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QUESTION A QUI DE DROIT : "M. le Premier ministre, où est notre terrain de sport ?"

Publié le jeudi 20 novembre 2008 à 23h20min

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Spoliation de la population de la sous-section 3 du secteur 30 de son seul terrain de sport. C’est ainsi que Nobila Franck Ouédraogo a titré initialement cette lettre ouverte qu’il a adressée au Premier Ministre. Comment peut-on déposséder ainsi une communauté de son espace de sport ? Question à qui de droit.

Monsieur le Premier ministre, le lotissement de 1985 attribuait à la sous-section 3 du secteur 30 de Ouagadougou deux terrains de sport et quatre à cinq espaces verts au regard de l’étendue du quartier d’une part, et de la population attendue d’autre part. Mais au jour d’aujourd’hui, ces différents espaces ont changé de destination ; s’ils n’ont pas servi à la construction de mosquées, ils sont récupérés pour l’érection d’écoles ou pire encore réattribués à des populations pour usage d’habitation dans des conditions mafieuses que seules les autorités municipales de Bogodogo peuvent vous expliquer.

Aujourd’hui, au lieu de tout ce patrimoine, on ne retrouve dans cette sous section, qu’un seul terrain de sport (lot 12, section PC, secteur 30) pour une population dont l’accroissement devient de plus en plus inquiétant. C’est donc le seul terrain de sport où toute la population du quartier sans distinction d’âges et de catégories (riches / pauvres, vieux / jeunes, hommes / femmes, etc.) peut s’adonner véritablement à la pratique du sport.

En attribuant autant d’espaces de divertissement (terrain et d’espaces verts) à la population de la sous-section 3 du secteur 30, les responsables du lotissement de 1985, dans un souci de prévision, avaient certainement tenu compte de cette démographie galopante et aussi de l’utilité du sport pour le développement psycho-social de l’homme. Malheureusement, ce flair prévisionniste et ce souci de voir la population s’épanouir dans un cadre approprié, fait énormément défaut aux autorités municipales actuelles de Bogodogo qui en décidant d’ignorer le droit des populations à la pratique du sport, ont attribué le seul terrain de sport qui lui restait à une association (Fan Barceloniste de Ouagadougou : FABAO) afin qu’elle y investisse et mène ses activités.

Nous n’allons pas revenir sur le fait qu’une association demeure une institution avec des objectifs bien précis qui ne vont pas forcément de pair avec ceux de tous les habitants d’un espace donné. Alors, même si les objectifs évoqués sont « supposés nobles », attribuer à une association un espace réservé au public, c’est causer du tort à une bonne partie de la population pour qui la pratique du sport demeure capitale et légitime. On nous fait croire que l’association a obtenu des financements venant de l’extérieur pour la réalisation de son projet. Monsieur le Premier ministre, je sais que vous conviendrez avec moi que ce n’est pas parce qu’un financement vient de l’extérieur qu’il faut brimer la population locale dans son droit élémentaire.

Alors, si la Mairie de Bogodogo veut aider ses amis de l’association FABAO, qu’elle lui trouve un espace de sport ailleurs dans son arrondissement au lieu de spolier la pauvre population de l’unique espace de sport qui lui reste. De même, on nous fait croire que cette association veut investir pour l’épanouissement des « enfants en risque d’exclusion sociale » . Qui de la Mairie de Bogodogo ou de l’association FABAO peut nous dire réellement ce que renferme ce concept « enfants en risque d’exclusion sociale » ? Et comment peut-on mesurer son ampleur ? Aujourd’hui la ville de Ouagadougou s’accroît à une vitesse exponentielle aussi bien au niveau de son espace qu’au niveau de sa population. Il est certes bon de penser au bâti qui fait beau à voir, mais il n’est pas mauvais de penser maintenant à la prévention des maux que pourraient provoquer cette croissance effrénée de la population urbaine, au risque de voir des fous et des désœuvrés à tout bout de champ.

L’une des solutions aux maux sociaux, nous en sommes convaincus, est la pratique du sport qui permettrait de faire face aux dépressions nerveuses susceptibles d’être engendrées par le phénomène urbain. C’est d’ailleurs ce que vous ne cessez d’évoquer, de façon implicite ou explicite, lors de vos différentes interventions sur la pratique du sport. Monsieur le Premier Ministre, nous voudrions donc solliciter votre intervention en tant qu’autorité suprême, afin que vous mettiez fin à la dérive des autorités municipales de Bogodogo : que le seul terrain de sport de la sous-section 3 ne soit pas bradé et que le droit à la pratique du sport par tous soit une réalité dans notre zone. Dans l’espoir d’une suite favorable à notre sollicitation, veuillez accepter Monsieur le Premier ministre l’expression de nos sentiments les plus respectueux.

Ouédraogo Nobila Franck Un résident indigné de la Sous-section 3 du secteur 30 de Ouagadougou

Le Pays

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