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5e édition du festival « Triangle du Balafon » : Le sacre du Burkina Faso

Publié le jeudi 13 novembre 2008 à 03h57min

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La 5e édition du festival international « Triangle du Balafon » a eu lieu du 7 au 9 novembre 2008 à Sikasso, la 3e région administrative du Mali. Initiée par le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, cette manifestation culturelle placée sous le thème « le Balafon : place et rôle dans les relations sociales » a, une fois de plus, révélé l’effet magique des notes du Balafon. Au terme de la compétition en spectacles qui a regroupé 7 troupes, celles du Burkinaà savoir « Yafiè » de Bérégadougou (province de la Comoé) et « Djiguiya espoir » de Bobo-Dioulasso ont respectivement remporté les 1er et 3e prix, figurant ainsi en bonne place dans le trio gagnant.

Après deux nuits de compétition très enlevées dans la salle de spectacles « Lamissa Bengaly » de Sikasso, envahie pour la circonstance par un public malien vivant, c’est la troupe burkinabé « Yafiè » de Bérégadougou qui a régné en maître absolu dans le jeu du balafon avec une note de 14/20. Ainsi en a décidé le jury de professionnels de la 5e édition du festival « Triangle du Balafon » présidé par le musicologue ivoirien, Adépo Yapo.

Ce jury a travaillé sur des critères tels la maîtrise individuelle du jeu de l’instrument et les efforts de recherche et de créativité musicale. Le verdict du jury qui devait désigner un trio gagnant a également consacré et de façon respective, les troupes « Lassina Bengaly » du Mali et « Djiguiya Junior » du Burkina Faso, 2e et 3e au classement. Et selon leur ordre d’importance au classement, les troupes lauréates, les meilleures parmi les 7 en compétition (2 du Burkina, 3 du Mali et 2 de la Côte d’Ivoire) ont reçu des prix.
Pour s’être hissée au sommet de la compétition, la troupe « Yafiè » de Bérégadougou qui a émerveillé les spectateurs avec ses sonorités Turka et ses trembleuses a obtenu le prix « Lamissa Benaly ».

Ce prix qui porte le nom d’un célèbre et émérite balafoniste malien décédé en 1992 à l’âge de 75 ans, se compose d’un trophée et de la somme de 1 500 000 F CFA. L’ensemble artistique du Mali « Lassina Bengaly » a bénéficié en tant que 2e au classement d’un montant de 1 million de F CFA tandis que celui du Burkina en l’occurrence « Djiguiya Espoir », détenteur du 3e prix, s’est vu offrir 750 000 F CFA. A ces prix, s’ajoutent les 400 000 F CFA de prime de participation que chaque troupe en compétition a empoignés. Hormis ces prix officiels que les responsables des troupes lauréates ont reçu en présence des ministres de la Culture de la Guinée, Aly Gilbert Iffono et du Mali, Mohamed El Moctar, il y a eu deux prix spéciaux. Ces prix notamment des sommes d’argent ont été décernés par l’association africaine de promotion du balafon « Marimbalafon ». La première distinction, celle du plus jeune balafoniste est revenue à Arouna Soro de la troupe « Kassirimé » de Korogho en Côte d’Ivoire qui a reçu 150 000 F CFA.

Ali Sanou du Burkina, meilleur balafoniste

Quant à la seconde distinction baptisée prix « Alkaly Camara » (virtuose guinéen du balafon), elle a été attribuée à Ali Sanou, membre de la troupe burkinabé « Djiguiya Espoir ».

Pour ce faire, cet artiste de 19 ans membre de sa troupe depuis sa création en 1998 a été encouragé avec la somme de 300 000 F CFA. Au regard du tableau des résultats, le Burkina Faso a survolé la compétition et ses troupes ont même eu l’assentiment de nombreux spectateurs maliens séduits par leurs prestations. Dans la dynamique des assentiments, le mérite des deux formations artistiques burkinabé a été reconnu en aparté par le président du jury, Adèpe Yapo, qui a souligné « la bonne préparation et la maîtrise du balafon dont elle ont fait montre ». Ayant rivalisé avec succès en notes de balafon aux côtés des autres troupes maliennes et ivoiriennes, celles du Burkina ont plus que jamais conquis le cœur de leur chef de délégation en la personne du Secrétaire permanent (SP) de la Semaine nationale de la Culture (SNC), Bitchibali Dansa. « J’ai été impressionné par le jeu de nos troupes.

