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PRESIDENTIELLE AMERICAINE : Al Qaeda, grand électeur

Publié le vendredi 24 octobre 2008 à 01h24min

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L’ombre d’Oussama Ben Laden plane une fois encore sur la campagne électorale américaine. Comme si depuis les attentats du 11 septembre 2001, l’ennemi public numéro un des Etats-Unis avait décidé, à chaque étape majeure de la vie de ce pays, de mettre les pieds dans le plat, voire de la hanter.

Cette intrusion s’est déjà faite en 2004, lorsqu’en pleine campagne, le chef d’Al Qaeda s’est fendu d’une vidéo menaçante dont George W. Bush avait tiré profit. Le traumatisme des attentats du World trade center était encore vif chez les Américains, qui n’ont pas hésité à voter pour Bush. Celui-ci apparaissait à leurs yeux comme le seul à même de les défendre contre la menace terroriste. Qu’en sera-t-il cette année ?

En s’invitant dans la campagne 2008, Ben Laden fera-t-il balancer les faveurs des électeurs vers les républicains, réputés pour être plus agressifs dans la lutte contre le terrorisme ? Ou alors assistera-t-on à l’effet inverse avec la poussée continue de Barack Obama ? Une chose est sûre, Al Qaeda a changé de mode opératoire dans son entrée dans la campagne. Il ne s’agit plus d’une vidéo neutre, mais d’une déclaration de soutien en bonne et due forme à un des candidats, en l’occurence John McCain. Des messages de ce type sont appelés à être maniés avec précaution en raison des risques de manipulation. Pourquoi, en effet, Ben Laden n’a-t-il pas délivré lui-même son message par vidéo, comme d’habitude, pour lui conférer plus d’authenticité ? Toujours est-il que ce message, vrai ou truqué, jette le trouble dans la campagne américaine et pourrait l’influencer d’une façon ou d’une autre.

Le débat sur les questions de sécurité et de terrorisme, occulté par la grave crise financière, pourrait ainsi s’imposer à nouveau aux électeurs et aux candidats. A priori, on pourrait croire que McCain part gagnant si la campagne quittait l’économie, bête noire des républicains, pour occuper le thème de la sécurité. Depuis le début de la campagne, McCain n’a de cesse de se gargariser de son passé de vétéran, pour se présenter comme le meilleur commandant en chef capable de défendre l’Amérique contre ses ennemis. C’est son thème favori, et n’eût été l’entrée fracassante de la crise financière dans la campagne, il s’en serait prévalu à tout bout de champ. C’est à contre-coeur qu’il a dû se lancer sur le terrain miné de l’économie. Ben Laden soutient et souhaite sa victoire, pas par sympathie pour ses idées, mais pour pouvoir mieux frapper l’Amérique. La mouvance Al Qaeda en est aussi arrivée à la conclusion que McCain est le clone de Bush dont il perpétuera l’héritage politique en cas de victoire.

De ce fait, le candidat républicain peut apparaître aux yeux de certains Américains comme celui que redoute Al Qaeda. Selon les sondages, les Américains , très sensibles à la question du terrorisme, font plus confiance à McCain pour leur sécurité. C’est d’ailleurs l’un des rares domaines où le répulicain garde la tête hors de l’eau. La déclaration de Ben Laden peut de ce fait semer la graine de la terreur chez certains et moduler leur choix le 4 novembre prochain. Ce serait cependant faire une mauvaise lecture de ce message de soutien, que de croire qu’une élection de McCain soit l’arme fatale contre les djihadistes du monde. L’Amérique est usée par toutes ces années d’offensives contre une nébuleuse insaisissable.

Non seulement cette "croisade" n’a pas eu les effets escomptés, qui sont de nettoyer de la surface de la terre toute forme de terrorisme, mais pire, elle a aggravé le phénomène, tout en semant la mort, celle de populations innocentes. La politique débridée de Bush est incontestablement un fiasco que seule une vision radicalement opposée pourra un tant soit peu réparer. Et qui mieux que le démocrate Obama peut rétablir cette diplomatie apaisée que le monde entier appelle de tous ses voeux ? Rien que le battage médiatique qui entoure une lettre dont on n’a pas pu établir formellement l’authenticité, prouve en tout cas à quel point le nom de Ben Laden est étroitement lié à la vie politique américaine.

Par l’influence qu’il peut exercer sur le cours d’une campagne électorale aux Etats-Unis, il s’affiche presque comme un grand électeur. L’Amérique doit pourtant arriver un jour à se débarrasser de la psychose des attentats, pour se recentrer sur les valeurs qui ont fondé sa puissance aujourd’hui menacée. La crise financière qui secoue le pays démontre à souhait les errements de l’administration Bush. Une nouvelle gouvernance s’impose donc à la Maison-Blanche, qui ramènera la sérénité chez les Américains. Cela passe par une vision moins manichéenne des rapports entre l’Amérique et le reste du monde, avec les uns incarnant le Bien et les autres, le Mal. Cela suppose plus d’humilité et un peu de respect pour les aspirations des autres peuples à vivre comme ils le souhaitent.

"Le Pays"

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