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Remise de Saddam au gouvernement irakien : Un colis bien encombrant

Publié le jeudi 1er juillet 2004 à 08h08min

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C’est le dimanche 14 décembre à l’aube que l’ancien dictateur de président irakien, Saddam Hussein, a été capturé à Tikrit, son fief au nord de Bagdad, par les forces américaines. Cela s’était passé pendant son sommeil dans une maison. Une explosion de joie avait accueilli cette capture.

On se rappelle, Saddam Hussein, âgé de 66 ans, avait vu sa tête mise à prix par les Etats-Unis pour 25 millions de dollars. Depuis la chute du régime de Saddam en avril, l’armée américaine était aux trousses de l’ancien dictateur. Deux de ses fils, Oudaï et Qoussaï, ont entre-temps été tués le 22 juillet 2003, lors d’un raid à Mossoul. Saddam, arrivé au pouvoir en 1979, n’a, jusqu’à son déclin, cessé de sévir contre les Kurdes et les Chiites, et en faisant la part belle aux Sunnites, dont il fait partie.

Il a aussi livré un combat sans merci contre l’Iran pendant 8 ans, à travers une guerre particulièrement meurtrière. Au Koweït voisin, il a géré un enfer 7 ans durant avant d’être chassé par une coalition qui avait à sa tête les Etats-Unis. Hier mercredi 30 juin 2004, Saddam Hussein et onze anciens hauts responsables de son défunt régime sont passés sous l’autorité du gouvernement irakien. Ce transfert intervient au lendemain d’un autre (presque dans la discrétion la plus totale), celui des pouvoirs à l’Irak.

La remise de Saddam au gouvernement irakien est à percevoir comme celui d’un colis hautement encombrant. Colis d’autant plus encombrant que sa remise intervient presqu’au même moment que la fin de la tutelle administrative américaine. Il y a aussi que Saddam, autrefois, fut le partenaire de ceux qui, aujourd’hui, le rejettent. Il a donc été refilé aux Irakiens par les Américains parce qu’en fait ceux-ci ne savent plus quoi en faire. L’ex-administrateur civil en Irak, Paul Bremer, a remis les pouvoirs dans les mains du gouvernement irakien le jour même de sa fête patronale, parce qu’il était pressé.

Il a immédiatement pris l’avion pour les USA. A peine avait-il quitté l’Irak qu’il a tout de suite été remplacé par l’ambassadeur John Negroponte, qui y a déposé son baluchon. Avec la remise des pouvoirs et de Saddam Hussein aux autorités gouvernementales irakiennes, c’est une nouvelle étape qui vient d’être franchie : il s’agit du rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Irak, des relations d’Etat à Etat. Pour ce qui est du transfert de l’ancien homme fort de Bagdad aux autorités de son pays, il faut dire que cela revêt tout un symbole.

C’est un symbole parce que l’ancien président irakien, bien que remis aux siens, restera physiquement sous la garde de l’armée américaine. Il va, ainsi que ses onze lieutenants d’infortune, intégrer une nouvelle prison en attendant son jugement dans quelques mois. Il sera jugé, oui, mais par qui ? Qu’est-ce qu’il pourra dire pendant son procès ? Va-t-il faire des révélations, cracher à la face de ses amis d’hier, aujourd’hui ses détracteurs ?

De sources proches du ministère de la Justice irakien, on apprend que Saddam Hussein sera présenté ce jeudi 1er juillet à un tribunal spécial pour être inculpé. Si sa culpabilité est établie, il risque la peine capitale. Va-t-on réserver à l’ex-dictateur le même sort qu’il a infligé à ses victimes jadis ? Ne serait-t-il pas plus indiqué de le laisser en vie pour qu’il voie lui-même où il devait conduire son peuple ?

L’Observateur Paalga

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