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Déchets toxiques : Verdict mortel du procès des lampistes

Publié le vendredi 24 octobre 2008 à 01h24min

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En septembre 2006, un navire pétrolier grec, le Probo Kaola, déversait sur une zone de décharge à Abidjan en Côte d’Ivoire, plus de cinq cents tonnes de déchets toxiques. Une catastrophe environnementale sans précédant dans la capitale économique ivoirienne, qui a causé le décès de 17 personnes et occasionné une intoxication de plusieurs milliers d’autres.

Commence alors une longue période cauchemardesque chez les uns et les autres pour situer les responsabilités afin de châtier les coupables d’un tel crime. Une enquête, menée par la justice ivoirienne, a abouti à un procès, qui s’est ouvert le 29 septembre 2008.

Et les choses sont allées apparemment vite, puisque la Cour d’assises d’Abidjan, devant laquelle s’est déroulé ce procès pénal, a rendu son verdict le mercredi 22 octobre dernier. Les appelés à la barre, 9 sur les 12 qui avaient reçu une citation à comparaître. Il leur était reproché « l’empoisonnement » et une « tentative d’empoisonnement ». Au finish, dans ce « procès des alevins », comme nous l’écrivions dans notre édition du vendredi 5 octobre (les principaux concernés, les membres de la société affréteur, Trafigura, après un règlement amiable s’en étaient lavé les mains), les jurés ont prononcé 7 acquittements et 2 condamnations.

Les acquittements sont en faveur de l’ancien directeur général des affaires maritimes et portuaire, du responsable de la capitainerie du port autonome d’Abidjan, de trois douaniers, d’un agent shiping chez Waibs et du directeur des opérations techniques chez Waibs également. Les deux personnes condamnées, la première, un agent de la société consignataire du Probo Koala au port d’Abidjan, poursuivi pour complicité d’empoisonnement, écope d’une peine de prison de 5 ans et d’une privation de 10 ans de droits civiques ; la justice lui reprochait d’avoir livré les coordonnées de Tommy à la filiale ivoirienne Trafigura, Puma Energy, afin de décharger le contenu toxique du Probo Koala. Le deuxième larron qui paye cher son crime est le principal accusé donc, le patron de Tommy, la société qui avait exécuté la salle besogne, en déversant les déchets du Probo Koala à l’air libre sur cette zone de décharge de la ville d’Abidjan ; il est d’origine nigériane. La Cour le condamne à 20 ans de réclusion et lui interdit de séjour pendant 10 ans sur le territoire ivoirien.

C’est assurément un verdict mortel pour les lampistes. Pouvait-il en être autrement, quand on sait que les gros poissons sont passés par les mailles du filet de la justice ivoirienne ? En tout cas, les propos d’un avocat de l’un des acquittés en disent long : « La Cour d’assises a dû faire une analyse saine de la situation parce qu’on ne peut pas entrer en voie de condamnation en ne tenant pas compte des grands absents de ce procès ». Le fait est assez grave, c’est quand même une catastrophe environnementale dont on ne sait pas quelles peuvent être les conséquences à long terme.

Il aurait fallu obtenir coûte que coûte, vaille que vaille que ceux qui ont eu cette funeste idée d’aller déverser des déchets toxiques en Côte d’Ivoire comparaissent et répondent de leurs actes. Demain ça peut être un autre pays. S’il faut accepter de l’argent et offrir nos terres comme des poubelles, on est où là ? Et puis, on peut se demander si le procès a véritablement atteint son objectif.

Agnan Kayorgo

L’Observateur Paalga

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