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ANC (Afrique du Sud) : Publication de bans pour un probable divorce

Publié le jeudi 16 octobre 2008 à 00h44min

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Avec effet immédiat, le Congrès national africain (ANC), en Afrique du Sud, a décidé de suspendre Mosiuoa Lekota et Mluleki George. Ex-ministre de la Défense, Lekota avait, à la suite de Thabo Mbeki, démissionné du gouvernement en septembre dernier. Depuis, les risques d’une dissidence menée par le pro-Mbekiste était régulièrement évoqués par les analystes de la scène politique du pays de Nelson Mandela. Et ce qui n’était qu’hypothèse et supputation est maintenant en train de devenir réalité.

En effet, ces derniers temps, Mosiuoa Lekota et les siens claironnent sur tous les toits leur volonté de créer une formation politique. Leur suspension sonne donc comme une publication de bans de leur prochain divorce d’avec l’ANC.

Toutes les conditions de la rupture étant réunies, il ne reste plus qu’à officialiser de façon solennelle l’acte de désunion, à moins qu’entre-temps, les deux camps en présence, pro-Mbekistes et pro-Zumistes, ne se décident à fumer le calumet de la paix et de la réconciliation. Et cette paix des braves n’est pas du domaine de l’impossible, puisque nous sommes en politique, où les retournements de vestes et autres contorsions à vous donner le tournis sont légion.

Seulement, il faut noter que d’abord démenti, puis calfeutré, le mal de la division, qui mine depuis le parti de Nelson Mandela, a finalement éclaté au grand jour à quelques mois des élections générales. En fait, c’est ce qui arrive toujours à tout parti exagérément dominant. La scission est donc en vue et la question que plus d’une personne se pose est de savoir si la bâtisse ANC va tenir et garder le cap en dépit des assauts des partisans de Thabo Mbeki.

Si la dissidence annoncée se matérialisait, il est clair que le parti ultramajoritaire va en souffrir d’une manière ou d’une autre, obligé qu’il sera de faire face aux attaques des dissidents et de l’opposition. Il pourrait y avoir comme une sorte de front uni contre l’ANC, puisque des formations de l’opposition ont clairement annoncé leur désir de collaborer avec l’éventuel parti que viendrait à créer le clan Mbeki. Si cette coalition devenait effective, ce serait alors un véritable obus dirigé contre le parti au pouvoir.

De fait, à l’heure actuelle, tout le monde sait qu’il y aura une saignée dans les rangs du parti, mais nul ne peut véritablement dire jusqu’à quel degré. Mais, dans tous les cas, il faut avouer que la cure d’amaigrissement que pourrait subir l’ANC sera bénéfique à tout le pays, puisqu’elle va réduire un tant soit peu l’hégémonie, jusque-là incontestée, de cette formation politique depuis la fin de l’apartheid.

Et ce ne sera pas une mauvaise chose si le parti au pouvoir pouvait avoir en face une opposition forte. C’est véritablement ce qu’il faut pour vivifier une démocratie si on veut qu’elle avance. Face à des adversaires forts, c’est évident que les gérants du pouvoir feront beaucoup attention à ce qu’ils font.

D’ailleurs en Afrique, ce gigantisme des partis politiques au pouvoir est en réalité une plaie, une flèche empoisonnée, qui va détruire la démocratie dans nos républiques bananières. Sur le continent, çà et là, sévissent de véritables partis-Etat, sclérosés mais scotchés au pouvoir depuis belle lurette et qui verrouillent tout le système, en imposant leurs lois à la nation entière au nom d’une pseudo-démocratie et de la majorité dont ils se prévalent.

C’est dire que sur le continent, il y a beaucoup d’ANC à dégraisser pour un équilibre du jeu politique et de la démocratie en Afrique. C’est aussi à ce prix que se fera le développement de nos pays.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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