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Présidentielle américaine : Ben Laden a soutenu plutôt le candidat démocrate

Publié le mercredi 5 novembre 2008 à 05h47min

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A l’heure où vous parcourez ces lignes, les jeux sont probablement déjà faits. Si l’on s’en tient aux sondages, Barack Obama, le candidat démocrate, est le nouvel élu à la Maison-Blanche. Ainsi, les prophéties des médias se seraient alors réalisées. Cependant, même si, par extraordinaire, B. Obama n’a pas reçu l’onction populaire requise pour être le premier président américain issu d’une minorité, il aura tout de même bénéficié d’un soutien de taille : pas celui d’un Bill Clinton, d’un Colin Powell, d’un Michael Moore ou d’une Oprah Winfrey. Toutes ces personnalités, pour respectables qu’elles soient (ou d’ailleurs, du fait de leur respectabilité), ne sont, en réalité, que des soutiens légers par rapport à celui auquel nous faisons allusion ; il s’agit du chef de la mouvance terroriste mondiale Al-Qaïda, Ossama Ben Laden.

Certes, l’affirmation peut interloquer plus d’un ; surtout que le 20 octobre dernier, les médias se sont fait l’écho d’un message électronique d’Al-Qaïda, qui estime que le meilleur moyen de ruiner militairement et économiquement les Etats-Unis est d’envoyer John McCain à la Maison-Blanche.

Dans ce message, le réseau terroriste d’Oussama Ben Laden souligne que "l’impétueux" candidat républicain est plus prédisposé à poursuivre les conflits d’Irak et d’Afghanistan que son adversaire démocrate, Barack Obama.

Ce qui ferait l’affaire du réseau terroriste."Al-Qaïda doit soutenir McCain dans la prochaine élection afin qu’il poursuive la marche d’échec de son prédécesseur, Bush", peut-on lire dans ce message, traduit par le site Intelligence Group, une association basée à Bethesda (Maryland, Etats-Unis).

En rappel, Oussama Ben Laden avait, en 2004, diffusé une vidéo quatre jours seulement avant le scrutin présidentiel pour s’adresser aux Américains. En son temps, cette vidéo avait plutôt "profité" à George W. Bush dans la mesure où la politique intérieure et la guerre en Irak, au sujet desquelles le candidat républicain n’était pas à l’aise, ont rapidement cédé la place au thème de la sécurité.

Ce facteur a sans nul doute joué dans la victoire finale de G. W. Bush sur John Kerry, pourtant bien plus consistant sur le plan des thèmes économiques, sociaux et géopolitiques.

Retour des valeurs avec Obama

Aujourd’hui, nous sommes en 2008 avec John McCain et Barack Obama, qui s’affrontent. Ce dernier, qui a suscité une obamania quasi planétaire, a été de bout en bout en tête dans les sondages auprès des électeurs américains.

Pour beaucoup d’Américains et de citoyens du monde, il est le candidat qui s’impose comme étant celui de la raison, de la sagesse, de la bonté, de l’amour et de la vie, de l’Eden en somme ; alors, de fait, être pour Obama est naturel comme être contre la guerre, contre les pédophiles récidivistes, contre l, la nature, pour le soutien aux populations du Sud pour leur survie, etc. Bref, c’est être un humain de raison et de bien.

Même si le candidat démocrate épouse nombre de ces valeurs, il reste que, n’étant pas un messie, il lui est impossible de mettre tout cela en œuvre, mais que voulez-vous, le leadership économique et militaire des Etats-Unis au plan mondial s’est jusque-là rarement accompagné du leadership moral (dont la planète a besoin) aux Etats-Unis même et dans le reste du monde.

L’administration de G. W. Bush en a été l’une des incarnations les plus parfaites. Si fait que B. Obama n’a presque pas eu de mal à faire accepter ses idées, d’une grande générosité.

L’aura de B. Obama, qui fait, au moins en théorie, de ce système de valeurs son credo, ne pouvait qu’avoir de la résonnance et du répondant.

Appeler à voter McCain, c’est soutenir Obama

Revenant maintenant au comportement d’Al-Qaïda vis-à-vis de ce dernier, on peut dire que, jusqu’à l’heure où nous écrivions ces lignes-là, il a plutôt fait l’affaire du candidat démocrate, même si le groupe terroriste a déclaré péremptoirement souhaiter la victoire de McCain.

En effet, de dire qu’il voulait voir le républicain à la Maison-Blanche alors que bien des électeurs considèrent celui-ci comme la copie certifiée conforme du président à la célèbre impopularité, c’était aussi, sans le savoir ou sans le vouloir (peut-être), renforcer l’assise de B. Obama.

La question que l’on est en droit de se poser maintenant, c’est celle de savoir si le chef du terrorisme l’a fait exprès pour l’Afro-Américain ou s’il souhaitait vraiment une victoire républicaine.

La question vaut son pesant d’or pour la raison ci-après : Si quasiment tout sépare les deux hommes, quelques points de similarité entre eux existent, qui ont d’ailleurs été exploités par l’équipe de J. McCain :

Ossama rime avec Obama ; Hussein, l’autre prénom d’Obama, est un prénom musulman, comme Ossama (Ousmane, Othman, Soumane, Zoumana…) ; le père d’Obama était musulman. Ces ‘’affinités’’ ont-elles alors conduit le chef terroriste à soutenir officiellement McCain pour mieux faire élire Obama ?

Dans cette éventualité, quelle serait l’attitude d’Al-Qaïda si B. Obama était élu ? Réorienterait-il son « combat » pour l’aligner sur une politique supposée moins agressive des Etats-Unis, ou trouverait-il là l’occasion de profiter d’une certaine détente et d’une baisse de vigilance pour frapper davantage ? Difficile de répondre à cette question.

Cependant, on se surprend parfois à penser que les terroristes sont aussi des humains, comme nous, et donc doués de raison et de bon sens. C’est peut-être le cas d’O. Ben Laden, même si, dans cette hypothèse, il faut plutôt espérer plus une baisse de l’intensité des attentats terroristes que leur éradication totale.

Le sens de l’histoire

Ce faisant, peut-être que plus de justice, de démocratie et de multilatéralisme grâce à l’action des Etats-Unis pourrait priver les sanctuaires terroristes de ces combustibles qui servent à alimenter les brasiers de la haine de par le monde. En effet, si certains terroristes sont des monstres sortis tout droit de chez Lucifer, d’autres sont les produits sociaux de l’injustice, de la misère matérielle, du formatage spirituel et de la manipulation idéologique.

A n’en pas douter, c’est faire preuve d’une naïveté digne d’un enfant de chœur que de croire que des gens dont la cruauté est sans limite peuvent se muer en doux agneaux à la faveur d’une élection présidentielle et de quelques discours émouvants. Les républicains l’ont déjà dit et répété.

Cependant, être humain, c’est espérer, c’est épouser la courbe hégélienne de l’histoire : c’est croire que les choses vont en s’améliorant et travailler dans ce sens tout en restant lucide et réaliste. Si nous voyions les choses autrement, la vie ne vaudrait franchement pas la peine d’être vécue.

Zoodnoma Kafando

L’Observateur Paalga

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