LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

NUCLEAIRE IRANIEN : Le niet de la Russie

Publié le jeudi 25 septembre 2008 à 00h44min

PARTAGER :                          

Le president russ dimitri medvedev

Une réunion sur le dossier du nucléaire iranien a capoté. La Russie n’y voyait pas d’intérêt. L’ours russe n’est visiblement pas de bonne humeur.

Le tollé suscité en Occident par l’intervention de l’Armée rouge en Géorgie est resté en travers de la gorge de Moscou qui défend d’une certaine façon son espace vital face à l’encerclement géographique que tentent de lui imposer l’Europe et les Etats-unis par OTAN interposée. L’annulation de la réunion sur le dossier iranien prend les couleurs d’un rééquilibrage dans les relations internationales tant souhaité par les pays en développement qui, impuissants, s’inquiétaient de l’omnipotence américaine sur tous les fronts, militaire et économique.

Moscou a décidé d’y mettre le holà. Et l’envoi de la flotte russe dans les eaux vénézuéliennes pour des manœuvres militaires conjointes avec ce pays est révélateur de la volonté de Moscou d’adresser des signaux forts à l’Amérique et à ses alliés européens. Personne n’ose imaginer aujourd’hui une confrontation militaire. On est certes loin de tout risque d’embrasement, mais bander les muscles de cette façon est souvent plus dissuasif que les atermoiements diplomatiques. L’Europe l’a si bien compris qu’elle tend aujourd’hui la main à la Russie, histoire de calmer le jeu.

Mais au delà de cette nouvelle rivalité entre les deux grands que l’on espère bienfaisante pour l’équilibre du globe, ne faut-il pas craindre qu’elle bloque le fonctionnement d’une institution comme le conseil de sécurité ? Le droit de veto est trop souvent aux fins des seuls intérêts des puissants du monde. Toutes choses qui sont inacceptables aujourd’hui dans un monde globalisé où l’équité devrait être la règle pour éviter des tensions inutiles. Le Conseil de sécurité est aujourd’hui l’expression des égoïsmes de ses membres permanents Le discours sur un monde juste et solidaire est souvent en contradiction avec leurs actes.

Nul doute qu’à la prochaine occasion, les Yankees rendront la monnaie de leur pièce aux Russes. Et c’est l’image du Conseil de sécurité qui s’en trouverait gravement affectée. Lui qui a du mal à se débarrasser de l’image d’un instrument au service des grands, qui, pendant 50 ans, ont décidé de ce qui était bon ou pas pour le monde. En fait, ces dernières années ont vu le règne sans partage des Etats-Unis sur le Conseil de sécurité. On l’a vu avec l’invasion de l’Irak au nom de la lutte contre le terrorisme.

L’occasion est donc belle pour les partisans de la réforme de l’Organisation des Nations unies et du Conseil de sécurité de mettre en œuvre ce projet d’adaptation de l’organisation aux réalités actuelles. Le monde a changé et pour être efficace, le Conseil de sécurité a besoin d’être élargi. Cette exigence de Nicolas Sarkozy, le président français, dont le pays jouit pourtant d’un droit de veto, est partagée par les Sud –américains et les Africains. A la tribune de l’assemblée générale des Nations unies, le président iranien, faisant allusion à l’unilatéralisme américain dans les relations internationales a, lui, déclaré : "L’empire américain et le monde sont arrivés au bout du chemin. Les prochains dirigeants devront limiter leurs ingérences à leurs propres frontières ». Ce n’est peut-être pas la voix la plus autorisée en la matière, mais sa capacité de nuisance est réelle dans le Proche et le Moyen-Orient, tout comme celle de la Russie. Alors il est peut-être mieux d’éviter de les pousser dans leur dernier retranchement.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique