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SENEGAL : Sale temps pour Sall

Publié le vendredi 10 octobre 2008 à 00h46min

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Macky Sall

Le président de l’Assemblée nationale sénégalaise, Macky Sall, est à nouveau dans la tourmente. La météo politique sénégalaise n’est vraiment pas bonne pour lui. Son perchoir est fortement secoué par la détermination de certains partisans de son propre camp à ne pas le laisser terminer son mandat de 5 ans à la tête de l’institution.

Le processus de révision du mandat du président de la représentation nationale pour le ramener de 5 à un 1 an renouvelable, vient d’être relancé. Pourtant, on croyait que ses initiateurs avaient renoncé, vu qu’apparemment il n’en était plus question depuis un certain temps.

Mais c’était sans compter avec la patience de ceux qui veulent faire payer à Macky Sall qui a osé demander au fils du président de la république, Karim Wade, de venir rendre compte, devant les élus, de la gestion des fonds publics utilisés pour préparer le sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Hier 9 octobre, les députés ont donc examiné en procédure d’urgence la proposition de loi visant à réduire le mandat en question. De toutes les propositions de loi sur lesquelles s’est penchée l’Assemblée nationale, celle-là risque de faire jaser le plus. La raison en est que la loi dont elle ne manquera pas d’accoucher, vise uniquement l’actuel occupant du perchoir. On peut, à cet effet, parler d’une sale loi contre Sall. C’est le moins que l’on puisse dire au regard surtout de la rétro-activité que l’on veut appliquer au mandat de l’actuel président de l’Assemblée nationale.

Au lieu de disposer pour l’avenir comme c’est généralement le cas, cette loi sera immédiatement appliquée au mandat déjà entamé pour l’écourter avant son terme normal. On aura beau rétorquer que la loi est impersonnelle et générale, la volonté de nuire est manifeste. Sinon, on peut bien réduire le mandat du chef du parlement sans vraiment toucher au bail de l’actuel occupant du perchoir. On l’a vu un peu partout, y compris au Sénégal avec les retouches à la hausse ou à la baisse, des mandats présidentiels, sans toucher au mandat du chef de l’Etat en place. Le temps pour lequel il a été élu doit être impérativement respecté et ne doit donc pas être remis en cause sauf cas de force majeure.

Ce qui vaut pour le mandat présidentiel doit valoir également pour celui d’un président d’Assemblée nationale qui, en tant qu’élu, a été mandaté par le peuple pour défendre ses intérêts pour un temps donné. L’écourter, c’est faire un coup d’Etat constitutionnel. Ce qui est condamnable. Apparemment au Sénégal, on n’en a cure. On n’hésite pas à utiliser les mécanismes institutionnels pour régler des comptes personnels, nuire à ses adversaires ou prétendus tels. Avant Macky Sall, la puissance publique avait été utilisée par Abdoulaye Wade himself pour créer des ennuis à son ancien Premier ministre Idrissa Seck. Or, comme Idrissa Seck, Macky Sall est aussi tombé en disgrâce et subit le sort de son précedesseur. De là à dire qu’à trop s’approcher de Wade, on se brûle les ailes, il n’y a qu’un pas que beaucoup ont allègrement franchi. C’est tout simplement dommage. La république mérite mieux que cela.

La "demackysallisation" en cours, qu’elle réussisse ou pas, est l’illustration de la politique politicienne qui fait recours à tous les subterfuges pour régler des comptes. Dans ce sens, on ne devrait pas être surpris qu’après avoir obtenu la tête de Macky Sall, ses adversaires reviennent un jour sur le mandat pour revoir revoir à la hausse sa durée avec des justifications du genre "on n’a pas le temps de faire quelque chose en une année ; même dans les associations, le mandat est d’une durée minimum de 2 ou 3 ans et tutti quanti". A qui auront profité, à ce moment-là, les va-et-vient ? Certainement pas à la République.

Le Pays

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