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Sites web ministériels : Un anachronisme incroyable !

Publié le lundi 20 octobre 2008 à 08h30min

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Rechercher et trouver une bonne information sur les sites web ministériels burkinabè relève purement et simplement du parcours du combattant. L’internaute est désorienté entre masses d’informations décousues, dépassées et inexploitables et difficultés d’accès à certains liens. Certains ministères, et pas des moindres, ne sont même pas référencés sur la toile.

En lançant le Système d’Information du Gouvernement (SIG), le gouvernement fait pourtant l’apologie de la E-administration ou administration électronique. Les usagers de l’administration publique devraient donc avoir l’information en temps réel. Mais on en est encore très loin. Quand on sait que la plupart des ministères disposent (au moins dans leur organigramme) d’une Direction de la Communication, on se demande bien ce qui s’y passe.

Un tour d’horizon des sites électroniques des ministères renseigne sur les forces et les faiblesses de chacun. L’inégalité de leur qualité est flagrante. La sensibilité aux impératifs d’e-gov et d’e-administration n’est vraiment pas la même pour tous. Certains sont faciles à consulter et offrent une information régulièrement mise à jour, tandis que d’autres font preuve d’amateurisme. Au nombre des ministères qui font l’effort d’actualiser tant bien que mal leurs données, on a, dans l’absolu, le Premier ministère et le Secrétariat Général du Gouvernement et du Conseil des ministres. Mais au niveau de cette structure, l’actualité est dominée par les comptes rendus du Conseil des ministres. Ensuite vient le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale.

A la date du 06 octobre 2008, date de la dernière mise à jour du site, la dernière actualité était vieille d’une dizaine de jours. Elle datait exactement du 20 septembre 2008 et portait sur la rencontre entre l’ambassadrice Monique Ilboudo et les Burkinabè du Danemark. Mais sur le site, il n’y a aucune photo ou information sur le ministre dans l’onglet qui lui est réservé. Les autres sites sur lesquels il n’y a ni information ni photo sur le ou la ministre au lieu indiqué sont ceux de la Justice, de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, de la Promotion des droits humains. Ceci dit, les autres ministères ne s’en tirent pas à bon compte. De nombreuses autres aberrations existent !

Le culte du passéisme

A titre illustratif, sur le plan de l’actualité, les dernières nouvelles datent du 10 mai 2007 sur le site du ministère de la Justice. Il s’agit d’un exposé sur l’amélioration du système judiciaire. Rien n’est dit sur la dernière rentrée judiciaire.

Au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, la dernière actualité date d’août 2008. Elle porte sur l’installation des gouverneurs de régions. Un seul document est accessible en ligne. Il s’agit du rapport de synthèse des résultats de l’atelier de validation des avants projets de lois de décentralisation au Burkina Faso. Inutile de rechercher le code des collectivités territoriales. Il ne figure pas sur le site. Pourtant, l’internaute peut avoir accès à la Constitution, au Code Civil et à bien d’autres documents sur le site du ministère de la Justice.

Ce qui fait office d’actualité la plus récente du ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie se rapporte à une visite, le 23 juillet 2007 du ministre Kader Cissé à Poura. Aucune information sur l’éboulement de la mine d’or de Konkéra dans le Sud-Ouest. Au ministère de la Défense, la dernière information date de mai 2008 et porte sur les résultats aux examens du Prytanée Militaire du Kadiogo (PMK). Au ministère du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’artisanat, on en est toujours aux décorations de 2007 sans la moindre ligne sur les émeutes de la vie chère et les mesures gouvernementales pour y faire face.

Le ministère de la Promotion des droits humains affiche à la UNE de sa rubrique "Actualités" un article datant du 11 juillet 2005 ! Il porte sur la journée du souvenir de la démocratie et des Droits humains. Les autres nouvelles (de 2004) sont relatives à des déplacements de Monique Ilboudo, alors ministre en charge de ce département. Bien que présentes sur le site, la Constitution et les différentes conventions ratifiées par le Burkina Faso ne sont guère accessibles. Le ministère des Sports et Loisirs ne fait pas mieux. Il consacre toute sa rubrique "compétitions nationales" à L’USSUBF. En compétitions internationales, le ministère de Jean-Pierre Palm est toujours à l’ère de la CAN 2006 et au 19è Tour du Faso couru du 19 octobre au 06 novembre 2006 !

