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France/USA : La mare aux canards

Publié le mercredi 8 octobre 2008 à 02h11min

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Nicolas Sarkozy : en décidant de couvrir le dossier de "l’Angolagate", il se donne bonne conscience à peu de frais.

Peut-on raisonnablement attendre grand-chose du procès de "l’Angolagate" (ce scandale de vente d’armes à l’Angola par la France via la Russie) qui vient de débuter à Paris à grands renforts de publicité ?

A l’analyse, non, car, indépendamment du fait que ce sont les lampistes qui vont payer, il y a que les intérêts supérieurs de la France empêcheront les magistrats d’aller jusqu’au bout de la logique judiciaire.

On est mémoratif que le fils Mitterrand, Jean-Christophe, principal mis en cause dans ce business, avait été condamné à la prison, non sans mal, les socialistes et les membres de sa famille biologique, sa maman en tête, ayant crié au "complot d’Etat". A raison peut-être, si tant est que malgré le poids dont il disposait à l’époque, de la commission des faits (début des années 90), Jean-Christophe Mitterrand n’a pas pu organiser seul, un trafic d’une telle envergure et surtout, à l’insu des services de renseignements français.

Des commandes d’armes à hauteur de 790 millions de dollars, avec des commissions faramineuses et de nombreux courtiers, voilà le "chantier" dont on l’accusait d’être le maître d’œuvre. On n’est pas loin d’une tentative de vouloir cacher le soleil avec ses mains et pour être plus clair, d’empêcher que l’Etat français ne soit trop "mouillé" par cette pluie de dollars qui a arrosé bien du monde. On est ici en plein cœur de cette Françafrique qui se nourrit de l’argent sale de divers trafics, prospère sur le détournement de l’aide publique au développement et appauvrit davantage les populations du continent qui sont censées en être les premiers bénéficiaires.

Au nom de cette politique occulte, la France protège nombre de dictateurs sur le continent et la justice est mise au pas, chaque fois que ceux-ci sont indexés. Comme dirait l’autre derrière les beaux atours et les ors de la République, se cachent des dessous sales et nauséabonds. Avec le président angolais, Edouardo Dos Santos qui n’a pas lui aussi envie que cette affaire refasse surface, le désir d’opacité devient plus grand. C’est cette real politik à l’arrière-goût fétide qui fait le lit de l’impunité dans un dossier que l’on agite pour se donner bonne conscience. Un peu comme dans l’affaire Total-Finna-Elf où tous les gros bonnets ont assisté "peinards" au procès du PDG Loik le Floch Prigent (condamné du reste à une peine légère au regard des faits), "l’Angolagate" risque d’accoucher d’une souris.

On n’est pas loin de cette occurrence désastreuse dans la campagne présidentielle américaine, où les candidats républicains à court d’arguments de poids, en sont dorénavant à donner des coups en-dessous de la ceinture."Barack Obama a des accointances avec les terroristes", a ainsi déclaré prince-sans-rire, Sarah Palin, la colistière de John Mc Caïn.

Cela en référence à un passé lointain du candidat démocrate qui aurait été vu dans le sillage d’un professeur d’université un peu communiste sur les bords. A l’époque, Obama entamait à peine son adolescence, ce qui a fait rire les analystes politiques américains. "Palin devrait plus se préoccuper du sort de ses compatriotes et trouver des réponses à leurs angoisses existentielles", ont-ils ainsi argué, montrant du même coup, toutes les limites de la gouverneure de l’Alaska. Laquelle avait lors de sa première confrontation télévisée avec le second d’Obama, Jo Biden, étalé ses lacunes à ses compatriotes, non seulement sur les questions internationales, mais pire, sur celles domestiques.

On l’a vu balbutier sur les solutions pour sortir de la crise financière qui menace les fondements même de l’économie américaine. Son patron John Mc Caïn, est à l’avenant, lui, qui a saisi des deux mains, la "perche" que lui a tendue George Bush, préférant discuter avec lui de son plan de relance de l’économie américaine, plutôt que d’affronter à l’époque, Barack Obama dans un duel télévisé. Son plan aura foiré, dans la mesure où celui de George Bush dont il entendait faire le sien, n’a pas rencontré l’assentiment des radicaux du camp républicain. Exit donc (pour l’heure en tous cas) le financement des institutions financières privées avec l’argent public, ce qui oblige les deux candidats à proposer leurs propres solutions.

Or, en la matière, Barack Obama a une longueur d’avance, lui qui prône la rupture avec ce système qui a donné le champ libre aux spéculateurs pour assouvrir leurs fantasmes les plus fous. A sa place, Obama exalte les vertus de la solidarité et du partage des fruits de la croissance devant se traduire entre autres, par une plus grande accessibilité au crédit immobilier et une relance du secteur de l’emploi avec des allègements fiscaux pour les petites et moyennes entreprises.

En clair, Obama parle au peuple, quand John Mc Caïn dans le sillage de Bush, veut s’adresser à l’élite parasitaire et improductive. Ce n’est pas pour autant que le combat est gagné d’avance pour Obama, car avec le système de vote indirect aux USA, les grands électeurs peuvent faire pencher la balance pour un candidat, a priori moins populaire. Obama qui le sait, a fait allégeance aux puissances d’argent (il a assisté au brain storming de Bush) et idéologiques, mais, son discours neuf et son "statut" de noir continue d’inquiéter. On nage donc en pleine boue en France comme en Amérique avec des éclaboussures de plus en plus grandes.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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