LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

ELECTION DE BARACK OBAMA : L’Amérique a osé !

Publié le jeudi 6 novembre 2008 à 03h15min

PARTAGER :                          

Donc, les Américains ont élu, hier, Barack Obama comme 44e président de leur grande nation. Barack Obama, 47 ans, marié, père de 2 enfants... et Noir. Comme chacun le sait, Barack Obama est en fait métis. Né d’un père noir kényan, et d’une mère blanche, il a passé une partie de sa tendre enfance en Indonésie. Mais pour le monde entier, pour le meilleur et pour le pire, le nouvel élu est un Noir.

Précisément, c’est ce symbole qui donne à l’événement toute sa dimension historique exceptionnelle. Il s’agit d’un phénomène tellement énorme que l’événement, annoncé depuis très longtemps déjà, ne laisse pas de surprendre.

Les journalistes et les autres commentateurs qui ont eu pourtant tout le temps de s’y préparer en perdent nécessairement leur latin ; ils répètent les mêmes choses, les mêmes phrases, le même mot : historique ! Que dire en effet d’autre ? Roosevelt ? Kennedy ? Le Pasteur Martin Luther King ? Tout cela revient au même : c’est historique, c’est la première fois. Là, quelque chose commence. C’est la première fois qu’un "homme de couleur", comme on dit, va signer un bail pour la maison la plus illustre du monde. Plus illustre que l’Elysée et le Kremlin ! Voilà quelque chose qui donne de l’espoir aux exclus de la vie, à tous ceux sur qui le sort a eu une main particulièrement lourde.

Obama porte, en ce sens, la foi de tous les laissés-pour- compte qui peuvent croire qu’eux aussi, ils peuvent y arriver. Il constitue, par son charisme et par son succès, la preuve concrète que l’espoir n’est pas folie. Il donne aussi des raisons d’espérer en l’Amérique. On dit cette chose probablement vraie, que les Américains ont élu Obama pour sortir de la crise économique comme ils l’avaient fait avec un autre démocrate illustre, F.D. Rooselvelt. Mais ce faisant, ils ont ouvert la possibilité d’une réconciliation du monde avec leur grand pays. Les deux mandats de George W. Bush ont été singulièrement calamiteux pour l’image des Etats-Unis dans le monde.

L’anti-américanisme a atteint des sommets sur tous les continents. Et les Américains eux-mêmes avaient fini par ne plus se reconnaître dans la politique étrangère de leur pays ; il y en avait même qui avaient franchement honte de l’image qu’ils donnaient au reste du monde. Or Barack Obama avait depuis longtemps, les faveurs de l’opinion mondiale, notamment en Europe et en Afrique. On se souvient que la déception avait été grande dans le monde, quand John Kerry avait échoué dans sa tentative d’empêcher Bush d’obtenir un second mandat. Et l’on sait combien Obama avait enthousiasmé les foules lors de son périple international.

En Allemagne, en Angleterre et en France, des foules l’ont exceptionnellement acclamé. En faisant coïncider son vote avec celui de l’opinion mondiale, l’Amérique, on peut le dire, a entendu les autres peuples. C’est vraiment une autre facette de leur nation que les Américains nous ont fait voir. Une grande Amérique qui donne des leçons par l’exemple au monde entier. George W. Bush avait l’habitude de donner des leçons d’un autre type avec ses discours sur les croisades et sur les deux axes, celui du Bien et celui du Mal. Avec ses entreprises guerrières et son unilatéralisme.

L’Amérique qui a porté Obama à la Maison-Blanche montre l’exemple d’une nation capable de dépasser ses préjugés, de transcender les clivages historiques profonds pour communier dans un espoir pour l’avenir. On craignait qu’à la dernière minute, un grain de sable ne mette l’histoire en panne ; que dans le secret de l’isoloir, les démons les plus détestables ne suggèrent, à l’Américain moyen, un réflexe désespérant. On se demandait comment, en ces temps de crise et de morosité, d’inquiétude et de nervosité, l’histoire, par une formidable distraction du destin, pourrait nous faire une fleur. Et les Américains l’ont osé ; ils sont allés vraiment loin.

Certes, on a l’habitude de voir des Noirs galonnés et/ou secrétaires d’Etat. Mais ils étaient sous les feux de la rampe seulement un instant, et à l’ombre d’un patron blanc. Enfin, le président Barack Obama vint, et les choses deviennent différentes. Cette élection est vraiment historique. D’abord Obama vient aux commandes de l’Etat le plus puissant à un moment vital : la crise économique sévère qui secoue le monde rend nécessaire un renouveau du capitalisme. Ensuite, après les deux mandats de Bush, la politique extérieure des Etats- Unis doit subir une inflexion substantielle. Or un tel changement est chargé de conséquences importantes pour le monde. Enfin, le vote lui-même est exceptionnel à tous égards : record de participation, netteté inédite de la victoire, communion de milliers d’Américains qui rêvent de changement et d’un nouvel ordre des choses.

Espérons que le héros du 4 novembre aura les épaules suffisamment larges et solides pour supporter le poids de toutes les aspirations de ses concitoyens et du monde. Lui qui a réalisé l’exploit d’écarter Hillary Clinton de cette présidence qui lui était promise depuis longtemps, lui qui a donné aux démocrates une majorité parlementaire qu’ils n’ont pas connue depuis longtemps, lui qui, en un temps record, s’est hissé au plus haut dans le plus puissant pays du monde... Un jour prochain, viendra le temps où, reprenant notre souffle et nos esprits, nous examinerons les interrogations qui cernent gravement l’avenir. Mais on conviendra qu’aujourd’hui est un autre temps : celui de l’exclamation et de l’ébahissement.

"Le Pays"

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique