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Omar el-Béchir et la CPI : La justice va-t-elle s’incliner devant la paix ?

Publié le dimanche 21 septembre 2008 à 23h34min

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Luis Moreno-Ocampo. L’histoire retiendra que c’est ce procureur de la Cour pénale internationale (CPI) qui a déposé auprès de la Chambre préliminaire de ladite Cour une requête dans laquelle il lui demande de délivrer un mandat d’arrêt international contre le chef de l’Etat soudanais, Omar el-Béchir, pour « génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre ». Rarement, la poursuite par la justice internationale d’un président en exercice n’a créé autant de malaise. L’inculpation du Serbe Slobodan Milosevic en 1999 et celle du Libérien Charles Taylor avaient plutôt été accueillies favorablement par la communauté internationale.

Pour le cas d’Omar El Béchir, l’annonce de la nouvelle, le 14 juillet 2008, a eu l’effet contraire. Les divergences de vues ont été étalées au grand jour sur l’opportunité d’une telle poursuite.

L’Union africaine (UA), à travers le président de sa Commission, Jean Ping, a expliqué que l’initiative de Moreno aurait des conséquences désastreuses pour le Soudan. Même le secrétaire général de l’ONU, Ban-Ki Moon, s’est inquiété des « répercussions négatives » de telles poursuites judiciaires.

Les arguments avancés : le mandat d’arrêt international pourrait nuire aux efforts, en cours, visant à faciliter la résolution du conflit au Darfour, la promotion d’une paix durable et mettra en danger la vie des agents de l’ONU et de l’UA.

D’ailleurs, on voyait difficilement un pays procéder à l’arrestation de l’homme fort de Khartoum lors d’une visite ou d’un sommet. En outre, la demande de la CPI pourrait avoir pour corollaire de pousser El Béchir à rester au pouvoir ad vitam aeternam.

Malgré les raisons évoquées et le soutien de l’UA, de la Ligue arabe, de la Russie et de la Chine au président soudanais, l’Argentin de la CPI tient toujours à son affaire.

Mais, depuis quelques jours, des tractations sont en cours avant l’Assemblée générale des Nations unies pour tenter de « geler » la procédure engagée ou, à défaut, de la repousser d’un an, comme le prévoient les statuts de la CPI (article 16), contre un accord, qui prévoit l’apaisement de la crise au Darfour et l’ouverture de négociations politiques.

Au regard de la place qu’occupe les pays qui sont à l’origine de ces négociations, notamment la Grande-Bretagne et la France (mais Paris dément cette information), elles pourraient aboutir si les Etats-Unis n’y opposent pas leur véto.

Alors, ce que l’on craignait avec la demande du procureur Moreno ne se produirait pas, notamment l’exacerbation de la crise au Darfour, même si ces derniers jours, des combats ont repris dans cette fournaise soudanaise, mais Khartoum nie toute implication dans la situation.

Même si le « Front uni » en faveur d’Omar El Béchir venait à remporter cette bataille politico-judiciaire, l’action de Luis Moreno-Ocampo aura contribué un tant soit peu à un apaisement de la situation politique au Soudan et constituera un signal fort à tous les dictateurs, qui martyrisent leur peuple. Toutefois, la CPI doit cesser d’être une justice à géométrie variable, qui s’attaque seulement aux chefs d’Etat des pays pauvre

Rabi Mitbkèta

L’Observateur Paalga

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