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CRISE FINANCIERE ET GOUVERNANCE MONDIALE : Hermann Yaméogo dénonce "l’indifférence" des chefs d’Etat africains

Publié le jeudi 20 novembre 2008 à 01h39min

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L’UNDD (Union nationale pour la défense de la démocratie), un parti d’opposition, a été très offensive sur la question de la crise financière internationale, en demandant que les dirigeants africains établissent un agenda pour faire face à la crise. Après le sommet du G 20 tenu le week-end dernier à Washington, son président, Me Hermann Yaméogo, exprime des sentiments mitigés, entre la déception d’une marginalisation de l’Afrique, et la satisfaction de voir que des mesures importantes ont été prises. Extraits d’un entretien à bâtons rompus.

La démarche suivie par les grands pays pour réformer la gouvernance mondiale n’est pas celle qu’aurait souhaitée Me Hermann Yaméogo, président de l’UNDD (Union nationale pour la défense de la démocratie). Lui aurait voulu que l’on procède par des "consultations pyramidales à partir des différents pays, des institutions nationales pour arriver au sommet". Les Occidentaux ont préféré aller rapidement et droit au but en réunissant seulement 20 pays de la planète pour le sommet de Washington. "En définitive, on reste toujours dans la même philosophie de domination et de gestion tutélaire du monde par quelques pays", déclare-t-il, quelque peu amer.

En cela, il met à l’index les chefs d’Etat africains, pour leur "double indifférence" : indifférence par rapport aux retombées de la crise sur le continent ; incapacité d’arrêter des politiques communes sur la crise. Mais tout n’est pas que sombre dans le bilan de la réunion du G20, selon le président de l’UNDD. Ce fut pour lui "une réunion de décantation, d’esquisse des grandes lignes des mesures à prendre, de projections sur ce que seront les prochaines réunions". Hermann Yaméogo considère que ces conclusions à elles seules battent en brèche l’argument désormais caduc selon lequel l’Afrique n’avait rien à faire à Washington, parce que située à la périphérie de l’économie mondiale.

Il s’en explique en ces termes : "Dire que les Africains n’auraient rien à y faire, c’est comme si on disait que dans la gouvernance d’une nation, les pauvres, les travailleurs à bas revenus, ne pouvaient pas voter, être réprésentés dans les municipalités, au parlement, être élus présidents de la république". Et maintenant, que doivent faire les Africains dans la perspective de la suite du processus ? Réponse de l’opposant burkinabè : "Nous proposons , dans les plus brefs délais, une réunion des chefs d’Etat africains pour arrêter un agenda, s’entendre sur qui va composer la délégation, pour y demander quoi, pour empêcher quoi, avec l’obligation d’en rendre compte aux peuples d’Afrique". Au plan national, l’UNDD souhaite que le gouvernement prenne des mesures conservatoires pour redynamiser l’économie et préparer les Burkinabè à faire face aux conséquences économiques de la crise financière. Parmi ces mesures, elle propose la diminution du prix du carburant à la source, compte tenu de la baisse des cours mondiaux.

Par Mahorou KANAZOE


Pensées secrètes

En dehors de la crise financière, Me Hermann Yaméogo a sa petite idée sur certains autres sujets d’actualité nationale et internationale dont voici un florilège.

. Réagissant au drame survenu le 15 novembre dernier à Boromo et ayant entrainé la mort accidentelle d’une soixantaine de personnes, le président de l’UNDD dont le parti a déjà exprimé ses condoléances et sa solidarité aux familles éplorées, dit ressentir "une très profonde tristesse et une sympathie pour tous ceux qui ont perdu un parent, un ami". Il souhaite qu’un deuil soit décrété ne serait-ce qu’à l’échelle provinciale et qu’une commission d’enquête "sérieuse" soit mise en place pour situer les responsabilités.

. Où en est la Refondation dont il est l’une des têtes de proue ? Réponse du président de l’UNDD : "Nous avons consulté un large panel des catégories socioprofessionnelles et cadres politiques, et le sentiment général qui est ressorti, c’est une adhésion au principe d’un dialogue refondateur, républicain et inclusif. Une adresse a été en conséquence adressée au chef de l’Etat avec un rapport desdites conclusions. Nous sommes dans l’attente d’une réponse."

. La démocratie consensuelle dont il est le chantre est, aux yeux de Me Yaméogo, toujours d’actualité. Il estime que l’histoire lui donne d’ailleurs raison, avec l’ouverture faite par Sarkozy en France et celle envisagée par Obama aux Etats-Unis.

. Le président du parti de la panthère a vécu de façon particulière l’élection de Barack Obama. Ses enfants qui vivent aux Etats-Unis lui ont conté par le menu les péripéties du scrutin. Pour Me Yaméogo, "cette victoire ne se voit pas seulement sous l’angle de la couleur de la peau ; c’est un moteur qui va permettre à l’Amérique de se régénérer et au monde d’en faire de même". Cette élection coincide avec la réussite au prestigieux concours d’avocat au Barreau de New York, d’une des filles de Me Hermann Yaméogo.

. Pourqoui le 11 décembre marquant le cinquantenaire de l’indépendance ne serait-il pas célébré à Koudougou ? L’UNDD en tout cas penche pour cette formule, en raison du fait que cette ville est celle qui a vu naître le père de l’indépendance, Maurice Yaméogo. Le hic, c’est que le choix des commémorations de 2010 a déjà été porté sur la ville de Bobo-Dioulasso.

. La situation en Côte d’Ivoire est suivie de près par l’UNDD. Les positions de son président, au plus fort de la crise, lui avaient d’ailleurs valu les foudres du pouvoir burkinabè. Aujourd’hui, Me Hermann Yaméogo estime avoir appelé dès le début au dialogue direct. L’évolution du processus, en dépit de "quelques toussotements", lui convient donc. "Nous sommes sur la bonne voie ; le retour en arrière est impensable", déclare-t-il.

. Sur la situation nationale, Hermann Yaméogo garde son mordant : "La vie politique, économique et sociale continue sa lente décadence. La corruption, malgré les satisfecits, est loin d’avoir été découragée et la justice peine toujours à retrouver ses équilibres" .

Rassemblé par M.K.

Le Pays

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