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ACCIDENT SUR L’AXE OUAGA-BOBO : L’Etat, premier garant de la sécurité routière

Publié le lundi 17 novembre 2008 à 00h28min

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Le Burkina est endeuillé depuis samedi dernier par l’un des plus graves accidents routiers de son histoire. Les médias du monde entier s’en sont fait l’écho, preuve qu’il ne s’agit pas d’un accident banal. 66 morts sur le coup, c’est un chiffre macabre que l’on a plus coutume de dresser lors de crashs d’avion que de collusions sur terre entre des véhicules.

Dans son communiqué, le gouvernement a posé toute la problématique des accidents qui surviennent sur les routes du Burkina : "Ce drame qui vient hélas allonger la liste des victimes, interpelle chacun d’entre nous sur le respect scrupuleux du code de la route". Après les larmes de douleur et de compassion, il faudra en effet tirer les conséquences de cette hécatombe survenue sur l’axe Ouagadougou-Bobo Dioulasso.

S’il est reconnu que les transporteurs de voyageurs et de fret outrepassent allègrement le nombre de passagers ou le poids autorisés, force est de constater que le système bénéficie du laxisme des autorités. Si ces deux véhicules avaient été arrêtés par des agents de sécurité consciencieux pour entorse au code de la route, si on avait ramené leur chargement à des proportions normales, le drame, même s’il était peut-être inévitable-l’erreur humaine aidant-aurait pu être moins meurtrier. Dans nos pays, on s’en remet à Dieu dans toute entreprise. Ce n’est pas une mauvaise chose. Mais le facteur humain dans la survenue de certains drames est si évident, qu’on peut les éviter si tant est que les dispositions idoines soient prises en amont. Mais pourquoi les forces de l’ordre commises au contrôle de la régularité des transports laissent-elles les dérives se commettre ? Manque de moyens et de personnel, simple négligence ou effets de la corruption ? "Ce drame interpelle chacun d’entre nous", dit le gouvernement.

Sur les forces de l’ordre, il y a sans doute beaucoup à dire. Si l’on ne peut exclure des défaillances liées à l’insuffisance des moyens de contrôle, force est de reconnaître que la corruption est un fléau qui nourrit l’insécurité routière. Toutes les enquêtes sont unanimes sur le manque de rigueur de certains agents qui succombent facilement à la tentation de l’argent facile. Et le phénomène, transfrontralier, est propre à toute l’Afrique de l’ouest. Récemment, un journaliste ghanéen qui a pris la route Téma-Ouagadougou, a pu vérifier à quel point le racket est institué en règle de gestion sur le corridor. Le titre de son article en dit long sur ce qu’il a pu observer : "Un policier menace un chauffeur "têtu" : "Paie ou je te tuerai". Policiers et gendarmes véreux exigent des pots de vin dans un langage fleuri. Il faut donner de quoi acheter de l’"eau", de la "cola" ou de la "cigarette".

Et même lorsque les conducteurs sont en règle tant du point de vue de la qualité du véhicule, de la charge autorisée que des documents administratifs, il est souvent obligé de lâcher un billet de banque subrepticement glissé dans le lot de documents remis aux agents pour vérification. Toute l’Afrique de l’ouest est gangrenée par cette pratique de la petite corruption sur les axes routiers à laquelle le Burkina n’échappe pas. Et tant qu’elle sera tolérée par les autorités, il est évident que toute mesure d’assainissement du secteur des transports routiers est vouée à l’échec. Rien ne sert de verser des larmes en cas d’accident, de promettre des mesures rigoureuses contre les chauffards et les transporteurs cupides, s’il faut continuer à se voiler la face sur le rôle néfaste de la corruption dans les menaces contre la sécurité routière.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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