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Sarkozy et le Sommet de Québec : Le premier des français n’a pas le temps pour la Francophonie

Publié le vendredi 17 octobre 2008 à 02h20min

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« Ça serait une très bonne nouvelle si le président Bouteflika acceptait de prendre part au sommet de Québec cette année », a confessé Nicolas Sarkozy, qui, à l’image des autres chefs d’Etats qui seront présents à Québec, serait très fier de voir l’Algérie sur le tableau de chasse de la Francophonie.

Le pays de Boumediene ne fait pas officiellement partie de ce regroupement, mais son actuel président a déjà brisé le tabou en se rendant au 9e sommet à Beyrouth. Sa présence sera donc un événement.

La présence …et les absences de Nicolas Sarkozy également. Si l’on se fie à l’agenda du président français, l’observateur pourrait, avec un petit sens de la répartie et pour le prendre au mot, lui répliquer que ça serait une très bonne nouvelle si lui aussi acceptait de prendre part, de bout en bout, au sommet de Québec de cette année.

Au cours cette rencontre, qui doit aborder des sujets très sérieux comme les questions de la paix, de la sécurité, de la démocratie, de la gouvernance économique, de l’environnement, sans oublier le sujet brûlant de l’heure, la crise financière mondiale, qui ne connaît pas de barrière de langue, avec ses inévitables répercussions dans le monde, le président français fera malheureusement de brèves apparitions.

Il prendra part à la cérémonie d’ouverture la première journée de la rencontre le 17 octobre, avant de s’envoler le lendemain pour aller dire bonjour à George W. Bush à Camp David.

Et ce n’est pas tout ! Dimanche, le jour de la clôture, Sarkozy, qui assume la présidence de l’Union européenne, risque d’être aux abonnés absents en raison de la tenue d’une rencontre de l’Union, le 24 du mois courant.

Alors, si ce n’est pas du sabotage, ç’en a bien l’air. Certes, le contenu des agendas de ceux qui dirigent la planète sont insondables, mais cette attitude pourrait bien être une preuve du degré d’intérêt que l’actuel locataire de l’Elysée, et pourquoi pas par ricochet la nation française, qui est censée être la plus grande disciple de la langue de Molière, a pour une institution qui regroupe 53 pays, sans compter les membres associés et les membres observateurs.

Entre nous, un rendez-vous avec un président qui est en train de faire ses valises est-il plus important que ces retrouvailles de Québec ? That is the question. Mais ce n’est pas très étonnant de la part de celui qui ne prône pas le bilinguisme, encore moins la promotion d’une seule langue.

« Les langues locales, y compris, outre-mer, le créole, doivent pouvoir être proposées aux écoliers dans les territoires où un nombre suffisant de parents le souhaite », avait une fois lâché le nouveau maître de la France. En Sarkosie, c’est le trilinguisme qui doit faire fureur. Peut-être le français, l’anglais et pourquoi pas…le hongrois pendant qu’on y est. Pauvre langue française !

Pauvre de Molière, qui doit se retourner dans sa tombe au point d’avoir le tournis. Lui dont le moyen de communication fétiche est violemment bouté par l’anglais si fait qu’il a déjà perdu la bataille de la technique, des communications, des échanges économiques et commerciaux.

Durant les trois dernières années, sur les quelque deux millions d’articles publiés dans le domaine des sciences exactes, seuls 25 000 l’ont été en français. Et, comme si cela ne suffisait, l’on remarque depuis quelques années l’émergence de certaines langues, asiatiques notamment, comme le chinois.

A l’image de bien d’autres forums internationaux, le sommet de la Francophonie serait-il donc cet endroit rêvé par chaque dirigeant pour venir étaler ses états d’âme ?

C’est sûr que Sarkozy viendra faire son show pendant son passage éclair. Il en sera toujours de même pour certains de ses pairs, qui n’ont pas la langue de bois.

Et comme c’est le moment idéal pour retrouver celui que l’on recherchait depuis longtemps, pourquoi s’en priver ? En effet, il y a des deals mortels qui s’y traitent et ceux à qui l’on a surtout confié l’organisation de ce genre de rencontre jubilent d’avance.

Pendant que certains épilogueront sur l’avenir de la langue française, d’autres, le Zaïre et Madagascar en sont des exemples, rivaliseront de charme pour obtenir l’organisation de futurs sommets de la Francophonie.

Il y a de l’argent dedans. Lors du Sommet de Moncton, en 1999, ces retombées avaient été évaluées à 78 millions $. Alors, du moment que l’on peut toujours y faire de bonnes affaires, Molière et sa langue peuvent bien aller se faire cuire un œuf.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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