Le mano à mano télévisé est, comme on le sait, une occasion pour les deux candidats de défendre leurs idées, leur programme et de s’empoigner à travers des joutes dont certaines sont restées mémorables. Mais hélas !, il va falloir attendre peut-être d’autres débats télévisés car celui du 26 septembre fut tout simplement insipide, sans éclats. Un débat sans relief, un affrontement d’idées sans vainqueur ni vaincu. Pourtant, ce n’est pas que les sujets abordés manquaient d’intérêt. La crise financière américaine, un sujet qui a un intérêt domestique particulier pour les Américains, a même ravi la vedette aux questions internationales comme l’Irak, le nucléaire iranien, l’intervention russe en Géorgie. Mais comme de mauvais boxeurs, les protagonistes du débat télévisé ont passé le plus clair du temps à se jauger, à s’observer sans vraiment s’empoigner.

De longs rounds d’observation sans véritable combat. Résultat : la prudence souvent excessive de ne pas se découvrir, de ne pas commettre d’impair langagier a tué le jeu. Et même l’enjeu, c’est-à-dire la conquête des électeurs indécis que ce genre de débat permet souvent d’aider à se déterminer en faveur du candidat qui aura le plus séduit. Or, les petites phrases, les réparties cinglantes, qui jouent beaucoup dans ce sens, auront été rares pour ne pas dire absentes de cette confrontation de 90 mn. Ce fut un match de football où aucun adversaire n’a véritablement mené une action d’éclat à plus forte raison marqué.
Mais l’on comprend.

Les deux candidats avaient la même ruse de guerre : éviter d’être inélégant dans le discours, d’avoir un langage de goujat. Enfin pour chacun des deux, il faut savoir garder ses meilleures armes, ses plus redoutables argumentaires pour les deux dernières descentes dans l’arène. Les deux débats télévisés restants prévus pour les 7 et 15 octobre entre les candidats (un débat du même genre est prévu le 2 octobre, entre les colistiers) seront plus intéressants. On l’espère pour le plus grand bonheur des adeptes de débats poignants. Les deux gladiateurs sont prévenus.

Par Séni DABO

Le Pays