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Production céréalière : « Les chiffres sont spéculatifs »

Publié le lundi 10 novembre 2008 à 08h26min

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Le 6 novembre 2008, le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Laurent Sedogo, a animé une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé que la production céréalière prévisionnelle nationale 2008/2009 est estimée à plus de 4 millions de tonnes, soit une progression de 36% par rapport à la campagne précédente.

En réaction à cette information, la plupart des internautes trouvent que les chiffres avancés sont faux et demandent au ministère de préciser les méthodes de calcul qui ont abouti à ce résultat. Synthèse du forum sur le sujet.

posté le 7 novembre 2008 Déjà disons que ce serait bien d’atteindre pour l’instant de tels chiffres de production... Mais je reste dubitatif quant au manque d’éléments justificatifs de l’écrit. 1- D’abord, c’est une prévision basée sur une enquête évoquée sans autre précision dans votre article. 2- Par quels moyens de production est-on arrivé à une hausse de la production ? Autrement dit, quelles méthodes et techniques nouvelles de cultures ont permis d’en arriver à une telle croissance prévisionnelle ? C’est important de donner un peu de précisions techniques à ces éléments pour que les gens puissent bien comprendre. Qu’est-ce que l’auteur de l’article apporte en plus de ces données prévisionnelles brutes fournies ?

posté le 7 novembre 2008, par Peace Je suis tout à fait d’accord avec les analyses précédentes. Dans la même lancée, je dirai que le problème dans ce pays est que les autorités ignorent souvent la réalité. C’est vraiment insensé que la situation que vivent les populations ne réponde pas à la promesse des beaux chiffres ! La vie des Burkinabé serait-elle devenue, aux mains de certaines autorités, un jeu de poker ? Mais comme on le dit, "c’est Dieu qui est fort", ça ira, Incha Allah !

posté le 7 novembre 2008, par Ciao Il vrai que les récoltes vont être bonnes, seulement à ce jour si vous faites un tour dans les hôpitaux, c’est le désarroi total, les arbres sont utilisés pour accrocher les pochettes de perfusion. Le problème au Burkina est prévisionnel. Quand on nous donne les chiffres, il faut qu’on nous dise aussi combien de tonnes les Burkinabè mangent par mois afin qu’on puisse savoir jusqu’à quand les stocks suffiront. Je crois que nous pouvons mieux faire et j’invite tous les Burkinabè à se mettre au travail.

posté le 7 novembre 2008, par ElDuros C’est bien beau de vous lire tous avec chacun ses solutions, mais qu’est-ce que chacun de vous fait pour ses parents restés au village ? Il ne faut pas toujours tout attendre de l’Etat. Quelle est notre contribution personnelle à ce secteur de l’agriculture ? Les chiffres donnés sont sur la base de statistiques, et qui dit statistique parle de projection et d’estimation. La crise financière est une aubaine pour nos producteurs. Nous pourrons enfin produire et consommer burkinabè. Au lieu de vouloir boire du yaourt de France, on se contentera de celui de Koubri. Nous préférons manger du riz de 10 ans en provenance de Taïwan que celui de nos rizières. Nous sommes tous coupables autant que les gouvernants et autres opérateurs économiques…

posté le 7 novembre 2008, par Peace Slt ! Elduros doit respecter chacun dans son opinion, c’est ce qui fait la beauté de ce forum. Pour ce qui est de sa question de savoir ce que fait chaque Burkinabè d’abord avant l’Etat, je lui dirai que même avant de consommer local, il faut que des conditions adéquates soient mises en place par l’Etat ! Savez-vous que la crème fabriquée localement à base d’amende de karité coûte plus chère qu’une pommade importée de la France par exemple ? Savez-vous que le yaourt de Koubri coûte aussi cher que celui importé ? C’est à l’Etat donc de jouer sur les phénomènes favorisant une telle situation désolante. Je suis patriote comme vous, mais qu’est-ce que nous pouvons faire pour que nos braves producteurs puissent vendre moins chers en tirant en même temps profit ? Seul l’Etat a ce pouvoir et il n’est autre qu’une politique de souhait et de volonté réelle ! Posez-vous aussi la question de savoir si le fait de consommer local, comme nous le souhaitons tous, arrange en réalité certains détenteurs des pouvoirs économiques !

