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Mohamed Doumi, ambassadeur de la Fédération mondiale : "Il faut œuvrer à l’avènement d’une justice sociale au Burkina"

Publié le dimanche 19 octobre 2008 à 23h46min

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Mohamed Doumi ou l’Algérien expulsé de Folembrey, n’est plus à présenter. Très actif dans toutes les activités de soutien au président du Faso, Doumi ne cache d’ailleurs pas son admiration pour le premier des Burkinabè, qu’il qualifie de grand homme de paix. Lui-même nommé ambassadeur de la paix, par la Fédération mondiale pour la paix universelle, il parle dans cet entretien (qu’il nous a accordé à l’issue d’une formation sur le secourisme dont il était le parrain), de ses missions et de ses projets en tant qu’ambassadeur, et de la nécessité d’une justice sociale au Burkina.

Sidwaya (S.) : Vous venez de parrainer la formation d’agents de secourisme. Que pensez-vous d’une telle initiative ?

Mohamed Douni (M.D.) : L’initiative est positive. Nous allons poursuivre le parrainage de telles activités, pas forcément dans le domaine du secourisme. Pour parler de la formation proprement dite, je trouve qu’elle était nécessaire. Et cela, au vu de la situation de la circulation routière, des accidents dans les lieux de travail, et même à domicile. Il y a cinq ou six mois, une famille a été décimée dans le quartier Pissy, suite à un incendie. Donc, le secourisme est important. Chaque ministère devrait avoir en son sein, au minimum deux agents secouristes. Il en est de même des grandes sociétés, où le travail présente beaucoup de risques (SONABEL, ONATEL, SONABHY, les grands garages, les mines et carrières...). En tant que parrain, je suis toujours prêt à soutenir des activités dans le domaine du secourisme. En dehors du secourisme, je suis aussi prêt à m’investir dans le soutien aux enfants orphelins et handicapés.

S. : Vous êtes actif dans la prévention et la promotion de la paix. Pouvez-vous en parler davantage ?

M.D. : Sans la paix, il n’y a pas d’activités de développement. Chacun doit cultiver la paix dans sa famille, avec ses voisins dans le quartier etc. En tant qu’ambassadeur de la paix universelle, je soutiens le Burkina Faso, qui est un pays de paix et ses initiatives de retour de la paix dans les pays voisins, en Afrique et ailleurs. Parce que notre mission est universelle. Au niveau de la Fédération mondiale pour la paix universelle, nous avons déjà un programme intitulé "initier la paix dans les quartiers", nous avons en projet l’organisation d’un séminaire de formation des jeunes, etc. Il s’agit en réalité de toucher tous les secteurs d’activités, les habitations urbaines, etc. Nous avons des animateurs spécialisés dans ce domaine, que l’on enverra pour former des gens, créer des noyaux, des cellules de 5-10 personnes dans chaque secteur d’habitation urbaines, et qui se chargeront d’œuvrer à la prévention de la paix. Et nous en tant qu’ambassadeur, nous les soutenons avec nos moyens. S’il y avait des ambassadeurs de la paix dans les localités où ont éclaté les conflits agriculteurs/électeurs, peut-être que ces affrontements n’auraient pas eu lieu. Car ils allaient jouer leur rôle.

Notre rôle, c’est d’œuvrer à la paix à travers le dialogue, la concertation, la consultation avec tous les membres de la société. Même les opposants d’un pouvoir en place ne sont pas des ennemis d’un peuple. Ils sont des citoyens comme les autres et c’est seulement leurs idées qui diffèrent de celles du camp d’en face. Au sein de notre fédération, il y a même des opposants. Et si un opposant milite au sein d’une organisation telle que la nôtre, c’est qu’il veut la paix. Je constate que le pouvoir au Burkina Faso, avec le président du Faso en tête, est très ouvert et n’a jamais fermé les portes. Le Burkina a besoin de la paix pour progresser et l’on devait soutenir le programme du président du Faso, qui est un grand programme de développement pour le Burkina. Car il est destiné à sortir les Burkinabè de la pauvreté, de l’ignorance. Les opposants, la société civile, les intellectuels, etc. devraient travailler main dans la main pour sortir le Burkina de la pauvreté.

