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Commémoration du 27 octobre à Koudougou : L’UNDD ne veut plus d’une autre révolution

Publié le jeudi 30 octobre 2008 à 02h48min

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Depuis que les martyrs du BIA ont eu une tombe digne de ce nom en lieu et place de la fosse commune où ils avaient été hâtivement ensevelis, les partis sankaristes, à chaque anniversaire de cette journée du 27 octobre, font un pèlerinage sur le site situé à Lattou (5 km de Koudougou), histoire d’honorer la mémoire des disparus. Ce 27 octobre 2008, 21 ans après, la tradition a été respectée par l’UPS et l’UNIR/MS.

En marge de cette activité, le parti de l’œuf a organisé, du 27 au 29 octobre, un séminaire à l’intention de ses militantes.

Cette année, l’UNDD s’est inscrite sur la liste des partis commémorateurs du 27 octobre, communément appelé Journée des Martyrs de Koudougou, marquant l’attaque de la capitale du Boulkiemdé par l’armée pour mettre fin à la résistance du capitaine Boukari Kaboré et ses hommes.

A travers des activités dont un dépôt de fleurs sur la tombe commune des soldats, située à Lattou, un Forum de communication alternative (FOCAL) et une émission radiophonique, les disciples de Me Hermann Yameogo ont surtout dénoncé les dérivés de la Révolution d’Août et mis en garde les partis politiques qui travaillent à un autre avènement de la révolution.

Le thème retenu pour ce FOCAL était « Récolement de la mémoire collective suite aux évènements douloureux du 27 octobre 1987 ». Il a été principalement animé par le Député Amadou Dabo, 1er vice-président de l’UNDD.

C’était en présence du conciliateur du parti, Boureima Kaboré, du secrétaire communal, Adama Ouédraogo, du secrétaire provincial, Salif Kiemdé, et de Benjamin Yaméogo du Bureau national. Le FOCAL a consisté essentiellement à lire une déclaration intitulée "Koudougou, « La Rebelle », décide de parler de tout pour le récolement de la mémoire collective" ainsi que de témoignages de personnes ayant vécu ces événements.

Dans la déclaration, les disciples de l’UNDD soutiennent que le 27 octobre symbolise un affrontement fratricide entre frères d’une Révolution renversée, qui s’est soldée par la disparition d’hommes dans des conditions douloureuses. Elle symbolise aussi l’évitement d’une guerre civile contre laquelle des fils et filles se sont opposés. A l’UNDD, on estime que cette journée était célébrée de façon incomplète, car se limitant aux révolutionnaires et aux bienfaits du CNR. Occultant ainsi le côté sombre de cette période.

C’est ce que l’UNDD veut remédier dans un esprit de protection de la mémoire collective. Par cette action, les organisateurs veulent éviter le crime qui consiste à falsifier l’histoire, en ce sens qu’ils n’entendent pas oublier la peur, la délation, la violence et les assassinats qui se sont emparés de la ville de Koudougou le jour où la Révolution s’est abattue sur elle.

Divisions, violation des droits humains, exactions, délitement des lieux sociaux sont reprochés aux Révolutionnaires du 4-Août par les animateurs du FOCAL, qui affirment au passage que Koudougou n’a pas voulu la Révolution et rejettent l’idée de l’avènement d’une autre Révolution dans notre pays.

Cyrille Zoma


Deux questions au député Amadou Dabo

Dans quel esprit sont organisées ces activités par votre parti ?

• A l’occasion des événements douloureux du 27 octobre 1987, qui a vu des Burkinabé tirer et tuer d’autres Burkinabé, nous avons voulu tenir au niveau de notre parti, des activités pour compatir avec tous ceux qui ont perdu des connaissants ou amis au cours de cette fameuse journée.

Il s’est agi pour nous également de dire à la jeunesse qu’il faut qu’ensemble, nous fassions très attention à un retour éventuel de la révolution. Cette révolution, telle que celle que nous avons vécue, n’a pas fait que du bien aux Burkinabé.

Il y a bientôt 27 ans que cette révolution a eu lieu, et nous condamnons le vœu de certaines formations politiques qui n’ont pas d’autres programmes que le retour de la révolution. Cette révolution n’a pas été bien gérée, et il faut qu’on parle et qu’on éclaire la jeunesse sur ce qui s’est réellement passé.

Nous nous réjouissons de cette vie démocratique dans laquelle nous nous sommes engagés et qui nous garantit des droits et libertés auxquels on n’avait pas droit pendant la période révolutionnaire. Nous déplorons, certes, le massacre qui a eu lieu le 27 octobre 1987 à Koudougou, mais nous mettons tout ça au compte de la révolution.

L’UNDD qui commémore le 27 octobre, date pourtant et traditionnellement célébrée par les partis Sankaristes, comment faut-il comprendre cette attitude ?

• Nous avons remarqué que seuls les Sankaristes parlent de la révolution et ne parlent que du bien de cette révolution, tout en faussant l’histoire de notre pays. Ils passent sous silence les nombreuses brimades, répressions, tueries et autres violations des droits humains commis pendant la Révolution d’Août.

C’est pour ça que nous avons décidé aussi de commémorer ce 27 octobre, mais en disant que si cette date a existé c’est parce qu’il y a eu la révolution et ses dérivés. Nous profitons pour rappeler le travail fait par notre président Hermann Yaméogo, qui, au terme de moult détours et tractations et contre l’avis de certains à l’époque, a beaucoup œuvré pour qu’il n’y ait pas d’affrontement.

Au cours de ce FOCAL, certains témoins sont revenus sur la souffrance des populations durant la période révolutionnaire, les inquiétudes vécues par les Koudougoulais pendant le siège de Koudougou pour déloger le capitaine Boukari Kaboré dit le Lion et ses hommes qui s’étaient disséminés au sein de la population. Ils n’ont manqué aussi de faire savoir leur soulagement quand, grâce, entre autres, au travail de Me Hermann Yaméogo, l’affrontement n’a pas eu lieu.

Nous avons commencé à commémorer cette journée cette année et désormais, nous le ferons et nous inscrirons cette date dans nos agendas pour restituer l’histoire au peuple et principalement à la jeunesse.

L’Observateur Paalga

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