prix généralisée constatée depuis fin 2007, ces difficultés risquent de poser de réels problèmes d’accès aux denrées alimentaires et de reconstitution des moyens de production (périmètres irrigués, canaux, retenues d’eau, etc.) ainsi que de relance d’activités agricoles dans les localités concernées.

Des résultats concrets

C’est pourquoi ces trois projets, chacun d’une durée de 36 mois, ont pour objectifs globaux de réhabiliter les ouvrages agro-sylvo-pastoraux affectés et de reconstituer les capacités de production et de relance des activités des personnes démunies dans les régions touchées par les inondations et exposées à l’insécurité alimentaire.

Retenue à l’issue de la sélection, l’ONG britannique Christian Aid, agence de développement des églises protestantes de Grande-Bretagne et d’Irlande créée en 1945 et présente au Burkina Faso depuis 30 ans, s’est appuyée sur ses partenaires, le Réseau MARP et SOS Sida, pour mettre en œuvre le Programme postinondation d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PPASA) dans les provinces du Zandoma et du Nahouri.

Dans le Nahouri, la mise en œuvre du PPASA est assurée par SOS Sida jeunesse mobilisée, une association qui connaît la zone et les populations en raison de ses interventions dans la lutte contre le Sida et pour la prise en charge des personnes infectées ou affectées par le VIH. Un atout de taille, qui a permis à Christian Aid d’avancer rapidement dans l’exécution des activités.

Et sept mois après le démarrage effectif du Programme, les résultats obtenus sont perceptibles sur le terrain. C’est pour en constater de visu les réalisations que l’Union européenne a initié la visite des projets dans le Nahouri les 20 et 21 novembre 2008.

Première halte, le village de Dakola, situé à 20 km de Pô. Dans ce bled de quelque 2000 habitants, des pertes en vies humaines, des inondations, des disparitions d’animaux (bovins, ovins et volaille) et de fortes détériorations des berges de la rivière Sossouè, à Bouguéré, ont été enregistrées.

Le PPASA y a débuté ses appuis en juillet 2008, et à ce jour, 20 ha de périmètres maraîchers, ont été aménagés par la réalisation de 4 puits maraîchers et des vaccinateurs volontaires villageois ont été formés pour protéger la volaille. Sur place, le représentant de l’Union européenne, Amadou Hébié, a visité les travaux de fonçage des puits, qui seront utilisés pour la culture maraîchère (piment, oignons, choux), exportable vers le Ghana voisin.

Ces réalisations sont faites par les populations elles-mêmes à travers la stratégie "Cash for Work" (Travail contre argent), qui permet aux jeunes de se faire de l’argent pour résoudre un tant soit peu les questions alimentaires ou les problèmes de subsistance de façon générale.

En 2009, les travaux d’aménagement par le CFW permettront de distribuer plus d’un million de FCFA (1 972 000 F CFA) et de former des producteurs aux techniques cultivables et à la gestion des aménagements ainsi qu’à la fertilisation des sols.

Après la sortie de terrain de Dakola, la délégation de l’UE et de Christian Aid a rencontré, dans l’après-midi, les représentants des services techniques de l’Etat qui accompagnent le PPASA, notamment les directeurs provinciaux de l’Agriculture, de l’Environnement et de l’Elevage, pour entendre leurs préoccupations, leurs suggestions quant à la gestion du Programme et aussi souhaiter leur collaboration à l’exécution des activités.

Les bénéficiaires satisfaits

Le jour 2, c’est-à-dire le vendredi 21 novembre, était consacré à la visite des sites de Kabrikogagogo, de Lo-Caloa et de Kouyou. Tous ces villages, situés dans le département de Tiébélé, ont connu les inondations d’octobre 2007, et bénéficient, de ce fait, de l’appui du PPASA.

Tout comme à Dakola, des dégâts majeurs y ont été enregistrés : inondation des champs, destructions d’habitations et pertes énormes d’animaux (bovins, ovins et volaille). Pour réhabiliter les populations, le Programme a mené des activités de restauration des sols dégradés, par la réalisation de plusieurs hectares de cordons pierreux, la formation des vaccinateurs villageois volontaires, la promotion des filières niébé et sésame en accompagnant l’organisation des producteurs en groupements et la réalisation de champ école au profit des groupements féminins et masculins.

Les résultats du PPASA sont visibles sur place, les bénéficiaires s’en disent satisfaits. Et naturellement, les populations ont exprimé leur joie à Jérémie Ouangraoua de Christian Aid, à SOS Sida et à Amadou Hébié de l’Union européenne, dont l’institution a délié les cordons de la bourse pour leur venir en aide en des moments de tristesse et de désespoir. Elles ont également saisi l’opportunité pour soumettre des doléances (manque d’infrastructures routières, de dispensaire, etc.).

Sans s’aventurer dans des promesses, le représentant de l’UE leur a demandé de s’approprier d’abord le PPASA et de faire en sorte que toutes les activités qui sont en train d’être mises en œuvre soient une réussite. C’est à ce seul prix que leurs besoins pourront être satisfaits par l’entremise d’autres initiatives ou programmes de développement local.

A la fin de la tournée, une cérémonie a été organisée à Tiébélé en présence du haut-commissaire du Nahouri pour remettre du matériel de travail d’aménagement d’une valeur de plus de 13 millions de F CFA aux 11 villages d’intervention du Programme.

Au regard de l’exécution du PPASA sept mois après le démarrage des activités, Amadou Hébié de l’UE, visiblement très attaché à la qualité avec ses questions pointilleuses pour tout comprendre, s’est dit satisfait du travail abattu et espère que les objectifs visés seront atteints d’ici à avril 2011, fin du PPASA.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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