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LOTISSEMENTS A KOUBRI ET A ZONGO : Haro sur les recensements frauduleux

Publié le mercredi 29 octobre 2008 à 00h07min

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Les problèmes de recensement relatifs aux lotissements de Zongo et de Koubri préoccupent ce lecteur du journal.

Monsieur les responsables hiérarchiques des conseils municipaux de la province du Kadiogo, c’est avec peut-être une impatience que je vous adresse cette note autour des problèmes de recensements dans les zones non loties de la commune rurale de Koubri dont vous êtes les premiers responsables. En effet, l’opération de recensement de Koubri a vu le jour le 25 août 2008 à la faveur d’un arrêté conjoint n°2008-0037/MHU/MATD du 10 avril 2008, portant autorisation de lotir dans ladite commune.

Aussitôt démarré le 25 août, l’opération a aussitôt été suspendue le 3 septembre 2008, soit une semaine aux fins d’insuffisances de garanties d’un bon aboutissement de l’opération. Premièrement : le 12 septembre, le journal "Le Pays" n°4201, sous le titre : " Lotissement à Koubri : La polémique fait rage" faisait état de plusieurs situations qui suscitaient des gorges chaudes autour du recensement entre les acteurs installés par le maire et un conseiller. On peut retenir entre autres faits sur le terrain :
- le mode du recensement des habitants ;
- les catégorisations des concessions ;
- les plaintes des populations ;
- les ventes des numéros de première catégorie à des non résidents, etc. Des informations claires sur la situation regrettable du recensement par des personnes avisées étaient disponibles. Cette situation présageait des difficultés à venir. C’est ainsi que des marches de soutien au maire sont organisées pour le beau travail, mais aussi pour défier le ministre de l’Administration territoriale qui, du reste, a vu juste en suspendant l’opération par message radio en date du 3 septembre 2008. Des menaces à l’encontre du conseiller Zangré Jérôme par des personnes qui font partie de l’opération du recensement. Des réunions répétitives par groupes organisées en présence du maire constituaient des signes de risque de débordement au cours de cette opération de recensement à Koubri.

La photo publiée par le journal illustre bien l’entêtement des acteurs sur le site (conseillers, autochtones, entreprise chargée du travail du recensement). Ces comportements laissaient transparaître le scandale qu’il y avait sur le terrain. Deuxièmement : toujours dans le journal du 23 septembre 2008, nous lisons avec indignation ceci : "La voiture d’un conseiller incendiée". Dans l’écrit, le conseiller déclare que sa voiture a été incendiée dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 septembre 2008 et qu’il porte ses soupçons sur les meneurs des manifestations de la semaine dernière avec pour instigateur le maire de la commune en personne. En réalité, cette situation survenue relève d’un non- respect de la hiérarchie administrative par les responsables de la mairie, entraînant du coup toute une situation malheureuse qui freine le développement de la commune.

Ce rappel des problèmes de recensement de la commune de Koubri a suscité en moi un intérêt pour l’article paru dans "Le Pays" n° 4229 du 23 octobre 2008 sous le titre "Trafic de parcelles a Boulmiougou" recensement annulé, 6 personnes arrêtées. A la lumière des faits, je loue le courage que le maire Simon Compaoré a eu dans la prise de décision concernant l’opération du recensement dans le village de Zongo. Cet épisode m’amène à comparer et à rapprocher les recensements de Koubri et de Zongo. J’ignore certains aspects du recensement de Zongo tels que la forme juridique de la commission ad hoc du recensement. Cependant, je me permets de porter une analyse des faits sur le terrain sur la base de l’article du journal et d’apprécier deux décisions courageuses du maire dans le règlement de la situation.

Stratégie mise en marche par les fraudeurs

A Koubri comme à Zongo, les stratégies de fraude se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Dans le journal du 12 septembre, on retient ceci :
- chaque jour que Dieu fait, nous recevons des plaintes, la plupart portant sur la vente des bons numéros "A" à des prix variant entre 50 000 et 150 000 francs CFA ;
- Des maisons qui n’ont pas un bon mur sont recensées à la première catégorie "A" ;
- Certaines personnes, après avoir hâtivement construit des murs, les ont aussitôt démolis après leur recensement et sont allés en construire d’autres ailleurs ; là encore elles ont été recensées ;
- Des résidents se retrouvent avec des numéros de second rang, alors que d’autres personnes qui n’ont pas de maisons se font recenser avec des numéros "A" de la première catégorie, ou construisent des maisonnettes de quelques briques seulement ;
- Le recrutement d’un cabinet dont la complicité est évidente. A Zongo, le journal dans son édition du 23 octobre 2008 relate la stratégie utilisée : la stratégie frauduleuse avait consisté en la production de papillons de recensement que les faussaires distribuaient moyennant une somme allant de 50 000 à 75 000 francs. Le pot aux roses aurait été découvert suite à une lettre de dénonciation adressée au maire qui a immédiatement confié le dossier à la police avant de voyager. L’enquête qui s’en est suivie a abouti à l’arrestation de 6 personnes dont un conseiller et un travailleur de la mairie ; l’enquête continue son cours normal afin de démanteler le réseau.

"Je salue la façon de faire de Simon Compaoré"

Cette grosse fraude a eu pour conséquence le gonflement des listes des recensés, la falsification des données issues des recensements, la remise à plat des efforts consentis par le conseil municipal, etc. Pour toutes ces raisons, le maire a déclaré nulles et de nul effet les opérations de recensement. Dans un souci de transparence, une explication de la situation devrait être faite à la population bénéficiaire. J’apprécie le courage, la clairvoyance, l’esprit d’équité et de justice qui ont prévalu tout au long de cette dure épreuve qu’a été le recensement de Zongo. Cette façon de faire du maire Simon Compaoré devrait être un exemple pour tout responsable dans la résolution des problèmes de ce genre.

Cette attitude permet non seulement une reprise rapide des opérations, mais également rétablit la confiance entre les agents et la population bénéficiaire ; elle renforce le sentiment de justice et forge le moral de l’opinion et de la société. Le maire de Koubri, face aux problèmes de recensement relatés par les journaux, devrait prendre tout son courage et agir comme le maire de Ouagadougou. Cette situation qui perdure a commencé à susciter des interrogations sur la position du maire par rapport aux manoeuvres frauduleuses du recensement des populations de Koubri. Je souhaite que les responsables supérieurs relevant des collectivités ouvrent une enquête autour du recensement de Koubri afin que les responsabilités soient situées et des sanctions à la hauteur du forfait soient infligées aux coupables pour permettre la reprise de l’opération de recensement au bonheur des populations bénéficiaires.

Un lecteur du journal

Le Pays

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