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1er Forum extraordinaire du MAEP : Alain Yoda fait le point

Publié le mercredi 29 octobre 2008 à 00h24min

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Alain Bédouma YodaMembre de la délégation qui a accompagné le président du Faso Blaise Compaoré à Cotonou les 25 et 26 octobre 2008, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale Alain Bédouma Yoda fait le point des travaux ayant permis l’évaluation du Burkina Faso.

Sidwaya (S.) : Vous avez participé à ce forum extraordinaire qui a vu l’examen du rapport du Burkina, qu’est-ce qui a été dit de ce document ?

Alain Bédouma Yoda (A.B.Y.) : Le premier sommet extraordinaire des chefs d’Etat qui ont adhéré aux principes du MAEP s’est réuni sur les rapports du Burkina et du Nigeria. Vous avez constaté que le Nigeria n’a pas pu participer aux travaux parce que le président n’était pas là.
Et comme c’est un rapport qui avait déjà été exposé à la réunion de Charm El-Sheik, il n’y avait plus que les questions qui pouvaient être posées sur ce rapport.

Pour ce qui concerne le rapport du Burkina, je suis vraiment très heureux de vous dire que c’est un rapport qui a recueilli l’unanimité dans l’examen positif et je dois dire qu’on se sent vraiment fier de savoir que notre pays a pu présenter un rapport qui a été apprécié par l’ensemble des participants de façon très positive.
Aucune réaction négative n’a été enregistrée.

Il y avait plutôt des questions qui interpellaient les rédacteurs du rapport sur certains termes qu’ils estimaient être des termes exagérés pour ce qu’ils connaissent du Burkina Faso.
Par exemple, ils ont eu à écrire qu’il y avait une gangrène de la corruption et certains pays qui sont loin de chez nous ont estimé que non seulement ce terme était inapproprié mais que c’était aussi un terme qui ne semblait pas refléter la situation qu’ils connaissent du Burkina Faso, de telle sorte que le président du Faso n’a même plus eu besoin de revenir sur cette expression.

Il y a eu d’autres expressions de ce genre pour lesquels on estime qu’il faut que les rédacteurs prennent beaucoup plus de soins dans la recherche des termes qui respectent la situation réelle du terrain. Parce que ce que nous avons noté, c’est qu’aussi bien la gouvernance politique, la gouvernance économique, le contact avec la société civile dont la vitalité a été reconnue, les contacts avec les autres partenaires, que ce soit les étudiants, les syndicats et les fora qui sont organisés de façon annuelle ou en tout cas périodique avec les paysans, les jeunes, les femmes, le Collège des sages, les bonnes pratiques ont été tellement saluées que le rapport du Burkina constitue le format pour les autres rapports qui viendraient à être présentés ultérieurement.

Mon appréciation, si je puis me le permettre, parce que vous avez pu constater qu’il n’y avait que les chefs d’Etat qui pouvaient apprécier, puisque c’est un processus politique, volontaire et un processus d’appréciation des performances d’un pays par d’autres chefs d’Etat ou de gouvernement. Il n’y avait que le chef d’Etat du Burkina Faso qui pouvait prendre la parole. Mais ce que j’ai pu constater c’est une unanimité et un respect du Burkina et de ses dirigeants, des éloges de partout à telle enseigne que si on n’est pas habitué, on se demande s’il ne serait pas bon si cela avait été pris par des images qui pouvaient être présentées au peuple burkinabè.

S. Quelle sera la suite à donner à ce rapport du Burkina ?

A.B.Y. : En général, lorsque la présentation du rapport est faite, ce qui suit c’est la mise en place d’un mécanisme de suivi et de mise en œuvre. Probablement dans les jours à venir, on va lancer le rapport, on mettra en place la structure ad hoc concernée. Mais comme toujours, nous allons essayer d’innover en faisant en sorte qu’il y ait une mise en œuvre qui tienne compte de tous les autres mécanismes qui existent ; que ce soit au niveau du CSLP (Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté) que ce soit au niveau des divers programmes (programme du gouvernement, programme présidentiel etc) pour qu’il y ait une certaine cohérence pour éviter tout doublon ou un certain nombre de pertes de temps inutiles. Il faut aller à l’essentiel parce qu’à partir de maintenant tous les ans, le chef de l’Etat devra faire un rapport sur la mise en œuvre du document que nous avons présenté à ses pairs qui vont apprécier la qualité ou non de la mise en œuvre de l’engagement qui a été pris.

S. : Est-ce que les moyens financiers sont réunis ou sont en train de l’être pour la mise en œuvre du programme national qui sera mis en place ?

