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Mamadou Tandja : Bienvenue au club des tripatouilleurs !

Publié le lundi 10 novembre 2008 à 08h28min

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Le scénario est immuable : les commanditaires font marcher les vendeuses de fruits et légumes, font soulever la poussière aux pauvres hères près à vendre père et mère pour un bol de riz. En amont, des politiciens et membres de la société civile sont grattés là où ça leur démange pour qu’ils cautionnent pudiquement l’inacceptable.

Il en a été partout ainsi : au Burkina, au Cameroun, au Tchad, au Sénégal, en Guinée, en Mauritanie, au Gabon, en Ouganda, en Tunisie… Bref, la liste est si longue et ne fait que s’allonger au jour le jour, d’où l’inutilité de chercher à être exhaustif.

Et nous sommes persuadé que, bientôt, le Niger entrera dans ce répertoire. Dans ce pays, de plus en plus de voix s’élèvent pour la modification de l’article 36 de la Constitution promulguée en 1999 et qui stipule que le chef de l’Etat est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois.

C’est malheureux d’autant qu’un autre article de cette même loi fondamentale, le 136, précise que La forme républicaine de l’Etat, le multipartisme, le principe de la séparation de l’Etat de la religion et les dispositions des articles 36 et 141 ne peuvent faire l’objet d’aucune révision.

Les partisans d’un troisième mandat fusent des milieux politiques et de simples anonymes auxquels s’est joint, fait inédit et comble du ridicule et de la confusion de rôles, un certain Cheick Salifou Oumarou, président du Collectif des associations islamiques du Niger. Celui qu’une certaine opinion qualifie « d’érudit musulman », a affirmé que « ce n’est pas évident que celui qui vient après Tandja puisse faire avancer le Niger ».

C’est à croire que c’est Mamadou Tandja qui confectionne lui-même les briques et construit les murs des Nigériens de ses propres mains. Malheureusement en Afrique, de ce genre de guerre, le président régnant et ses affidés en sortent toujours gagnants.

Ce n’est pas si difficile, puisqu’il ne s’agit tout de même pas d’une rébellion à pacifier ou à mater. Il n’y a qu’Olosegun Obassanjo, l’ancien président nigérian, qui a échoué à cet exercice ; lui qui avait vainement multiplié les rencontres avec les gouverneurs et sénateurs issus des rangs de son parti pour obtenir leur adhésion à l’amendement de la constitution afin de se représenter pour un troisième mandat de quatre ans. Mais ne dit-on pas d’ailleurs que l’exception confirme la règle ?

Mais pourquoi donc tant d’efforts et de circonlocutions pour une bataille généralement gagnée d’avance ? L’objectif est peut-être de se donner bonne conscience tout en oubliant qu’il n’y a pas plus grand crime, le génocide mis à part, que le tripatouillage d’une constitution. Alors, Tandja peut y aller plutôt franco pendant qu’on y est. Avec sa nouvelle ambition de rempiler, l’on peut cependant penser que le harcèlement des journalistes et la motion de censure contre l’ancien Premier ministre Hama Amadou, et son arrestation « pour détournement » procèdent de cette volonté de baliser le terrain pour une présidence à vie. Ou est-ce encore la pose de la première pierre de la raffinerie de pétrole dans la région de Zinder qui aiguise bien des appétits ? En attendant, l’actuel patron du pays d’Hamani Diori est sur le point d’entrer, par la petite porte comme ses devanciers, dans le club mésestimé des tripatouilleurs de constitutions.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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