S. : Cette paix que vous voulez durable pour le Burkina n’est-elle pas menacée dans la mesure où l’on déplore souvent le manque de justice sociale ?

M.D. : Effectivement, j’ai déjà dit dans la presse que si ce sont les pauvres qui vont payer, pas les riches. Le riche peut se cacher dans une voiture blindée et disparaître tranquillement. En tant qu’ambassadeur de la paix, je conseille à ceux qui sont riches de participer à la construction du pays. Ils doivent partager leurs biens avec les pauvres, participer aux œuvres sociales. Par exemple, créer des projets en faveur des enfants de la rue, ou en faveur des malades mentaux. Ce sont des projets que nous avons dans notre programme. Car les enfants de la rue, sont une menace pour la paix sociale.

Œuvrer pour une justice soci le au Burkina est très important, car ce pays n’a pas de pétrole, de diamant, d’uranium, de grandes usines, etc. Il n’a que le soutien des pays amis. Avec le capital des promoteurs du secteur privé, ceux-ci doivent s’investir dans le développement des infrastructures. Mais ils ne doivent pas négliger la classe ouvrière avec qui ils travaillent. Il faut aussi les respecter, en les encourageant, en les motivant. J’emploie 12 personnes. J’ai payé des vélos, des portables pour elles, pour les encourager. C’est une question de cœur et de religion aussi. Et là, je trouve que les religieux ne jouent pas leur rôle. Si les responsables musulmans et chrétiens jouaient leur rôle, ils allaient sensibiliser leurs croyants à aider à la création d’emplois pour les jeunes par exemple. Il faut faire quelque chose pour les enfants de la rue, livrés à la drogue, à la délinquance, au grand banditisme. Ils constituent une menace pour la paix sociale. L’Etat ne peut pas tout faire. Il appartient aussi aux associations de jouer leur partition.

S. : En tant qu’ambassadeur de la paix universelle, quels sont vos projets pour une paix véritable ?

MD. : J’ai en projet la création d’une fédération de la paix, "Salam internationale". C’est une idée qui a été mûrie pendant deux ans. Et presque tous les pays de l’Afrique de l’Ouest sont représentés dans cette fédération. Dans notre programme, il y a plusieurs chantiers : les puits d’eau, le secours des enfants orphelins, la construction d’écoles, la création d’emplois pour les femmes rurales, la construction de maternités, de centres pour malades mentaux, de centres d’apprentissage pour les mécaniciens, les maçons, les techniciens, etc, dans chaque province. Le dossier est déjà au niveau de l’Etat et nous attendons l’agrément. Nous nous chargeons de chercher les financements dans les pays arabes. Notre action ne se limitera pas seulement au Burkina. Elle s’étendra aux pays africains, parce que nous avons les mêmes problèmes.

S. : A votre avis, quelle "thérapeutie" faut-il pour éviter les conflits armés en Afrique ?

MD. : Tous les problèmes africains doivent avoir leurs solutions en Afrique. Tant que l’on aura l’oreille tendue de l’autre côté, on n’avancera pas. L’illustration parfaite, c’est le cas de la Côte d’Ivoire. Vous avez remarqué que ce n’est ni Marcoussis, ni Accra, encore moins Pretoria, mais bien à partir de Ouagadougou que la paix se dessine. Les Africains ne se donnent pas de la valeur.
Et pourtant, nous avons toutes les compétences : des philosophes, des penseurs, etc. L’Afrique a tout donné.
L’Occident a toujours travaillé à ce que les Africains dénient leur culture, leurs valeurs traditionnelles. Mais, il faut que les Africains se réveillent d’un sommeil profond. Il faut qu’ils résolvent eux-mêmes, leurs problèmes, leurs différends. Cela est très important.

Entretien réalisé par Gabriel SAMA

Sidwaya

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