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Zimbabwe : Que peut apporter le cycle de Mbabane ?

Publié le dimanche 26 octobre 2008 à 23h44min

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Depuis les élections générales du 29 mars et le second tour de la présidentielle en juin 2008 au Zimbabwe, ce pays n’en finit pas d’être sous les feux de la rampe. La Communauté internationale et les Zimbabwéens l’auront constaté : après 28 ans de règne, le héros de l’indépendance de l’ex-Rodhésie, devenu tyran, refuse de partir. Pourtant, le 2e round du scrutin présidentiel avait sonné la défaite de la ZANU-PF, le vieux parti au pouvoir.

Car, comme nous l’écrivions dans une de nos Grille de lecture, « En Afrique, lorsqu’un parti de l’opposition rafle 48% des suffrages face à une formation au pouvoir, c’est qu’en réalité, cette opposition est sortie vainqueur... ».

En Afrique, les cas de partis présidentiels qui organisent des élections pour les perdre sont rarissimes. Papy Bob avait à l’évidence perdu la présidentielle, mais s’était arc-bouté au pouvoir, plongeant son pays dans le chaos, et une économie qu’il a contribué à mettre à l’agonie, avec une inflation à 6 chiffres.

Mais, voilà que, sous l’égide du médiateur de la SADEC, l’ex-chef de l’Etat sud-africain, Thabo M’beki, on s’achemina vers une solution à la Kenyane : le partage du pouvoir. A l’image d’un Mwai Kibaki, qui accepta de céder une partie de son pouvoir à Raïla Odinga, Thabo Mbeki parvint à convaincre le vieux président zimbabwéen de céder.

In fine, le 21 juillet 2008, Morgan Tsvangirai et Mugabe signèrent un accord à minima, qui campa le cadre des négociations. On qualifia à l’époque la poignée de main entre les deux rivaux de celle d’un humain (Morgan) avec le « diable » Mugabe, car depuis 1998, les deux hommes ne s’étaient pas serré la main. Ce modus vivendi zimbabwéen prévoyait une sorte de poste de Premier ministre, qui reviendrait au patron du MDC, et des strapontins à certains de ses collaborateurs.

C’était sans compter avec celui qui se targue d’être diplômé es violences, qui, rapidement (sous le diktat de l’armée ?) se rebiffa. Depuis plusieurs semaines donc, la machine politique de ce pays est encore grippée. Le grain de sable responsable de cet arrêt : les couacs dans la répartition des postes ministériels. D’où encore d’intenses activités diplomatiques, déployées par le puissant voisin pour rapprocher les positions. Les deux leaders veulent-ils vraiment s’entendre ?

N’assiste-t-on pas à un jeu de dupes ? Autant de questions pas superflues, au regard de l’attitude des deux adversaires, qui semblent chacun guetter l’autre. En signant l’accord sur un gouvernement d’union à la mi-septembre, Mugabe et Tsvangirai savaient pertinemment que dans tout accord, chaque partie perd de quelque chose.

D’où vient alors que chacun campe sur une position maximaliste ? C’est que le minimum de confiance est la chose la moins partagée entre les deux. On les comprend. Cependant, du fait que ce sont des millions de leurs concitoyens qui sont pris en otage et qui payent cher cette guéguerre politique, autant arrêter. C’est pourquoi on espère que le mini-sommet de Harare qui s’ouvre en principe aujourd’hui 27 octobre 2008 consacrera le partage des postes ministériels, véritable casse-tête s’il en est.

Si, en effet, le président du MDC a dit « niet » au sommet régional du 20 octobre dernier, qui s’est déroulé au Swaziland, il y avait bien sûr des considérations d’ordre pratique (Mugabe pouvait arguer l’absence de son passeport pour le maintenir hors du pays) et politique, car on n’est jamais aussi fort que chez soi.

« On ne fait pas la paix avec ses amis, mais avec ses ennemis », a laissé entendre récemment Kgalema Motlanthe, le président sud-africain, à l’endroit de Morgan Tsvangirai. Le roi du Swaziland, Mwatsi III, qui est à la tête de la Troïka de la SADC consacrée au Zimbabwé réussira-t-il à fléchir les positions ? Autrement dit que peut apporter ce qui ressemble au cycle de Mbabane ?

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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