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Démission de Thabo Mbeki : Mugabe, victime collatérale

Publié le jeudi 25 septembre 2008 à 23h43min

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Le nouveau président sud africain, Kgaléma Motlanthe

C’est fait. Le vice-président de l’ANC, l’affable Kgaléma Motlanthe, a pris officiellement la présidence intérimaire de l’Afrique du Sud hier sur le coup de 12h30 GMT. Il remplace dans la foulée Thabo Mbéki, démissionnaire depuis le 23 septembre après son lâchage par l’ANC. Si elle n’est pas totalement tournée, une page de l’Histoire de ce pays est en train de l’être, et ce, pour plusieurs raisons :

Cet intérim, qui survient sans heurts, se déroule dans une situation de crise interne du mégaparti, peut-être même que c’est la plus grave que cette formation historique ait jamais connue en son sein. Tout est parti de l’affaire Jacob Zuma, lequel a pris la tête de l’ANC, mais traînait des casseroles, et à finalement bénéficié d’un non-lieu.

Une décision judiciaire qui a précipité la chute de celui qui dirigea le pays pendant 9 ans, Thabo Mbeki, accusé par une grande frange du parti d’avoir créé un clearstream à la sud-africaine ;
celui qui sera chef d’Etat de l’Afrique du Sud pour quelques mois est jugé par ses compatriotes comme un homme modéré et de consensus.

En effet, au plus fort des relations orageuses entre le « zumistes » et les « mbékistes » il faisait figure de sage et déclarait : « Si nous ne sommes pas vigilants, nous pourrions glisser dans un abysse sans fin ou nos convictions révolutionnaires se perdraient dans une politique opportuniste réduites aux manœuvres électorales ».

A ce titre, Motlanthe mérite bien le surnom de « Mkuluwa » (grand frère). Et il l’est, puisqu’il a partagé les dures réalités de la prison de Robben Island pendant 10 ans, a été SG de l’ANC pendant une décennie également et est toujours pondéré dans ses prises de positions.

Mais s’il faut peut-être attendre que véritablement Zuma prenne la présidence avant de pouvoir porter un jugement sur l’avenir politique et économique de cet Etat arc-en-ciel, il ya les effets collatéraux de cette nouvelle donne politique, qui se feront sentir chez les voisins, au premier chef le Zimbabwe.

D’abord, au strict volet personnel, Robert Mugabe perd un allié en Thabo Mbeki : c’était de notoriété publique qu’au- delà de la relation de chef d’Etat à chef d’Etat, les liens entre les deux personnalités dépassaient le seul cadre politique. A telle enseigne que, bien que Mbeki ait été mandaté par ses pairs de la région australe pour le résoudre, le casse-tête zimbabwéen a failli se terminer en échec, à cause justement de cette relation, jugée partisanne par le camp de Morgan Tsvangirai.

En perdant le pouvoir, Mbeki perd aussi la légitimité institutionnelle et les moyens de l’Etat, qui lui permettaient d’agir aisément au Zimbabwe. Il reste, certes, le médiateur dans les négociations zimbabwéennes, qui ont accouché d’une solution à la kenyane, mais, à coup sûr, sa capacité de faire fléchir les uns et les autres sera diminuée, car il lui manquera cette casquette de chef d’Etat.

Autant donc au paroxysme de la violence politique qui a secoué le Zimbabwe, son puissant voisin a ressenti l’effet domino, autant ce mini séisme politique ne manquera pas de secouer l’ex-Rhodésie du Sud. On est enclin à croire qu’il est probable que même si Mbeki continue à jouer au médiateur, il serait judicieux de lui adjoindre un autre, qui serait président de la République, pourquoi pas le Tanzanien Jakaya Kikweté.

Cela pourrait consolider l’accord à minima, qui tient actuellement sur une corde raide tant on voit mal comment Papy Bob se résoudrait à abandonner le pouvoir, dont il a usé de tous les moyens pour le conserver depuis sa bérézina électorale du 27 juin 2008. De façon triviale, ce froid politique sud-africain occasionnera un rhume au Zimbabwe

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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