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INFORMATION DU PUBLIC BURKINABE : Un vrai parcours du combattant

Publié le jeudi 25 septembre 2008 à 23h37min

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Bien informé, l’homme est un citoyen prêt à jouer son rôle pour le développement de la société au sein de laquelle il vit. Mal informé, il est un simple sujet qui exécute mécaniquement et sans raisonner ce qu’on lui ordonne de faire ou de dire. Mal informé, il est un simple sujet qui exécute mécaniquement et sans raisonner ce qu’on lui ordonne de faire ou de dire.

C’est une bête sauvage prête à tuer ou à se faire tuer sans savoir pourquoi. Conscients de cette vérité toute naturelle et toute simple, car faisant partie des droits fondamentaux de la personne humaine, tous les Etats du monde ont inscrit dans leur Constitution et en bonne place ce droit d’être informé et d’informer aussi. Malheureusement, il y a un gap abyssal entre cette disposition constitutionnelle et la réalité. Pour bien informer, les professionnels des médias doivent d’abord être eux-mêmes informés.

Et pour être bien informé, il faut disposer de sources crédibles. Et c’est à ce niveau que le bât blesse, car c’est un vrai parcours du combattant que d’être journaliste. Dans nos pays, la plus grande partie de l’information est détenue par les administrations publiques comme privées qui, dans leur grande majorité, ne veulent pas voir un journaliste fouiner dans leurs affaires ; mal gouvernance oblige. Si le journaliste est astreint à recueillir avant toute chose le OK d’une longue hiérarchie dont certains membres se débinent carrément, il court aussi le risque d’être manipulé dans sa recherche de l’information vraie. A tout instant, le journaliste doit s’armer de courage, mais surtout de patience dans la recherche de cette information, mais aussi dans ses relations avec ses sources qui, répétons-le une fois encore, doivent être protégées quoi qu’il lui advienne.

Il lui arrive fréquemment, qu’on lui ferme la porte au nez dans son insistance à vouloir rencontrer un responsable d’une administration pour infirmer ou pour confirmer les faits dont il a connaissance. S’il se montre encore plus insistant, on lui fixe un rendez-vous lointain, lui qui est tenu par les délais de parution et des heures de diffusion très stricts. En désespoir de cause, il balance ce qu’il a sous la main. Et c’est à ce moment précis que surgissent les responsables des administrations dont il est question dans l’écrit pour dire que le journaliste n’est pas venu à la source. D’autres vont jusqu’à lui prêter des intentions de vouloir leur nuire sciemment en publiant lesdites informations. Tout le monde oublie royalement ici, que le journaliste n’est pas un saltimbanque.

Et en pareilles situations, c’est l’histoire du pot de fer contre le pot de terre, la parole du responsable administratif prévalant sur celle de l’infortuné journaliste. Il s’en suit des procès pour diffamation. Les plus sensés des responsables se contentent d’un droit de réponse laconique pleine de contorsions qui, quant au fond, n’apportent souvent rien de nouveau.
Mais, ce qui fait la particularité de la presse burkinabè, c’est qu’il est fréquent qu’en pareil cas un confrère incite ledit responsable à traîner le journaliste et son journal devant les tribunaux ; il écrira même dans ce sens parfois de façon claire, parfois de manière sibylline. Ce manque de solidarité entre les acteurs de la presse est la principale cause de la situation dans laquelle se trouve la presse burkinabè aujourd’hui.

Il faut toutefois reconnaître que, jusque-là, le sommet de l’Etat burkinabè semble accepter et travailler comme il le peut pour informer autant que faire ce peut la presse sur ses activités. Il s’agit de la Présidence du Faso et de la Primature. Au hit-parade des procès et autres emmerdes, ces deux sphères sont les seules qui ne causent aucun problème à la presse. C’est un devoir d’honnêteté que de le dire. Ces deux hauts lieux ont appris à avoir le dos large et bien caparaçonné. Il reste à souhaiter que cet exemple soit suivi par une périphérie frileuse, encline à museler la presse.
Il s’agit de certains ministères et administrations déconcentrées de l’Etat. Lors d’une rencontre organisée par le ministère de la Justice avec les acteurs des médias, les journalistes n’ont pas manqué de souligner que ce sont en réalité certains procureurs et les juges qui font obstruction à la jouissance du droit d’informer et d’être informé parce qu’étant inaccessibles la plupart du temps. Cependant, à notre humble avis, le journaliste n’a pas meilleur allié que la Justice, car c’est celle-ci qui, entre autres, le défend devant les tribunaux contre les abus des puissances politiques comme des puissances d’argent.

Au Burkina, un responsable administratif perd facilement ses oripeaux de démocrate et devient liberticide. Il n’hésite pas à menacer le journaliste, s’il se rend compte que la corruption n’a pas de prise sur lui pour l’amener à dire le contraire de ce qui a déjà été publié. Il existe des preuves que des confrères ont joué ce mauvais rôle en publiant le contraire de ce qu’ils ont dit il y a quelques semaines, soit par appât du gain, soit pour nuire à des confrères.

Tant et si bien qu’on peut affirmer qu’être journaliste sous les Tropiques n’est pas une chose aisée. Mais, comme c’est un sacerdoce exaltant, ils sont chaque jour plus nombreux à braver les dangers qui s’attachent à cette profession en embrassant le métier de journaliste. Il faut compter aussi avec l’évolution des mentalités qui tend à accréditer l’idée que l’information est à la démocratie ce que le sang est au corps humain. Et le journaliste a un rôle irremplaçable dans l’avènement et l’enracinement de cette démocratie.

Le Fou

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