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Mauritanie : La junte s’accroche

Publié le jeudi 9 octobre 2008 à 00h54min

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La junte mauritanienne ne déroge pas à ses méthodes : elle a encore fait mâter la cohorte de manifestants qui lui sont hostiles, en les dispersant à coup de gaz lacrymogènes et de matraques mardi dernier. En fait, c’est un spectacle devenu banal à Nouakchott depuis le coup d’Etat qui a renversé le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi le 6 août 2008.

Depuis leur forfait, antidémocratique, le général Mohamed Ould Abdel Aziz et ses hommes, contre vents et marées, s’accrochent et se maintiennent au pouvoir, en faisant ouvertement et hautainement fi de l’opinion nationale et internationale. On a beau agiter à leur encontre l’épouvantail des sanctions financières et diplomatiques, les nouveaux maîtres de Nouakchott demeurent stoïques. Idem face aux menaces d’isolement de leur pays du reste du monde.

En clair, la seule action qui puisse leur faire peur, c’est, sans doute, la perspective d’une intervention armée de la communauté internationale. A Anjouan, les soldats de l’Union africaine (UA) avaient bien délogé de l’île le colonel Mohamed Bacar et ses gorilles courant premier trimestre de l’année en cours.

Mais à Nouakchott, on est convaincu de la pertinence de l’adage qui dit qu’« autre pays, autre mœurs » : en effet, les militaires savent très bien que l’UA ne fera jamais usage de la force contre eux. La Mauritanie, ce n’est pas Anjouan : la superficie et surtout la localisation géographique de leur pays font qu’il est difficile d’entreprendre et de réussir toute action armée contre la junte sans courir le risque de créer un véritable bourbier, d’où les soldats de la démocratie ne sortiront pas indemnes.

Si l’UA ne peut pas bander les muscles, ce n’est pas l’Europe qui le fera, surtout qu’elle est préoccupée par la conjoncture marquée par la crise financière internationale.

Donc, dans la conjoncture actuelle, le général Abdel Aziz sait pertinemment qu’aucune force ne peut être employée contre lui et ses hommes. C’est pour cela qu’il n’a pas respecté l’ultimatum que lui a lancé l’UA et qui a expiré le 6 octobre dernier. Le deadline est passé, mais aucune mesure de rétorsion ne pointe à l’horizon.

Dans ce dossier mauritanien, la structure dirigée par Jean Ping est en train de se fourvoyer et fait la preuve de son incapacité à apporter des solutions à certains problèmes et crises que traversent ses pays-membres. Curieusement, les plus fermes condamnations du putsch, c’est hors du continent qu’il faut aller les chercher, notamment en Europe et en Amérique.

Européens et Américains ont déjà mis en pratique les sanctions contre la junte, qui se traduisent par le fait qu’outre le gel de la coopération et des appuis budgétaires, ils ont interdit de séjour sur leur territoire tous les membres de l’illégitime gouvernement mauritanien ; des sanctions qui sont depuis mises en application alors que dans le même temps, en Afrique, dans les différentes capitales, on reçoit toujours à bras ouverts les délégations dépêchées par le général putschiste : ainsi, rien qu’hier, et pour ne parler que de notre pays, le président du Faso, Blaise Compaoré, a reçu en audience le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. C’est de Bamako qu’il est arrivé à Ouagadougou.

Visiblement, c’est du bout des lèvres que le syndicat des chefs d’Etat soutient le président Sidi. Autant dire que les carottes sont cuites pour ce dernier. Et ce qui est davantage dommage, c’est le fait que, depuis la commission du putsch, très peu de voix s’élèvent dans les capitales africaines pour dénoncer la violente répression qui s’abat sur les manifestants se battant pour un retour à l’ordre constitutionnel normal à Nouakchott.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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