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Gouvernement d’union au Zimbabwe : Ça commence bien !

Publié le vendredi 19 septembre 2008 à 01h15min

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Robert Mugabe

Personne n’était vraiment dupe, lorsque Robert Mugabe et son rival Morgan Tsvangirai signaient lundi l’accord de gouvernement d’union nationale, conclu après des mois de violences et d’âpres négociations. Ils étaient pourtant nombreux, les chefs d’Etat venus entériner le deal obtenu à l’arraché jeudi dernier par le négociateur sud-africain, Thabo Mbeki.

Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès, dit l’adage. Et malgré les réserves que suscitait cet accord, tous ont applaudi sa signature, croisant les doigts pour que le pays sorte enfin de l’impasse, dans laquelle la défaite historique de la ZANU-PF aux élections générales du 29 mars l’avait plongée.

Il faut dire que le Zimbabwe revient de loin. L’octogénaire Robert Mugabe, héros de l’indépendance au pouvoir depuis presque 30 ans, convaincu que seul Dieu pouvait lui retirer ce qu’il lui avait offert, a été réélu au second tour, semant, pour ce faire, la violence et la mort dans le camp de son rival, contraint dès lors de se retirer de la course.

Le Zimbabwe se trouvait dans l’impasse et il fallait coûte que coûte l’en sortir. Seul remède trouvé par le négociateur et ses pairs africains, la fameuse solution kenyane, éprouvée tant bien que mal sur les rives du lac Victoria, grâce à la bonne volonté des uns et des autres.

Pour cette seconde expérience, les négociations ont abouti à la répartition des 31 portefeuilles, à raison de 15 pour la ZANU- PF, 13 pour le MDC de Morgan Tsvangirai et enfin 3 pour la tendance Mutambara.

Une distribution qui, déjà, s’annonçait difficile à gérer, d’autant plus qu’elle se faisait entre deux personnes que tout sépare. Malheureusement, Robert Mugabe n’est pas homme à partager ce qu’il tient de Dieu lui-même, du moins pas aussi longtemps que le nécessite l’accord de gouvernement.

Ainsi à peine les lampions de la réconciliation nationale sesont-ils éteints que voilà les premiers blocages. Les discussions sur la répartition des portefeuilles dans le futur gouvernement d’union ont été reportées sine die, en raison d’une série de réunions au sommet de la ZANU-PF.

Motif de ces conciliabules en haut lieu, la désignation de ceux qui, parmi les fidèles du président, devront laisser la place à des représentants de l’opposition. Une première épreuve que Mugabe aura bien du mal à surmonter, lui qui, pas plus tard que mercredi, affirmait, devant ses partisans, que l’accord de partage du pouvoir constituait une humiliation, qui devait être acceptée en raison de la défaite de mars dernier.

Cela n’augure rien de bon quant à la poursuite du processus de normalisation, entamé, il y a seulement quelques jours. Si côté MDC, on persiste à annoncer les négociations sur l’allocation des portefeuilles pour « bientôt », le parti au pouvoir, quant à lui, se contente de promettre leur tenue « sine die ».

Un blocage institutionnel, qui s’ajoute au profond marasme économique auquel tente de survivre le pays, que mine une hyperinflation de plus de 11 millions pour cent. Ainsi, les millions de Zimbabwéens menacés par la famine devront attendre que la ZANU-PF désigne ses « élus » pour qu’enfin le gouvernement d’union puisse entamer les chantiers titanesques qui l’attendent.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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