A.B.Y. : Vous avez parfaitement raison parce que le Plan national est estimé à plus de 5 milliards de dollars à mettre en œuvre sur trois ans.
Mais naturellement cela va être un programme glissant parce que comme c’est un mécanisme, il va falloir que d’année en année on voit ce qui a été fait, ce qui reste à faire et ce qui va être programmé, je pense que le programme sera glissant. Cet exercice est intéressant en ce sens que vous vous mettez à nu devant les 29 pays qui ont adhéré aux principes du Mécanisme d’évaluation par les pairs.

Et ce n’est pas vous qui lui dites ; c’est un panel indépendant de hautes personnalités qui viennent et qui parlent avec les paysans, les élèves, les étudiants, les syndicats, la société, en gros, toutes les couches de la société, qui font les constats, qui voient vos forces et vos faiblesses et qui font des recommandations. Sur le plan international, c’est un document qui a une valeur à la fois politique et de bonne gouvernance et je pense que ça peut être un facteur important pouvant amener nos partenaires techniques et financiers à s’intéresser à notre plan et à nous aider à le mettre en œuvre.

S. : Quelles sont les insuffisances qui ont été mises en exergue et dont le plan national du Burkina devrait relever les déficits ?

A.B.Y. : C’est vrai que s’il y a de bonnes pratiques, il y a également un certain nombre de faiblesses qu’on a constatées. Par exemple notre situation géographique est déjà une faiblesse. Le taux d’analphabétisme est aussi une faiblesse. La situation de la femme dans la gestion des affaires politiques et de la gestion tout court constitue également un défi. C’est pour cette raison que des propositions sont faites en tenant compte de tous ces éléments. Et je crois que le chef de l’Etat dans ses conclusions a dit de façon très précise qu’il allait veiller à ce que le gouvernement mette en place un mécanisme permettant la mise en œuvre de ces recommandations qui ont été faites de façon très pertinente et qui ont été appréciées par les uns et les autres.

S. : Des questions transversales ont été également abordées à cette rencontre ; que doit-on retenir ?

A.B.Y. : Il faut peut-être que vous sachiez que dans la mesure où il a été mis en exergue le fait que ce Mécanisme africain d’évaluation par les pairs est un mécanisme qui s’adresse aux chefs d’Etat et de gouvernement, c’est pour cela qu’il y a une procédure très stricte pour les débats ; le huis clos a été très strict parce qu’on estime que les ministres des Affaires étrangères, les représentants des chefs d’Etat ne devraient pas apprécier d’autres chefs d’Etat.

De la même manière pour les questions transversales qui ont été évoquées, il y avait les questions foncières et les questions des élections. Les autres questions dont celles relatives à la xénophobie et autres étaient des questions qui devaient être présentées par des chefs d’Etat qui n’étaient pas là. On ne pouvait donc pas les examiner.
Mais sur les questions foncières et des élections nous avons entendu le président de l’Afrique du Sud faire un exposé sur la question foncière et comme partout ailleurs, la question foncière est un domaine important pour l’Afrique parce que pour la plupart des pays africains, les économies reposent essentiellement sur l’agriculture et l’agriculture, c’est la terre. Il y a eu des échanges d’expériences, des échanges d’idées après avoir fait le constat qu’il faut que la mise en valeur de la terre profite à l’ensemble de la population de chacun des pays.

La gestion de la terre doit être profitable aux femmes, aux hommes, aux groupes, à ceux qui peuvent valoriser la terre pour que nous puissions sortir de cette affaire de dépendance alimentaire perpétuelle que l’on connaît et que nous puissions également tirer des revenus importants de notre terre qui est très productive.
Sur la question des élections, l’exposé devait être fait par le président algérien qui était absent, mais dont le message a été lu par son représentant et par le président angolais qui était également absent et dont le message a été livré par son représentant.

Evidemment dans ce genre de questions il s’est agi de voir comment l’organisation des élections doit être transparente, équitable et bien menée pour que les résultats qui sortent de ces consultations puissent être acceptés par toutes les parties et que l’Afrique n’ait pas à rougir de son système de gouvernance politique. Les uns et les autres ont apporté leurs contributions dans ce sens et je pense que dans l’ensemble c’est très enrichissant ces genres de rencontres et il me semble qu’on en sort avec des idées nouvelles ou avec des idées qui vous confortent dans le choix que vous avez eu à faire pour donner du sens à votre pays.

Enok KINDO Envoyé spécial à Cotonou

Sidwaya

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