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LAIT A LA MELAMINE AU BURKINA : Le gouvernement interpellé

Publié le mardi 4 novembre 2008 à 02h14min

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Daouda Traoré, directeur du Laboratoire national de santé publique

La crise du lait contaminé à la mélamine n’arrive pas qu’aux autres. Si l’on en croit le directeur du Laboratoire national de santé publique (LNSP), Daouda Traoré, un lot de produits laitiers fabriqué au Japon et destiné à des enfants de Bobo Dioulasso contiendrait des doses anormalement élevées de mélamine. La stupeur, on l’imagine, doit être grande parce que le danger n’est pas venu par là où on l’attendait. C’est en effet la Chine qui est le foyer de cette nouvelle crise de la sécurité alimentaire liée essentiellement à la cupidité des fabricants.

De sorte que le Burkina, comme bien des pays africains, a depuis lors fermé sa frontière au lait provenant de l’Empire du milieu. Car le "pays des hommes intègres" est très dépendant de l’extérieur pour son approvisionnement en produits laitiers. Bien que célébré par les dirigeants comme un pays d’élevage, le Burkina a importé, selon des sources officielles, plus de 10 000 tonnes de lait et produits dérivés en 2007, dont une grande partie d’origine chinoise. On comprend donc que le gouvernement ait tenté de surveiller, comme du lait sur le feu, les importations provenant de ce pays. Mais le Japon, personne n’y songeait, jusqu’à ce contrôle inopiné du LNSP. Mais les révélations du laboratoire burkinabè suscitent des interrogations puisqu’elles ont été démenties immédiatement par le fabricant japonais du lait incriminé.

L’affaire est en effet grave et peut porter préjudice à l’image de la société en question, et partant, à celle du Japon, réputé pour sa rigueur dans les contrôles sanitaires. Elle affecte aussi la coopération japonaise en ce sens que les produits étaient destinés à des oeuvres de bienfaisance. D’où l’empressement de l’usine fabricante du lait à réagir et surtout à nier toute présence de la mélamine dans ses produits. Mais alors, cela veut-il dire que les analyses du laboratoire burkinabè ne sont pas fiables ? Ou bien y a-t-il erreur sur le produit, qui ne proviendrait pas du Japon ? Une chose est sûre, il faudra tirer cette affaire au clair, car il y va de la crédibilité des outils et mécanismes de contrôle sanitaire au Burkina.

Mais on sait que le laboratoire qui a révélé l’affaire est une structure étatique, bien connue des Burkinabè. Par le passé, elle a été mise à contribution dans bien des dossiers alimentaires et a toujours su tirer son épingle du jeu. Jusque-là, ses avis ont donc fait autorité. A priori, il n’ ya pas de raison de douter de ses conclusions dans l’affaire du lait contaminé de Bobo Dioulasso. Mais il s’agit cette fois-ci d’un dossier ultra-sensible, impliquant un grand pays. Un simple contrôle sanitaire, on le voit, peut avoir des répercussions économiques, politiques et diplomatiques. Le LNSP pourra-t-il résister à la bourrasque de protestations au Japon ?

En tout cas, il prouve à travers cette affaire, toute son importance dans ce monde globalisé où les produits circulent à une vitesse V, où le profit est roi, fût-ce au détriment de la santé des populations. C’est le moment où jamais de renforcer cette structure qui, avec souvent des moyens insuffisants, veille à la sécurité alimentaire des Burkinabè. Mais a-t-elle une expertise aux normes internationales, de sorte que personne ne puisse lui contester la validité des résultats de ses analyses ? Les Burkinabè n’en doutent pas. Est-ce le cas des Japonais ? L’occasion est belle pour le LNSP de prouver aux yeux des grandes puissances que l’Afrique subsaharienne dispose aussi de laboratoires sérieux capables de détecter les mauvais produits déversés sur ses marchés.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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