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RENFORCEMENT DE LA MONUC : La fin de l’impuissance onusienne ?

Publié le lundi 24 novembre 2008 à 00h17min

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La MONUC dispose désormais de 20 000 soldats en RDC. Pour préparer la guerre ou contraindre les belligérants à faire la paix sous la gouverne de la communauté internationale ? En tout cas, les perspectives sont sombres. En effet, le général rebelle Nkunda soutient que ces renforts ne sont pas nécessaires pour assurer la sécurité dans la région. En outre, il y a risque d’internationalisation du conflit : l’Angola se prépare à voler au secours de Kinshasa. Les rebelles, eux, seraient soutenus par le Rwanda.

C’est à croire que l’arrivée des renforts et le redéploiement prochain des forces de la MONUC traduisent un certain désarroi au sein de la communauté internationale. L’ambiance est vraiment délétère au pays du "ndombolo" et de la "rumba". Au fur et à mesure que l’écheveau onusien se met en place, Kabila et Nkunda se regardent en chiens de faïence. Dans leurs camps respectifs, les stratèges fourbissent les armes. C’est qu’en dépit des efforts, beaucoup d’ambiguïtés transpirent du mandat de la MONUC. Les uns voudraient voir les forces coalisées imposer la paix et abréger les souffrances de la population. Cela, quels qu’en soient le temps, les moyens et le prix. Les autres pencheraient davantage pour une force servant exclusivement de tampon entre les antagonistes.

Longtemps, la situation a suscité des interrogations, notamment sur la pertinence d’envoyer du renfort, le profil des intervenants, les moyens à mobiliser. Parmi les réponses : la nécessité du cessez-le-feu, l’arrêt des massacres et la reprise des négociations. Mais la MONUC new look pourrait-elle faire mieux ? Bien identifier les racines permet de venir à bout du mal. Mais celui-ci est très profond et il apparaît aujourd’hui que le bout du tunnel est encore loin. En effet, le manque de volonté des belligérants d’aller à la paix est manifeste.

Nkunda critique l’arrivée des renforts au moment où son supposé protecteur, le président Kagamé du Rwanda, discute avec les Occidentaux. Kabila, lui, s’assure du soutien de Luanda. On ignore combien de soldats angolais viendront épauler l’armée congolaise qui n’en est pas une. Avec le récent limogeage de son chef d’état-major, une réorganisation doit être en cours, qui occupera un moment les défenseurs du régime. On a de la peine à croire que malgré le soutien de la communauté internationale, le président Kabila peine toujours à asseoir son autorité sur l’ensemble du territoire. S’il a du mal à s’occuper de ses soldats qui désertent, pillent, violent et tuent, qu’en est-il donc de la gestion des cadres devant recoller les morceaux du puzzle ?

Son inaptitude est-elle à mettre au compte du pouvoir acquis un peu trop facilement ou au compte de l’héritage du mobutisme ? Kabila semble décidé à revoir de fond en comble son armée. Mais le nouveau chef d’état-major pourra-t-il faire mieux ? Une armée mal nourrie, mal équipée et corrompue ne peut qu’enregistrer des déroutes. Seul satisfecit à verser au dossier de l’armée congolaise de Kabila fils : elle n’a pas encore pillé les boîtes de conserve de la MONUC. Mais pour combien de temps encore ? Les gouvernants africains n’ont toujours pas compris que la vraie sécurité passe par la démocratie, le respect des principes républicains, et surtout les réponses appropriées à la demande sociale. La paix et le dialogue sont pourtant indispensables en RDC. Dans les zones "en paix" ou provisoirement épargnées, la sécurité individuelle et collective est peu assurée.

A ce propos, on ne dénoncera jamais assez l’inertie des autorités de Kinshasa face aux brimades, au harcèlement et au pogrom dont sont victimes nos confrères. C’est une forme de génocide pour laquelle la communauté internationale devrait interpeller les autorités de la RDC. Il est temps de sévir. Temps pour la communauté internationale d’ouvrir un véritable dossier sur ces prédateurs de la presse africaine qui bénéficient le plus souvent du silence coupable et de la complicité de certains gouvernants. Qu’on exige des enquêtes indépendantes et qu’on institue un tribunal international. La démocratie reculera, et le progrès avec, si la communauté internationale continue de se taire devant ces barbaries d’une autre époque. En RDC en particulier, assassinats des journalistes et viols de femmes sont devenus chose banale. Un rituel s’observe désormais : des populations en débandade, la peur au ventre, les yeux hagards, presque rien dans le baluchon, arpentant pistes et sentiers à la recherche d’un peu de quiétude et de réconfort. Jusqu’à quand le calvaire devra-t-il se poursuivre ? Pourquoi ?

Où en est-on avec le devoir d’ingérence humanitaire ? Les Congolais doivent se convaincre qu’ils ne vivent pas une fatalité. Autant ils savent chanter et nous faire danser, autant ils doivent nous prouver qu’ils aiment vraiment leur pays, et sont bien capables de se retrouver pour combler le lourd retard qu’ils accumulent sur le chemin du développement. Les autres avancent, et il faut savoir faire la paix et dialoguer. En ouvrant un tout petit peu leur cœur, en se parlant, ils mettront certainement fin à la détresse de leurs propres parents. Avec le concours des autres.

"Le Pays"

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