Cela dénote de la bonne préparation et du sérieux dans le travail qu’elle nous ont donné de constater. Ces prix honorent la culture burkinabé et invitent nos artistes à mieux faire », a confié Bitchibali Dansa, également directeur régional de la Culture, du Tourisme et de la Communication des Hauts-Bassins. M. Dansa n’est pas le seul à s’enorgueillir de cette victoire, l’ambassadeur du Burkina au Mali, Sannè Mahomed Topan, lui aussi en est fier. Croisé par coup de chance par la délégation burkinabé sur le chemin du retour à deux pas du territoire malien précisément à Koloko, M. Topan de retour d’une mission au Niger a laissé éclater sa joie dès l’annonce de la bonne nouvelle. « C’est une fierté pour le Burkina », s’est-il réjoui. Même joie chez le responsable de la troupe « Yafiè », l’enseignant Seydou Sawadogo, totalement aux anges : « Nous sommes heureux d’avoir défendu brillamment la culture burkinabé ».

Un festival riche en activités

Que dire des membres de la délégation burkinabé composée du chef de mission le SP de la SNC, Bitchibali Dansa, des deux troupes, ainsi que du cameraman, Martin Zerbo et du journaliste Karim Namoano de la RTB et nous même envoyé spécial des Editions Sidwaya ? Tous avaient le sourire aux lèvres et affichaient une fière allure.
En dehors des deux nuits de compétition agrémentées par les prestations d’artistes maliens telle Ramata Dembélé, la 5e édition du festival « Triangle du Balafon », a connu d’autres activités auxquelles ont entièrement pris part les ministres malien et guinéen en charge de la Culture. A commencer par les cérémonies d’ouverture et de clôture riches en animation culturelle et qui ont rassemblé plus d’un Sikassois (habitant de Sikasso). La cérémonie d’ouverture tenue à la place de l’Indépendance de Sikasso a été surtout l’occasion pour les différents intervenants de revenir sur l’initiative du festival et surtout sur son objet qu’est le balafon, instrument de musique traditionnelle très usité en Afrique de l’Ouest.

Le ministre malien de la Culture, Mohamed El Moctar, a tout d’abord rappelé que le festival « Triangle du Balafon » créé en 2003 pour promouvoir l’intégration sous-régionale est « un espace d’échanges d’expériences et de brassage culturel pour nos populations autour du balafon et instrument mystique et fédérateur ». Commentant par la suite le thème de cette 5e édition du festival, le ministre malien de la Culture qui a laissé le soin à son homologue guinéen d’ouvrir les festivités, dira que c’est « un thème évocateur qui nous interpelle tous à plus d’un titre autour du raffermissement des liens séculaires qui unissent nos peuples ». A écouter les autres intervenants que, sont entre autres personnalités, le gouverneur de Sikasso et président du comité d’organisation, Mamadou Issa Tapo et le chef des griots de la région, Souleymane Saumano, il n’est de doute que « le balafon est un instrument rassembleur et d’intégration entre les peuples ». Avec cette année comme pays invités le Sénégal et la Guinée, des pays avec lesquels le triangle (Mali, Burkina Faso et Côte d’Ivoire) partage l’usage du Balafon, le festival organisé avec un budget de 49 millions, a connu d’autres temps forts.

Placé sous le signe de l’élargissement à d’autres pays, la 5e édition du festival a été aussi ponctuée par une conférence publique sur le thème retenu « le balafon : place et rôle dans les relations sociales ». A cette occasion, le conférencier et enseignant, Tiomoko André Sanogo, s’est évertué à démontrer que le balafon, encré dans nos mœurs, est un instrument qui unit et rassemble les peuples. Parlant de mœurs, il s’est appesanti sur la société Sénoufo où le balafon est au cœur des grands moments de la vie (naissance, mariage, décès, etc). En terme d’activités, des innovations n’ont pas manqué à cette 5e édition du festival marquée par ailleurs par des animations populaires avec les troupes en compétition et une visite des sites touristiques (Sikasso en regorge) tels le palais du Kèlètigui Kourouma Berthé ou les ruines de Tata par les officiels. Le palais du Kèlètigui Kourouma Berthé a été érigé vers les années 1800 sous la colonisation et porte le nom d’un défunt chef de guerre malien. Les descendants de celui-ci habitent toujours dans le palais.

Aussi, les ruines de Tata ont été visitées. Tata n’est autre que le mur construit avec des portes d’entrée bien gardées par des guerriers pendant l’époque coloniale et qui protégeait Sikasso des attaques extérieures. S’agissant des innovations évoquées plus haut, on peut citer l’organisation d’un défilé suivi de prestations des troupes en compétition pendant la cérémonie d’ouverture, une exposition vente d’objets d’art et de produits de l’industrie agroalimentaire et un concours littéraire pour scolaires sur le thème choisi pour la 5e édition du festival. Autre innovation : la tenue d’une session de formation sur le VIH/Sida et les IST au profit des cadres des sports, des arts et de la culture de Sikasso. Le clou du festival a été une « Nuit des lauréats », une soirée abritée par le gouvernorat de Sikasso et au cours de laquelle les troupes lauréates se sont produites au bonheur d’un public enthousiaste.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline @yahoo.fr), Envoyé special à Sikasso

Sidwaya

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