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Crise financière : L’Occident nationalise, l’Afrique doit protéger

Publié le mercredi 29 octobre 2008 à 00h09min

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Dans la réflexion suivante, l’économist-gestionnaire, Issa Traoré, fait une analyse de la crise financière actuelle. Il propose surtout des solutions de sortie de cette crise.

La crise financière qui trouble le sommeil de la communauté mondiale provient d’un effondrement subit du marché immobilier américain alors qu’il bénéficiait d’une hausse continue depuis plusieurs années.
En effet, depuis 2002, la Banque centrale américaine (FED) encourage le crédit facile pour relancer l’économie. Cette option a permis à de nombreux ménages modestes de devenir propriétaires immobiliers moyennant des prêts appelés “subprimes”.
Ces prêts sont à taux variable. En effet, leur taux d’intérêt est bas au début de l’opération, toutefois ce taux croît en fonction de la valeur du bien immobilier. Ainsi plus la maison a de la valeur, plus le taux est bas et inversement “quand la maison perd de la valeur, le taux d’intérêt grimpe”.

En 2007, la plupart des ménages endettés au-delà de leur capacité ne parviennent plus à rembourser les instituts de crédit. Ces derniers saisissent donc les maisons pour les revendre afin de recouvrer leurs ressources. Mais, hélas ! ils sont sanctionnés par la loi implacable de l’offre et de la demande du marché : “quand la quantité demandée d’un bien est inférieure à sa quantité offerte, son prix baisse et inversement quand la quantité demandée est supérieure à la quantité offerte, son prix grimpe”. Par conséquent, la plupart des institutions de crédit voulant vendre en même temps les maisons saisies, le prix de ces maisons s’inscrit alors dans une tendance baissière jusqu’à être inférieur au montant des prêts garantis.

Cela entraîne inévitablement de sérieuses difficultés pour les instituts de crédit qui deviennent, à leur tour, incapables de rembourser leurs banques. Ces banques qui avaient saisi l’opportunité du boom immobilier pour investir dans les institutions de crédit voient leur argent partir en fumée. Pour compenser leurs pertes d’argent sur le marché immobilier, ces banques sont obligées de vendre leurs actions. Par conséquent (en vertu de la loi de l’offre et de la demande), la cession massive des actifs financiers (actions, obligations...) de la part des banques provoque aussi la chute de ces valeurs sur les marchés financiers : les bourses sont donc atteintes à leur tour. La crise, débutée aux Etats-Unis, devient mondiale car beaucoup de banques internationales avaient misé sur l’opportunité des “subprimes” américains très rentables.

Avec le déclenchement du krach, une crise de confiance s’installe alors : les banques se soupçonnant les unes les autres d’être contaminées refusent, par prudence, de se faire du crédit. Ce comportement provoque un manque de liquidité chez certaines banques qui n’arrivent plus à honorer leurs engagements. Elles sont donc obligées d’aller vendre massivement leurs actifs financiers en bourse. Cela précipite donc les indices boursiers internationaux à la baisse. Alors les bourses européennes, asiatiques sont, à leur tour, atteintes.
Théoriquement, deux solutions se présentent :
- laisser la main invisible du marché faire : la conséquence est que les banques insolvables seront alors liquidées avec, par effet domino, la liquidation d’entreprises dépendantes d’elles ;
- faire intervenir la mainmise de l’Etat : ce choix rime mal avec les conceptions libérales de l’heure.

Quelles solutions de sortie de crise ?

Optant pour la deuxième solution, la plupart des économies libérales européennes et américaines décide de nationaliser les grandes banques sur leurs territoires. Ces comportements contre les paradigmes économiques devraient donner à réfléchir à nous les Africains, en général et les Burkinabè, en particulier. En effet, nous devons être productifs au lieu d’attendre que la crise vienne s’enliser dans notre terreau fertile comme l’a si bien fait le VIH/Sida et d’autres maux commencés ailleurs.
L’Association pour la promotion, le soutien et le suivi de l’investissement privé (APSIP), engagée résolument à booster le développement par la création interne de richesses, fait remarquer que les bouleversements de l’ordre mondial sont toujours intervenus à l’issue de grandes crises. Par conséquent, les autorités africaines et plus particulièrement, celles du Burkina Faso devraient saisir l’occasion pour :
- protéger les petites et moyennes entreprises et industries (PME), surtout celles qui valorisent les matières premières locales, durant une période d’au moins 15 ans ;
- libéraliser en interne les différents secteurs d’activité afin de leur permettre de mieux se préparer à la compétition mondiale à l’issue de la période de protection ;
- inciter les investissements directs locaux et étrangers par l’aménagement d’un cadre macro- économique propice ;
- mettre en place des dispositifs actifs de financement et d’accompagnement des PME tels que le capital-investissement, les prêts d’honneur, des technopoles, des incubateurs et pépinières d’entreprises ;
- voter une loi, à l’image de la “Small Business Act” des Etats-Unis, pour attribuer les marchés publics de faibles montants exclusivement aux jeunes entreprises de moins de cinq ans.

Issa TRAORE, Economiste-Gestionnaire
Président d’APSIP (apsipburkina@yahoo. fr)

Sidwaya

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