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FMI - Banque mondiale : La malédiction du bois sacré

Publié le dimanche 19 octobre 2008 à 23h45min

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Dominique Strauss-Kahn

On dit qu’on ne se baigne jamais deux fois dans les eaux d’un même fleuve, mais force est de reconnaître que l’histoire a parfois la fâcheuse tendance de repasser les plats.

Pour preuve, le scandale qui secoue actuellement le Fonds monétaire international (FMI). Son directeur général, le Français Dominique Strauss-Kahn, est en effet l’objet d’une enquête pour népotisme engagé par le doyen de l’institution Shakour Shaalan, représentant l’Egypte et d’autres pays arabes au Conseil d’administration, sur la base d’informations qui ont commencé a fuité en septembre dernier.

Les fins limiers du cabinet Morgan, Lewis and Bockius, commis pour tirer cette affaire au clair et dont le rapport est attendu d’ici la fin de ce mois, doivent répondre aux deux questions principales suivantes :

1. DSK a-t-il fait montre de favoritisme à l’endroit de dame Piroska Nagy, une ex-haute responsable (d’origine hongroise) du département Afrique du FMI qui fut sa maîtresse pendant quelques mois ? 2. N’a-t-il pas cherché à se venger après la fin de l’idylle ?

En un mot comme en mille, n’a-t-il pas abusé de sa position pour offrir une sinécure ou régler des comptes. Des réponses à ces questions dépendent le maintien ou non de l’ancien ministre français de l’Economie et des Finances à son poste et, par ricochet, la crédibilité de l’institution voire le retour au calme sur les marchés financiers qui sont dans l’œil du cyclone depuis l’éclatement, il y a plusieurs semaines, de la bulle spéculative.

Nommé en septembre 2007 avec le soutien actif de Nicolas Sarkozy qui voyait ainsi s’éloigner un potentiel concurrent de poids à la présidentielle de 2012 en même temps qu’il semait, une fois de plus, la zizanie au Parti socialiste, Strauss-Kahn avait pour mission de reformer en profondeur l’institution. "En profondeur", il y est sans doute allé, mais pas dans la bonne direction. Il faut croire d’ailleurs que celui qu’on a souvent présenté comme l’un des meilleurs économistes hexagonaux, et même européens tire plus vite que son ombre.

Si l’on en croit en effet le Wall Street journal qui a révélé et relaté par le menu cette histoire dans son édition de samedi, les premières approches entre les deux amants ont lieu en décembre 2007, soit à peine un petit trimestre après l’arrivée à Washington du nouveau maître des lieux. On eût dit qu’il avait d’autres priorités. Début 2008, les deux tourtereaux passent aux choses sérieuses. Ils se connurent pour parler chastement.

Le hic, c’est que les deux sont mariés et de fait, le flirt va faire long feu, le cocufié ayant découvert des courriels compromettants échangés entre son épouse et son rival.

En fait, cette relation, quoique grave, n’aurait été qu’une banale affaire de mœurs si le monsieur n’occupait pas la position qui est la sienne et s’il n’était pas suspecté d’avoir confondu sa fermeture-éclaire à la bourse du FMI.

Qui pis est, au moment où la boîte est en première ligne dans le front ouvert pour rasséréner la Bourse, ça fait vraiment mauvais genre et les places financières déjà mal en point n’avaient vraiment pas besoin de ça.

Cette épreuve rappelle forcément celle endurée il y a une année par Paul Wolfowitz, ci-devant président de la Banque mondiale. Accusé en mai 2007 d’avoir accordé des faveurs à sa compagne qui travaillait, elle aussi, dans la Banque des banques, le chef de file des néoconservateurs américains, imposé par l’administration Bush pour, soi-disant, assainir les pratiques de gestion de la maison, avait dû démissionner quelques mois plus tard.

Il a, depuis, été remplacé par Robert Zoellick. Le solide gaillard à la chevelure argentée sera-t-il, lui aussi, poussé à la sortie à cause d’une légèreté préjudiciable à l’image tout au moins d’une boîte où le maître-mot doit être "rigueur". On se souvient en tout cas qu’il y a un an, Wolfie s’était ruiné en dénégations, jurant la main sur le cœur n’avoir rien à se reprocher, comme l’actuel incriminé avant d’être contraint de jeter l’éponge. Celui-ci va-t-il subir le même sort, lui qui dit apporter son "plein soutien" aux investigations sur "un incident" survenu dans sa vie privée en janvier 2008 ?

On n’en est pas encore là, mais on peut parier que le mari d’Anne Sinclair, l’ancienne présentatrice vedette de TF1, ne sortira pas indemme de cette mauvaise... passe si on ose dire. C’est croire d’ailleurs qu’il y a une espèce de malédiction du bois sacré qui n’épargne pas ces dernières années ceux qui s’installent dans le sanctuaire de Bretton Woods sans être des parangons de vertus.

La question se pose maintenant de savoir, au cas où l’Eléphant en retraite du PS serait contraint de rendre le tablier, si ses présentes déconvenues auront un impact considérable sur sa carrière politique, notamment le destin présidentiel qu’il se voyait. Mais on sait que, jusqu’à preuve du contraire, les Français ne sont pas particulièrement regardants sur les frasques de leurs dirigeants.

Ousséni Ilboudo

L’Observateur Paalga

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