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Gouvernement d’union au Zimbabwe : Le vieux lion se taille la part de Gaïndé

Publié le lundi 13 octobre 2008 à 01h11min

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Robert Mugabe

Il ne suffisait pas de signer un Accord politique, encore fallait-il former ce fameux gouvernement d’union nationale censé mettre un terme à la crise qui secoue le Zimbabwe depuis le hold-up électoral de Robert Mugabe après sa défaite aux élections générales du 29 mars.

Car la jurisprudence kenyanne n’est pas duplicable partout, et si au pays de Jomo Kenyatta, l’attelage Mwai Kibaki/Raïla Odinga, formé dans les mêmes circonstances, fonctionne tant bien que mal du fait, sans doute, de la bonne volonté des deux parties, dans l’ex-Rodhésie du Sud, il en va tout autrement. Il est vrai qu’en politique, les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets.

L’encre qui a servi a couché sur le papier l’arrangement conclu par le médiateur Thabo Mbéki n’avait pas séché qu’apparurent les premiers blocages. D’abord, au sein de l’Union nationale africaine du Zimbabwe/Front patriotique, où certains faisaient des pieds et des mains pour rester aux affaires, ensuite, entre les deux parties signataires au sujet de la répartition des portefeuilles ministériels, notamment ceux de souveraineté. Car si le texte signé le 15 septembre dernier stipule que, sur les 31 départements, 15 reviennent à la ZANU-PF et 16 (13+3) aux deux factions du MDC (celles de Morgan Tsvangirai et du dissident Arthur Mutambara), la précision des ministères n’est pas mentionnée, ce qui explique le cul-de-sac dans lequel les différents protagonistes se sont tout de suite engagés.

Après donc un mois d’impasse, le vieux Bob, qui, à 84 ans, s’accroche contre tout bon sens au pouvoir, qu’il détient depuis 28 ans, a unilatéralement constitué une équipe gouvernementale où, naturellement, la ZANU-PF s’arroge les ministères régaliens comme la Défense, les Affaires étrangères, l’Intérieur, la Justice ou l’Information, laissant le menu fretin à Morgan (Affaires constitutionnelles et parlementaires, Planification, Travail...) et à Mutambara, qui s’en sort, lui, avec trois maroquins, dont l’Education. Un partage pour le moins léonin, mais faut-il s’étonner que le vieux lion se taille ainsi la part de Gaïndé ?

"Robert Mugabe, ainsi que l’écrivait déjà l’Observateur paalga dans son édition du 19 septembre 2008, n’est pas homme à partager ce qu’il tient de Dieu lui-même, du moins pas aussi longtemps que le nécessite l’accord de gouvernement". A l’évidence, Morgan Tsvangirai, qu’on dit avoir son "shadow cabinet", s’est réjoui trop tôt, lui qui déclarait, dans l’euphorie de la signature de l’Accord, que "les divisions appartiennent au passé".

Le voici un mois après toujours Premier ministre virtuel pédalant dans le vide, sans pouvoir ni prérogatives réels et à qui on vient, pour ainsi dire, de faire un bébé dans le dos. A son grand dam et à sa grande surprise. La publication de la liste par le journal d’Etat "The Herald" dans son édition de samedi, à moins qu’elle ne soit pas authentifiée, est en effet d’autant plus surprenante que, la veille seulement, les deux camps avaient décidé d’en référer à Thabo Mbeki pour qu’il les aide à trancher le litige.

Le fraîchement débarqué président sud-africain mais néanmoins toujours médiateur, qui doit se rendre à Harare dans le courant de cette semaine, parviendra-t-il à raisonner son vieil ami, qui ne fait pas mystère du peu de cas qu’il fait des jérémiades de son opposition ? Il faut l’espérer, car c’est la seule voie pour donner véritablement corps à un accord qui n’est, pour le moment, que littérature, surtout qu’il ne règle pas les problèmes fondamentaux de la gestion du pouvoir par cet Exécutif à deux têtes.

Ousséni Ilboudo

L’Observateur Paalga

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