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Blaise Compaoré aux 3es journées européennes : “Entre amis nous nous devons de nous dire la vérité”

Publié le mardi 18 novembre 2008 à 01h33min

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A grands évènements, grandes personnalités, grands discours, telle pourrait se résumer l’ouverture officielle samedi 15 novembre dernier des 3es journées européennes du développement à Strasbourg en Alsace. Ainsi du 15 au 17 novembre derniers, la capitale de l’Alsace a réuni un nombre impressionnant de personnalités venues du monde universitaire, du secteur privé ou des médias, pour un échange d’expériences. Après un séjour de deux jours en Alsace, le président Compaoré se trouve présentement à Paris où il doit être reçu à l’Elysée.

Simple fait du hasard, nous avons eu déjà le privilège d’assurer la couverture pour notre publication des premières journées européennes du développement à Bruxelles en novembre 2006 et l’évènement fut on ne peut plus grandiose, avec la présence de grosses pointures du monde politique et associatif avec ces sempiternels couacs entre la sécurité et les hommes de médias, chacun cherchant à faire au mieux sa tâche.

Cependant, en dépit du nombre croissant de participants d’année en année, ce qui n’est pas toujours aisé à gérer, il est à penser qu’au strict plan organisationnel, les journées européennes du développement se bonifient.

Hormis les quatre chefs d’Etat présents à la cérémonie, c’est plus de 3000 personnes provenant de 1200 organisations (administration, société civile, organisations internationales) qui ont fait le déplacement de Strasbourg, le siège du parlement européen.

Dans la vaste salle du Palais des congrès et de la musique de Strasbourg, se tenaient en bonne place les présidents Amadou Toumani Touré du Mali, Marc Ravalomanana de Madagascar, Boni Yayi du Bénin et Blaise Compaoré. Et parmi la nombreuse suite de personnalités, citons pèle-mêle :

Louis Michel de l’UE, Abdou Diouf de l’OIF, Wangari Maathai, prix Nobel de la paix 2004, le Gabonais Jean Ping de l’UA, les maires de Dar-es-Salam, de Hararé, de Ouagadougou, de Fada N’Gourma, de Garango, de Réo ... et naturellement des personnalités françaises, hôtes des présentes rencontres.

Afin de rendre plus efficace l’aide au développement de l’UE, ces journées se veulent le symbole de la volonté de l’Europe de sensibiliser l’opinion publique aux questions de coopération et de développement. De l’avis du commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire, Louis Michel, ces journées constituent un véritable laboratoire informel visant à favoriser les impulsions de nouvelles initiatives.

Et ces jours de débat à Strasbourg ne sont autres que le point de convergence des différentes réflexions sur la coopération et le développement. Mieux, pour lui, la présence effective des différentes personnalités reste un gage de crédibilité aux débats ou discussions politiques qui auront pour conséquences de fixer les objectifs.

On se souvient que les précédentes éditions avaient permis de rassembler un nombre appréciable de personnalités venant d’horizons divers, ce qui avait permis d’obtenir des rencontres extrêmement riches en termes d’échanges. Pour la présente édition, le comité d’organisation a tenté d’étoffer un peu plus l’évènement en diversifiant les espaces d’expression de ces journées.

C’est ainsi que des manifestations socioculturelles (expositions, salons, ateliers, festivals, concerts…) ont été initiées dans le but d’intéresser le grand public pour mieux le sensibiliser.

Mieux, ces 3es rencontres ont eu le mérite de discuter autour de la dimension locale de la coopération au développement et de la mise en œuvre des objectifs du millénaire pour le développement. Et les aménagements à réaliser concernent les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’eau potable.

Ce sont des secteurs qui relèvent de plus en plus de la responsabilité des pouvoirs publics. Cependant, comme l’a si bien noté Louis Michel, leur action est contrainte par le manque de ressources financières disponibles ou accessibles à l’échelle locale et la faiblesse des capacités techniques et humaines pour assumer ces nouvelles compétences.

Et il est pourtant de l’intérêt de tous de fournir ces services dont les usagers sont non seulement des clients ,mais aussi des citoyens et des électeurs. Intervenant lors de la cérémonie, le président Blaise Compaoré dira que depuis novembre 2007 à Lisbonne, notre planète a connu des évènements majeurs. Des grands établissements financiers que l’on croyait très solides se sont subitement retrouvés en difficulté, certains s’étant même retrouvés à la faillite.

S’agissant spécifiquement des pays africains, poursuivra le président Compaoré, "l’on pourrait penser à première vue qu’ils sont à l’abri des effets de contagion directe qui se transmettent par le biais des systèmes financiers. Cet optimisme se fonde sur le fait que les banques qui ont montré leur vulnérabilité en Amérique et en Europe ne détiennent pas d’importants actifs bancaires en Afrique.

Mais ne nous faisons pas d’illusions : bien que les risques de faillite bancaire soient pour l’instant limités, on note ces dernières années que les crédits immobiliers ont augmenté de plus de 20% par an dans certains de nos pays. Par conséquent, la crise pourrait aussi affecter indirectement les pays africains où les banques font substantiellement recours au crédit extérieur".

Pour le président Compaoré, qui se voulait l’avocat des pays en développement, étant entre amis, il faut bien se dire quelques vérités. Ainsi pour le chef de l’Etat, la crise financière et la récession en occident, ne doivent pas servir de prétexte pour réduire l’aide au développement.

De plus, la récession qui s’annonce ou qui est déjà visible dans plusieurs pays occidentaux pourrait se traduire pour eux par des difficultés budgétaires et une réduction de l’aide publique au développement.

Et il est à craindre, estime le chef de l’Etat, que les flux de capitaux extérieurs vers l’Afrique déjà plus faibles que vers d’autres régions du monde diminuent et cela est d’autant plus inacceptable que l’extraordinaire rapidité avec laquelle des sommes considérables ont été mobilisées pour recapitaliser les banques et soutenir les entreprises en difficulté montre bien que les ressources ne constituent pas une contrainte majeure.

Voilà qui est dit et qui mérite d’être médité et comme l’a laissé entendre l’année dernière à Lisbonne le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, il faudra bien un jour dépasser le schémas anachronique et appauvrissant "donateur bénéficiaire" pour s’engager dans une relation adulte, responsable entre des partenaires qui se respectent et qui font du dialogue politique la base d’un partenariat efficace et concret pour avancer vers les objectifs du millénaire pour le développement.

Et en attendant de rentrer au bercail jeudi prochain, Blaise Compaoré devait en principe être reçu demain mercredi, à l’Elysée, par Nicolas Sarkozy.

De Paris

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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