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AN I DE LA DETENTION DE MOUSSA KAKA : Le journaliste sera-t-il enfin libéré ?

Publié le mercredi 17 septembre 2008 à 03h46min

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Moussa Kaka

Le 19 septembre prochain, cela fera exactement un an, jour pour jour, que le correspondant de RFI au Niger et patron du groupe de presse Saraouinia, Moussa Kaka, est en prison. Et cela après avoir été accusé par les autorités de son pays d’être de mèche avec les rebelles - ou les bandits de grand chemin pour reprendre l’expression de Niamey - du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ). La campagne menée au niveau international par RFI et Reporters sans frontière, la mobilisation des journalistes de tous horizons pour la libération de leur confrère n’ont rien donné jusque-là.

Les autorités nigériennes sont restées de marbre en faisant preuve de fermeté face à celui qu’elles accusent de s’être rendu coupable de complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Les nombreuses demandes de mise en liberté provisoire faites par ses avocats, et surtout le non-lieu prononcé à deux reprises par des juges instructeurs dans le cadre de cette affaire n’y ont également rien fait.

Il restait l’espoir de voir les autorités élargir le journaliste pour marquer de la plus belle manière le premier anniversaire de sa détention. Mais cet espoir vient de s’envoler avec la mise en délibéré au 7 octobre prochain du non-lieu rendu le 23 juillet dernier.

C’est à cette date que l’on saura si le non-lieu sera confirmé ou, comme on le laisse entendre de plus en plus, si les faits de complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat seront requalifiés d’actes tendant à nuire à la défense nationale. Tout compte fait, Moussa Kaka est l’otage de l’orgueil et de l’amour-propre des autorités de Niamey. Elles ne semblent pas avoir suffisamment de courage pour se dédire.

La réalité est là, toute crue : il n’y a pas de preuves tangibles contre le journaliste. Celles présentées par le régime, sont des émanations de vagues écoutes téléphoniques, ce qui constitue en soi un déni des libertés individuelles. Le dossier étant désespérément vide, Niamey est gêné aux entournures, d’où la détention prolongée du journaliste en attendant de trouver de meilleures preuves.

Au finish, on se demande si la justice n’est pas utilisée dans cette situation pour régler les comptes à un homme qui était déjà dans le collimateur du pouvoir. Comparaison n’est pas raison, mais on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec ce qui s’est passé récemment en France.

Le journal "Paris Match" ne s’est pas gêné pour publier un reportage photo de combattants talibans posant avec des tenues récupérées sur des soldats français tués en Afghanistan. Aucune action judiciaire n’a été engagée contre le journal, au-delà de la polémique sur l’opportunité ou non de publier les photos en question. Si cela avait eu lieu en Afrique, c’est presque sûr que la publication serait vouée aux gémonies, accusée de tous les péchés de la terre et attraite devant la justice.

L’arbitraire a encore de beaux jours dans de nombreux pays d’Afrique, pourtant prompts à se draper du manteau de la démocratie.

Par Séni DABO

Le Pays

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