Confusion totale !

Des sites comme ceux de la Sécurité, des Postes et des TIC, malgré la tenue régulière de la Semaine Nationale de l’Internet (SNI), sont inaccessibles. D’autres brillent par la confusion qu’ils sèment dans l’esprit de l’internaute. Ainsi, est-il toujours question de la vieille appellation "Ministère des Infrastructures, des transports et de l’habitat". Ce ministère a pourtant été éclaté en 03 ministères totalement distincts. Ce site est en retard de plusieurs générations. En plus, il est inaccessible ! Le porte parole du Gouvernement se retrouve rattaché au ministère des Relations avec le Parlement alors qu’il est exercé dans les faits par le ministère de la Communication. Cécile Béloum est parfaitement inconnue sur le site de ce ministère. Sur le site du ministère de l’Economie et des finances, Jean-Baptiste Compaoré, remplacé par Pierre Marie Noël Bembamba, est pourtant toujours ministre !

Même constat sur le site de L’Economie et du développement (un ministère qui n’existe d’ailleurs plus) où la photo de Seydou Bouda apparaît toujours dans la rubrique "ministre", alors que celui-ci, avant d’être nommé dernièrement ministre de la Santé, était à la Fonction publique. Cela veut donc dire que Bouda se trouvait à la tête de deux ministères (un réel et un fictif) sur la toile. Quel désordre ! Il est également toujours question du "ministère du travail, de l’emploi et de la jeunesse" avec Jérôme Bougma comme ministre. Le pauvre Koutaba qui crapahute pourtant fort sur le terrain est donc allègrement avalé. Au ministère de l’Agriculture, c’est toujours la photo de Salif Diallo qui est affichée alors que c’est Laurent Sedogo qui est actuellement à la tête de ce ministère. Sur ce ministère, la dernière actualité date de mai 2008, du temps donc de Salif.

Alors qu’on s’attendait vraiment à ce que le ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication montre patte blanche par rapport à cette présence sur la toile, c’est paradoxalement à ce niveau qu’on tombe des nues. Tenez ! Les attributions du MCTC chevauchent entre ce ministère et le ministère de l’Information. Eh oui ! Bien que ce ministère ait été supprimé, il est toujours comptabilisé parmi les ministères en exercice. Et c’est sur le site de ce ministère que se retrouve la photo de Filippe Savadogo comme ministre de l’information. Dans le même moment, il ne figure pas sur son vrai ministère. Quand on clique sur le lien "ministre", on voit apparaître son nom sans la moindre photo ni grande information alors que ces aspects sont bien pris en compte au niveau du site du ministère de l’Information où figurent sa photo et son CV.

Ce méli mélo sur la toile donne vraiment l’air d’un bal masqué. Au total 26 ministères sont répertoriés sur les "sites web ministériels" du site du Premier ministère. Il existe pourtant 34 ministères. Huit ministères sont donc absents à cause des incohérences enregistrées de part et d’autres (ministère des Transports, de l’Habitat et de l’urbanisme, de la Jeunesse et de l’emploi, des Infrastructures et du désenclavement, et tous les ministères délégués). Le constat est vraiment ahurissant. De nos jours, une administration respectable doit se débarrasser de ces oripeaux pour se conformer aux exigences de la Net économie. La bonne gouvernance passe aussi par là. Il faut instaurer la culture de l’excellence à tous les niveaux.

De plus en plus, on attend du secteur public, en tant que promoteur de la croissance économique, qu’il puisse jouer et qu’il joue un rôle beaucoup plus actif. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) peuvent aider les administrations à relever ces nombreux défis. L’accent ne doit cependant pas être mis sur la technologie, mais plutôt sur l’utilisation des TIC dans les administrations publiques, associées à des changements au niveau de l’organisation et à de nouvelles aptitudes du personnel, dans le but d’améliorer les services publics et de renforcer les processus démocratiques et de soutien aux politiques publiques.

Dès maintenant, il urge de développer de bonnes pratiques pour fournir des services publics de meilleure qualité, pour réduire les délais d’attente et améliorer le rapport qualité/prix, pour augmenter la productivité et améliorer la transparence et la responsabilité des services. Il faut vraiment "nettoyer" et bien, les sites web ministériels !

Par Aimé Franck Bazié

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