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Guinée-Bissau : Vote tranquille dans l’antre des dealers

Publié le mardi 18 novembre 2008 à 01h32min

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Les Bissau-Guinéens ont fait le dimanche 16 novembre dernier le plein des bureaux de vote à la faveur des élections législatives. Quelque 600 000 votants (70 à 80% de taux de participation) ont pris d’assaut les urnes pour élire leur centaine de représentants à l’hémicycle. C’est vrai qu’un scrutin législatif est devenu un épiphénomène, mais, dans ce cas précis, et ce qui est remarquable pour cette ex-colonie portugaise, c’est surtout le calme et l’ordre qui ont régné lors de cette journée électorale.

Tout le monde a en effet reconnu que cette consultation fut propre comme on le dit dans le jargon familier. Il n’y a pas eu de tambouille entre les partis en lice, encore moins des urnes bourrées çà et là. Dans ce pays où le relief constitue une véritable adversité, tout s’est bien passé. On sait généralement que c’est lorsque le matériel et les résultats doivent être acheminés dans les villages enfouis sous les palmeraies et autres îles (en pirogue, s’il vous plaît) que le danger du tripatouillage est grand. Mais là, fort heureusement, rien à signaler, pas le moindre incident.

On a encore en mémoire cette image qu’il a été donné de voir lors de la présidentielle qui a porté au pouvoir Faure Eyadema, où des policiers fuyaient avec des urnes. Et c’est même devenu la mode un peu partout en Afrique, les lendemains des élections sont le lieu de toutes les tergiversations et des tracasseries politiques.

La preuve la plus récente et qui est toujours d’actualité, c’est le cas zimbabwéen. Tout le monde est unanime pour dire que la victoire a été volée à Morgan Tsvangirai. Le Cameroun nous avait donné ce triste constat lors des législatives et municipales de juillet 2007, où dans le fief du président Paul Biya, le nombre de votants était supérieur à celui des inscrits.

La situation kenyane d’il y a une dizaine de mois est aussi édifiante, car Mwai Kibaki a visiblement torpillé son adversaire, Raila Odinga. Et que dire du voisin guinéen (Conakry), dont le président, même malade, refuse de lâcher prise.

Le moins que l’on puisse affirmer est que le cas bissau-guinéen est encourageant pour toute l’Afrique. Cela montre que dans cette jungle de fossoyeurs de la démocratie et de tripatouilleurs invétérés de scrutins, il y a encore des Etats dont la hauteur et la maturité politique forcent l’admiration. C’est tout à leur honneur.

Et c’est de ça que notre chère Afrique a besoin. Le message de la Baule ne doit pas conduire à une mise en scène pour fariner la communauté internationale et légitimer des régimes impopulaires, mais à une vraie ouverture à la démocratie participative, dans laquelle le peuple est le seul arbitre du jeu. Mais c’est sûr que ce n’est pas demain que toute l’Afrique et surtout nos roitelets feront leur cette leçon.

Peu importe qui sortiront vainqueur de cette consultation. Le plus dur commence maintenant pour ce pays qui, après la mise en place d’un Etat de droit, devra s’attaquer au trafic de la cocaïne. Le combat contre le narcotrafic dans cette colonie lusophone d’Afrique de l’Ouest en mal de développement depuis des décennies doit s’accélérer, car, tristement, elle est en train de se transformer peu à peu en narco-Etat.

La reconstruction de ce pays en dépend. Et avec l’espoir de stabilité politique qui se dessine peu à peu, cette république de quelque 1,3 million d’habitants, dirigée par Joao Bernardo Vieira, peut à coup sûr entamer le processus de son épanouissement socio-économique.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga

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