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Report de la présidentielle en Côte d’Ivoire : Le pari fou de Gbagbo

Publié le lundi 15 septembre 2008 à 13h16min

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Rien de nouveau sous le ciel politique ivoirien. Les acteurs du processus de paix respecteront une fois de plus la tradition en ne tenant pas l’élection présidentielle à la date convenue. Ce qui apparaissait depuis quelques semaines comme un secret de Polichinelle se confirme avec l’éventualité d’un report évoquée vendredi dernier par Laurent Gbagbo. Le chef de l’Etat ivoirien et candidat à sa propre succession a mis fin au faux suspense entretenu surtout par les hommes politiques. Car la presse, elle, avait déjà dit adieu au 30 novembre comme échéance électorale.

Si donc le report était plus qu’une évidence, il restait à savoir combien de temps il durerait. Beaucoup prédisaient le début de l’année 2009 au plus tôt, pour parler de scrutin, au regard du retard pris dans le processus électoral. Mais le président Gbagbo ne l’entend pas de cette oreille et préfère mettre la barre à 15 jours. Cet écart très réduit est la seule vraie nouveauté dans le cycle des reports en Côte d’Ivoire. Jusque-là, plusieurs mois séparaient une date d’une autre. Le président Gbagbo, en contenant le report dans des limites restreintes, veut continuer de croire que la Côte d’Ivoire entrera dans l’année 2009 avec un nouveau président. C’est une façon pour lui aussi de maintenir la pression sur l’ensemble des opérateurs techniques oeuvrant à l’organisation de la présidentielle. Sur un plan politique, il se met dans la posture du démocrate pressé d’en finir avec le régime d’exception dans lequel la Côte d’Ivoire est plongée depuis 2005, année à laquelle devait se tenir la présidentielle. Le président Gbagbo a toujours voulu donner de lui l’image d’un démocrate pour qui seules les urnes doivent départager les prétendants au pouvoir d’Etat. Il ne peut donc que donner cette impression de vouloir aller le plus vite possible aux élections, tout en faisant porter la responsabilité de la stagnation politique du pays aux autres.

Mais le président Gbagbo sera-t-il suivi par la classe politique ivoirienne, les opérateurs techniques, le facilitateur et la communauté internationale dans sa proposition de reporter l’élection de 15 jours ? Sans doute la nouvelle date fera-t-elle l’objet d’une large concertation. Une décision aussi cruciale ne peut se prendre à la légère, étant donné que c’est la crédibilité du processus de paix qui est en jeu. D’ores et déjà, l’opposition se dit favorable à un report. Elle est aussi consciente de l’impossibilité de boucler tout le processus d’ici au 30 novembre.

Mais quelle que soit la date qui sera arrêtée, un nouveau report, aussi justifié soit-il , est nuisible à la Côte d’Ivoire. Il est le reflet du peu de sérieux des acteurs politiques qui, depuis 2005, ont mené en bateau le peuple, l’empêchant d’exercer son droit légitime de vote. Les populations ivoiriennes sont lassées de ne pas voir le bout du tunnel politique, qui leur ouvrirait de nouvelles perspectives économiques et sociales. Ces nombreux reports mettent à mal aussi le sérieux des hommes politiques qui ne semblent pas, contrairement aux apparences, vouloir d’une élection. En tout état de cause, maintenant qu’un nouveau report est quasiment consommé, il reste à espérer qu’il soit le dernier, et que surtout, il donne lieu à des élections transparentes et régulières à même de refermer définitivement cette page peu glorieuse de la Côte d’Ivoire post-Houphouet Boigny.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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