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Corruption en politique : poison pour la démocratie

Publié le mardi 28 octobre 2008 à 08h56min

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L’Union interparlementaire définit la corruption comme « l’abus d’une fonction publique à des fins privées ». L’éthique démocratique combat un tel abus qui consiste à exercer des fonctions politiques pour se servir, servir sa famille, ses amis et ses relations, oubliant la masse qui « vous a fait roi ». La politique, pour être un sacerdoce, doit d’abord privilégier les intérêts collectifs, travailler pour rendre effective la justice sociale.

Au lieu que la politique soit le chemin le plus court pour se réaliser, elle devrait, dans la dynamique démocratique qui est celle du Burkina Faso, être une mission de service public accomplie par des hommes et des femmes de foi. Pour paraphraser la philosophie politique, à défaut que les sages soient politiciens, il faut que les politiciens soient sages.
La sagesse en politique, c’est une posture qui consiste à travailler pour le bien-être des générations actuelles et futures. Faut-il attendre qu’une institution internationale vienne nous imposer de mettre de côté des ressources pour les générations à venir ?

Il apparaît bien urgent de renforcer les politiques sociales entreprises par le gouvernement afin de favoriser l’émergence d’une société prospère. Faire de l’espérance une réalité comme le stipule le programme quinquennal du président du Faso. Cela ne peut se faire qu’avec des élus responsables, capables d’incarner le changement positif et dynamique. Les missions parlementaires d’inspection des différents chantiers de développement, illustrent cette volonté de contrôle de l’action gouvernementale.
L’abus de pouvoir et la corruption constituent des poisons pour la démocratie.

Tout « bien mal acquis ne résiste pas au temps », le principal allié et ennemi de l’homme. La démocratie donne au peuple les moyens de récompenser ou de sanctionner les hommes et femmes qui ont choisi de gérer la cité. Ces récompenses et sanctions représentent la somme des motivations et des frustrations que vit le personnel politique. Les moyens de corruption du monde politique sont divers et couvrent les cadeaux en nature, en espèces, en promesses démagogiques difficiles à tenir, et en mensonge. S’il existe des hommes et des femmes de bonne volonté prêts à consentir à tous les sacrifices pour le bien des populations, il y a aussi ceux, visiblement nombreux, qui sont de véritables démagogues, des « profito-situationnistes ». Ils ne diront jamais ce qu’ils vont effectivement faire et ne feront jamais ce qu’ils auront dit. Ils se contenteront toujours du dialogue adapté aux circonstances du moment, pourvu que cela leur permette de satisfaire leurs besoins personnels, d’atteindre leurs buts du moment...

Les politiciens de ce genre font le lit des malheurs de leur parti et de leur pays. Ils ne sont d’aucune aide pour l’exécutif car ils se contentent d’applaudir sans critique ni suggestion. Il faut nécessairement une morale en politique afin de privilégier les grandes ambitions pour nos pays dans la quête du progrès et de la concorde. Il est essentiel de mettre l’accent sur le moins évident, (…) le mensonge en tant qu’instrument privilégié des corrupteurs politiques. Le visage de ceux qui pratiquent cette corruption, à travers la diffamation et la falsification des faits, laisse voir les conflits intérieurs qui les rongent. Les sages conseillent que « le visage est un grand miroir et si tu veux connaître un homme, regarde ce miroir ». Ceux qui veulent nuire utilisent le mensonge et profitent de la naïveté de leur clientèle politique. Cela arrive très souvent dans nos démocraties où l’analphabétisme constitue un handicap pour saisir le sens de la gouvernance démocratique. Ainsi, il arrive par exemple que le menteur politique vole la réputation et l’honneur auprès du peuple. C’est pour cela qu’il ne faut pas juger les uns sur la foi des autres.

Il est intéressant de rappeler à nos élus, ces « esclaves » du peuple, de n’être pas des chauffeurs qui ne savent qu’utiliser « la vitesse marche arrière ». En marche arrière, le véhicule ne peut que reculer, la population avec.

Il faut donc de la synergie entre l’exécutif et les parlementaires pour mettre à la disposition des populations, des chauffeurs qui savent aller de l’avant. Ils doivent être à l’écoute de la minorité car qui n’écoute pas s’égare. Ecouter, c’est comprendre. Tous les élus, peu importe le bord, poursuivent les mêmes intérêts à savoir voter des lois qui protègent la République et le citoyen, entreprendre des actions pour consolider le processus de développement et donner une meilleure image du pays à l’extérieur, à travers la coopération et la diplomatie parlementaire. De là, il faut reconnaître que nos régions méritent mieux que des oppositions entre députés de même camp ou de camps opposés. Les fils d’une même région devraient se donner la main, chacun selon son apport pour réaliser le bien-être et la quiétude. Il est toujours regrettable d’observer les conflits larvés entre hommes ou femmes politiques. Est-ce là servir la région, les populations et le pays ?

Chacun devrait faire violence sur soi pour le bien commun. Leaders dans leur circonscription respective, les élus, en démocratie doivent veiller à leur utilité sociale en mettant tout en œuvre pour réaliser leurs promesses. Il n’y a pas plus grande douleur que d’être un homme politique qui fuit les milieux populaires à cause de l’hostilité du peuple à son égard. A ce propos, les audiences populaires organisées par le maire de Ouagadougou sur la question du lotissement méritent d’être encouragées. Gouverner, c’est aussi et surtout être responsable et rendre compte. En tous les cas, pour la crédibilité du personnel politique, il importe que les cas de corruption (ou de présomption de corruption) mis en évidence par les différentes inspections d’Etat puissent être effectivement traités par la justice jusqu’au bout, quitte à ce que cette institution confirme ou infirme (…), comme ce fut le cas pour Bana Ouandaogo et la Croix-Rouge.

Il s’agit par exemple des « dossiers sales » de certaines administrations de l’Etat, les cas des parcelles et bien d’autres.

L’un des derniers en date, s’est déroulé au sein d’une entreprise privée bancaire de la place, où la levée de l’immunité parlementaire, d’un jeune député, a été requise par le Procureur du Faso. L’article 77 de la Constitution du Burkina Faso prescrit l’obligation de déclaration des biens des membres du gouvernement à leur entrée en fonction ; mais à la cessation desdites fonctions il n’est pas demandé de point sur ces biens. Et ce, alors que selon certaines enquêtes, il ya des responsables qui, une fois nommés, harcèleraient des directeurs dépendant d’eux, sur des questions d’argent...

En outre, cet article 77 a donné lieu à une loi qui récapitule, à juste titre, les postes de responsabilité autres que ministériels pour lesquels la déclaration des biens s’imposait ! En effet, certains directeurs généraux n’envient en rien des ministres dont le département commande d’exercer juste un sacerdoce. D’ailleurs, « qui n’a pas entendu » ce propos d’un DG (Directeur général), proposé comme ministre, s’exclamer en ces termes :" Qui a eu cette mauvaise idée ?". Voilà qui veut tout dire.

Par Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)

Sidwaya

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