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Les grands chantiers des Démocrates : Le New deal à la sauce Obama

Publié le mardi 11 novembre 2008 à 06h32min

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Conscient que l’élan populaire qui l’a propulsé à la Maison-Blanche est à la hauteur des attentes pressantes des Américains, le président élu Barack Obama veut rapidement s’attaquer aux graves problèmes de ses compatriotes.

Ainsi le président de Wall Street comme le désignent les Républicains et certains démocrates centristes a-t-il endossé les habits d’un Keynésien et régulateur des marchés financiers et chemine sur les traces de Roosevelt et de son New Deal. Il l’a annoncé à demi-mots dans sa première conférence de presse du 7 novembre 2008 à Chicago.

L’équipe de transition de Barack Obama, conduite par Rahm Emanuel nommé secrétaire général de la Maison Ovale, vient de créer un nouveau site :www.change.gov qui se veut la vitrine de tout ce que le nouveau président va engager comme réformes et changements pour sortir les USA du mauvais pas dans lequel ils se trouvent.

Lors de cette première sortie face à la presse en tant que président élu ,il a d’abord égrené les maux qui ont plongé le pays dans le désastre financier et proposé des solutions :

« En octobre dernier 240 000 emplois ont été supprimés... cela fait 10 mois que les USA perdent de façon continue des emplois ...au total 1,2 million d’emplois ont été perdus avec 10 millions de chômeurs cette année ...

des dizaines de milliers d’Américains luttent pour payer leurs factures et rester dans leurs maisons...leur histoire nous rappelle que nous faisons face au plus grand défi de notre existence...nous devons y remédier rapidement ... actuellement les USA n’ont qu’un président et un gouvernement jusqu’au 20 janvier...

j’ai parlé au président Bush, j’apprécie son engagement à faire en sorte que ses conseillers économiques nous tiennent informés des derniers développements... et je lui suis reconnaissant pour son invitation à la Maison-Blanche.

Dès que je deviendrai président, j’attaquerai cette crise de front en prenant toutes les mesures nécessaires pour calmer la crise du crédit, aider les familles travailleuses et restaurer la croissance et la prospérité ...une série de mesures seront prises concernant notre économie et nous nous concentrerons sur certaines priorités dans les jours et les semaines à venir. Pour cela, nous avons besoin de :

1-un plan de sauvetage pour les classes moyennes afin de créer des emplois ; 2-une extension des allocations chômages pour les travailleurs qui ne peuvent pas trouver du travail dans une économie de plus en plus faible ; 3-un plan fiscal de relance économique ; 4-une réaction rapide de la crise financière sur les autres secteurs ; 5- maîtriser ses conséquences sur le plan mondial 6-requinquer l’industrie automobile qui est la colonne vertébrale de notre industrie ».

On le voit, le Big business ne s’était pas trompé en misant sur Barack Obama qui leur inspirait confiance, comme c’était le cas avec Bill Clinton dans les années 90. Les Démocrates pourraient remouer avec une économie de marché malade et les canaux traditionnels budgétaires.

On voit même les ex-ministres de l’économie de Clinton, Robert Rubin et Lauwrence Summers, dans l’entourage d’Obama ,preuve que le maroquin de Grand argentier pourrait choir, comme on le murmure, à l’un des deux.

On s’explique aujourd’hui pourquoi le sénateur de l’Illinois ne voulait pas de l’argent public et des lobbies : le site opensecrets.org où l’on peut consulter la liste des différentes contributions fait apparaître que l’agrobusiness, la construction et l’énergie, les transports ont délié les cordons de la bourse pour Mc Cain.

Le président démocrate à, lui, bénéficié des largesses des avocats, des télécoms, de la santé, des fonds de retraites et les banques commerciales(3 millions), des finances privées notamment les fameux hedges funds qui ont pourvu à Obama 2,6 millions de dollars...

Des groupes qui attendent bien sûr le retour de l’ascenseur de l’Administration Obama et du congrès lorsque viendront les votes des lois. Un bon investissement donc que le président démocrate.

En effet, alors que les néocons ont exacerbé la présente crise, lui Obama, promettait de mettre fin aux réductions d’impôts favorisés par Bush. Par exemple, il veut réduire ceux des foyers gagnant moins de 250000 dollars par an.

En écoutant le premier président noir des USA, on s’aperçoit également qu’il est obligé, vu l’ampleur de la crise actuelle, de se convertir au keynésianisme comme l’avait déjà fait son devancier, Franklin D. Roosevelt (président de 1933-45). Ce dernier, lors de la grande décélération de 1932, avait lancé un ambitieux plan de reconstruction économique et sociale, le New Deal (nouvelle donne) pour les USA.

L’Amérique de 2008 a visiblement envie du retour en force de l’Etat providence, du moins que l’Etat mette fin à un certain désordre dans cette économie souffrante. En cela, l’actuel locataire de la Maison-Blanche, George W. Bush, l’a rapidement compris ces derniers mois en sauvant des banques et assurances (AIG par exemple) de la déroute et en concédant des ristournes aux Américains.

A l’évidence, Barack Obama n’aura d’autre choix que de s’engouffrer dans cette voie, celle du keynésianisme à tous crins. Tout en régulant les marchés financiers par une surveillance aiguë. C’est aussi le prix de l’interventionnisme étatique.

A ces questions domestiques, celui qui prêtera serment le 20 janvier 2009 devra s’occuper des problèmes de l’environnement, de l’éternel brûlot isralo-palestinien, de la guerre en Irak, de l’Iran... On le constate, une chose est d’avoir été le premier Noir élu à la Maison-Blanche, une autre sera ce que ce président postracial fera de ce mandat.

Z. Dieudonné Zoungrana

Washington DC-New York-Ouaga

L’Observateur Paalga

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