posté le 7 novembre 2008, par Alex Obama, juste après son l’élection a été clair à l’encontre de ses concitoyens. Je paraphrase "nous (Américains) allons devoir consentir d’énormes sacrifices, et 4 années ne suffiront peut-être pas pour sortir de cette crise". Comme pour dire la première puissance doit consentir des sacrifices pour sortir du marasme sur tous les plans qu’elle vit. A votre avis, que doit faire l’une des dernières puissances pour sortir de son marasme généralisé ? 4 millions de tonnes comme production totale en une année, c’est l’équivalent de la production d’un bon agriculteur américain. Nous n’avons pas les mêmes technologies, soit, mais nous avons les mêmes besoins nutritionnels. Juste un petit calcul mathématique : prenons 12 millions de Burkinabè. si chacun consomme 1 kilo par jour, ça fait 12 millions de kilos, soit 12000 tonnes qu’on multiplie par 30 jours/le mois, ça fait 360 mille tonnes.

On le multiplie par 12 mois/l’année, ça fait 4 millions 320 mille tonnes. Il y a déjà déficit alors qu’on sait que des tonnes seront stockées par des commerçants à des fins spéculatives (même s’il y a des mesures). Ce qui signifie que la pénurie alimentaire, c’est pour bientôt avec son corollaire de vie chère et de remous dans la cité. Ce n’est pas une question de qui fait quoi pour le gouvernement. Le gouvernement, c’est qui ? C’est toi, c’est moi, c’est nous. N’as-tu jamais payer un timbre, un vélo, une moto, un plat de riz ... ? La TVA et les autres taxes qui s’appliquent en avez-vous une idée ? Elle vaut parfois la moitié du prix du bien. Demandez aux travailleurs afin qu’ils vous parlent de l’IUTS (Impôt unique sur les traitements de salaire).

C’est nous qui faisons l’Etat. Ce luxe dans lequel ils se vautrent sont le fruit de nos efforts. Nous faisons beaucoup pour le gouvernement qui en retour nous paie en monnaie de singe en refusant de revoir son niveau de vie. Revenant au sujet, ces chiffres, en plus du fait qu’ils sont spéculatifs, ne couvriront pas les besoins des populations.

Il y a trop à dire sur ces chiffres et j’ai gros sur le cœur, mais l’une des solutions que je préconise est la construction massive des barrages (à défaut d’avoir la mer on ne doit pas permettre à une goutte d’eau qui tombe sur notre sol d’aller se promener) et l’intensification de la production des denrées de base à travers une politique intellectuelle agricole, c’est-à-dire donner à tous les producteurs la logistique (formation, tracteur, assistance, intrants, etc.) pour leur permettre d’exploiter de grands espaces.

Aussi, il faut inciter les jeunes après les avoir formés à se regrouper pour exploiter de très grandes superficies afin de pratiquer l’élevage ou l’agriculture intensive qui leur permettra si possible de commercialiser l’excédent.

Cela n’aura aucune incidence sur la production de l’or blanc et nous pourrons espérer dans au moins dix à vingt ans être autosuffisants. Ce n’est que lorsque nous produirons le nombre de tonnes équivalant à la population qu’on pourra s’autojeter des fleurs. Ce n’est pas un rêve, mais une question de dur labeur (pour qui connaît l’histoire des USA ou de la Chine sait de quoi je parle).

Qu’on arrête d’insulter nos parents dans les campagnes par la distribution de vivres. Mon peuple n’a pas besoin d’aide alimentaire mais d’aide technologique. Le poisson, on n’en veux plus, apprenez-nous à pêcher et vous verrez. Il n’y a pas de honte à avoir à manger et à ne rien avoir dans ses poches, mais ça fait honte et mal de ne rien avoir à manger parce qu’on n’a rien dans ses poches…

L’Observateur Paalga

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