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GUINEE BISSAU : Les chemins incertains de la démocratie

Publié le lundi 24 novembre 2008 à 00h17min

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Joao Bernardo Vieira

La Guinée Bissau est décidément un pays où le meilleur et le pire en politique se côtoient. A peine les observateurs ont-ils fini de lui décerner des satisfecits pour la bonne organisation des élections législatives, que des bruits de bottes se font entendre . Dimanche dernier, soit une semaine après un scrutin jugé démocratique, le pays a renoué avec les démons de l’instabilité avec l’attaque perpétrée contre la résidence du chef de l’Etat, Joao Bernardo Vieira. Qui sont les assaillants et que veulent-ils ?

Un flou total continue d’entourer les motivations de cette opération. Toujours est-il que cette attaque, d’où qu’elle vienne, jette une ombre sur un pays qui tente péniblement de relever des défis colossaux auxquels il fait face dont la démocratisation, le développement et la lutte contre le trafic de la drogue. Mais, il faut surtout craindre que cette agression ne soit une opportunité pour les ennemis de la démocratie, pour mettre un coup de frein au processus en cours. Dans le camp présidentiel notamment, la défaite aux dernières législatives peut être une couleuvre difficile à avaler pour certains faucons.

Il faudra constituer un gouvernement de cohabitation, avec probablement le retour aux premières loges de l’ex-premier ministre Carlos Gomes Junior, que le président ne porte pas dans son coeur. Les derniers incidents peuvent donc servir de prétexte par ces mécontents pour rejeter les résultats des urnes ou, à tout le moins, retarder leur publication . En effet, les résultats provisoires du scrutin ont donné l’ancien parti unique, le PAIGC, vainqueur avec 67 sièges sur 100. Et comme tout le processus s’est déroulé sous les yeux vigilants des observateurs, il était difficile de remettre en cause le verdict des urnes. Le camp présidentiel ne pouvait que ruminer sa défaite, par dépit et impuissance. La Guinée Bissau est en effet très arriérée économiquement, ce qui la rend dépendante de l’extérieur.

Déjà, au sein de l’UEMOA(Union économique et monétaire ouest-africaine), elle est soutenue à bouts de bras par une communauté dont elle est la plus fragile des membres. A cette pauvreté chronique, est venue se greffer, récemment, le nouveau cancer de la drogue que le pays aura du mal à combattre seul. Dans un pays aussi dépendant, surveillé de très près par ses voisins et la communauté internationale, le pouvoir a une marge de manoeuvre très limitée. Il ne peut agir à sa guise, sauf à profiter d’événements exceptionnels comme une tentative de coup d’Etat, pour tenter de verrouiller le processus démocratique. Mais, on ose espérer que les dirigeants bissau-guinéens n’en arriveront pas à cette extrémité.

Au contraire, les législatives du 16 novembre dernier, qui ont été saluées par l’ensemble des observateurs, doit être un tremplin qui placera définitivement le pays sur la voie de l’Etat de droit. Il appartient donc au président Vieira de transcender les vélleités de remise en cause du processus en cours qui pourraient surgir avec la tentative de putsch. C’est de sa capacité à gérer convenablement ces moments certes difficiles, mais à ranger dans le registre des accidents de parcours, que l’on jugera la véritable volonté du pouvoir d’ancrer définitivement la Guinée Bissau sur un socle démocratique solide.

Par Mahorou Kanazoe

Le Pays

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