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FORUM Media et Développement : Vers une charte des médias pour booster le développement

Publié le lundi 15 septembre 2008 à 13h34min

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S’achemine-t-on vers une charte si non un manifeste des médias européens et africains ? Le ton a été donné lors de ce premier forum Media et développement qui s’est tenu les 12 et 13 Septembre 2008 à Ouagadougou. Les conclusions de cette rencontre ont permis de dégager une position commune entre européens et africains. D’importantes recommandations ont été faites afin que les médias jouent pleinement leur partition dans le développement.

Organisé conjointement par l’Union Africaine et l’Union Européenne, le forum Media et développement a débouché sur une feuille de route pour l’action. Pendant 48heures, responsables politiques et professionnels des médias ont fait le diagnostic de la presse africaine et européenne. Ils sont même allés au delà en faisant des suggestions, recommandations et attitudes à tenir par les hommes de médias mais aussi par les politiques afin de contribuer au rayonnement de la presse et partant du continent.

La démocratie est devenue la nouvelle religion dans la gestion des Etats. Et ce régime politique a besoin de contradictions, de critiques pour mieux se comporter. La presse tient ici une place prépondérante. Alors s’impose l’existence de médias libres et responsables car comme l’a dit le président Blaise Compaoré à l’ouverture de cette rencontre euro-africaine « il arrive que les médias soient associés à des situations peu glorieuses (…) lorsque les journalistes abdiquent leurs responsabilités ». Mais bien utilisés, les médias constituent des outils indispensables au progrès dans tous les domaines. « Ils peuvent jouer un rôle amplificateur et déterminant dans l’approfondissement de la démocratie et la protection des droits de l’homme », martèle Blaise Compaoré. Ils ont pour rôle d’informer, d’expliquer, de justifier des actions du gouvernement mais aussi de constituer un contre-pouvoir, d’être la voix des sans voix. Pour assurer efficacement ce rôle, la presse mérite du soutien de tous mais aussi et surtout l’appropriation de ces actions par le politique. De ce fait, comme l’a affirmé le maire de la ville de Ouagadougou, Simon Compaoré, « le contexte nous impose de réfléchir sur le thème medias et développement ».

« L’Afrique ne doit pas être un problème mais une opportunité », a repris Jean Ping le président de la commission de l’UA cette citation chère à Louis Michel, le commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire. Tous sont convenus à ce forum que la presse africaine a fait des avancées remarquables qui restent néanmoins à consolider. Consolider les acquis et en finir avec les suspicions entre la presse et le politique. Il faut construire et consolider les relations entre ce qu’il est convenu d’appeler 4e pouvoir avec les autres pouvoirs, a souligné Jean Ping.

Toutes les questions ont été abordées

Les médias sont des acteurs essentiels du développement et à la construction d’Etats démocratiques. De ce fait le forum de Ouagadougou s’est penché sur comment garantir l’indépendance des médias face aux intérêts économiques ou politiques, comment protéger juridiquement la presse et les journalistes ? Les questions de financement, de formation, de stéréotypes et du rôle de la presse locale se sont également invitées à la table de discussion. Comme réponse, les participants au forum proposent la mise en place de cadre institutionnel garantissant les droits et devoirs des médias ainsi que leur indépendance ; la garantie du débat public ; la garantie à l’accès aux sources d’information ; la mise en œuvre de programme de formation pour les professionnels ; l’échange de programmes entre médias d’Afrique/Afrique et Afrique/Europe…

Il a aussi été demandé la lutte contre les stéréotypes ; l’organisation du financement de programmes de formation ; la création de plateformes entre médias et ONG. La décision la plus importante est sans doute la fixation à court terme de l’élaboration d’une charte euro-africaine fixant les droits et devoirs des médias. Les organisateurs semblent accorder un grand crédit à ce document. Selon le commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire, Louis Michel, « ces recommandations vont désormais guider nos travaux ». Cela incitera les Etats à être en faveur du développement des médias et partant du développement des Etats, ajoute-t-il.

Pour le premier ministre burkinabè Tertius Zongo qui a clos les travaux de cette rencontre, ces communications sont une « source d’enrichissement intellectuel et un adjuvant au développement ». La liberté d’expression est un principe à valeur constitutionnelle et Tertius Zongo rassure que « le Burkina prendra en compte les propositions qui ont été faites dans sa communication pour le développement ».

Le sujet de ce forum était bien complexe et tous se réjouissent de la signature d’un texte consensuel. Les présidents des commissions de l’UA et de l’UE se sont montrés très satisfaits lors de la signature de cette « charte » dont les réflexions se poursuivent et la prochaine étape, ce sont les journées européennes de développement en Novembre prochain à Strasbourg.
Ce sujet a déjà nourri et continue de nourrir des débats. L’essentiel aujourd’hui, c’est de mettre en synergie toutes les actions menées à travers le continent. La presse est un tremplin du développement et selon le journaliste sénégalais Babacar Coulibaly, « point de liberté de presse, point de liberté d’opinion et point de liberté d’opinion, point de démocratie ». L’on pourrait conclure avec Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie que « pas de développement sans démocratie ». Donc les médias africains sont plus qu’interpellés à la sortie de ce forum.

Moussa DIALLO
Lefaso.net

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