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Afrique du Sud : Un 12 bénéfique à Jacob Zuma

Publié le lundi 15 septembre 2008 à 13h09min

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Moins d’un an nous sépare des élections générales en Afrique du Sud, et, plus que jamais, la succession du Président Thabo Mbeki est ouverte, la Constitution lui interdisant de briguer un troisième mandat, à moins qu’il emboîte le pas à ceux de ses pairs africains qui ont braconné la loi fondamentale pour s’éterniser au pouvoir.

ais, déjà, s’il est un candidat naturel qui se frotte les mains et s’impatiente de le soumettre à la retraite politique, c’est bel et bien Jacob Zuma, son intime ennemi et président du Congrès national africain (ANC), qui, depuis vendredi 12 septembre, se retrouve sur le boulevard devant le conduire vers la magistrature suprême, après que le tribunal de Pietermaritzburg (sud-est) a accepté la requête de non-lieu formulée par la défense dans son procès pour corruption.

Un verdict, à l’évidence, attendu tant par les observateurs de la scène politique sud-africaine que par ses millions d’inconditionnels qui, de tout temps, suspectaient Thabo Mbeki et les siens d’indiquer à la justice la voie à suivre.

Bien entendu, si l’innocence du combattant zoulou de la lutte anti-apartheid reste à prouver, tant Jacob Zuma a la réputation sulfureuse, doit-on seulement avoir en mémoire qu’il fut chassé de la vice-présidence de l’Afrique du Sud, qu’il occupait d’avril 1999 à juin 2005, par le même Thabo Mbeki, sur qui il prendra sa revanche à la tête de l’ANC au congrès de décembre 2007 ?

Officiellement, les ponts ne sont pas coupés entre les deux hommes, mais ce qui les sépare se révèle plus quantifiable que ce qui les unit. Tous héritiers de la lutte contre l’apartheid aux côtés de l’icône, Nelson Mandela, Thabo Mbeki surfe allègrement sur le site de l’intellectualisme, tandis que Jacob Zuma, l’idole des ghettos, qui a goûté à l’enfer de la tristement célèbre prison de Robben Island, fait partie des autodidactes de la république, et jouit d’un capital inestimable de popularité auprès des couches défavorisées, prêtes à lui donner l’absolution pour toutes les casseroles qu’il traîne derrière lui.

Car, s’il a été attrait devant l’instance judiciaire de Pietermaritzburg, c’est que, contre lui, le leader des pauvres, qui ne recule pourtant pas devant le faste et la bonne chaire, existaient plusieurs chefs d’inculpation, dont les plus connus sont la corruption, la fraude, le racket et le blanchiment d’argent.

Assurément, si toute la vérité sur ces accusations appartient au secret de l’histoire, il n’en demeure pas moins que le juge Chris Nicholson se serait prononcé sur le fond plutôt que sur la forme de l’affaire que Jacob Zuma aurait vu ses ambitions présidentielles renvoyées aux calendes zoulous. Ce qui n’aurait pas été pour déplaire à Thabo Mbeki, dont l’hostilité à son égard ne fait pas l’ombre d’un doute.

Toutefois, le juge a ouvert une brèche, en insinuant que le parquet national pouvait de nouveau l’inculper une fois que les erreurs de procédure auront été rectifiées, mais non sans prendre le soin de se barricader derrière "une influence politique négative", développée autour de ce procès historique.

En attendant, à l’ANC comme au COSATU (la confédération syndicale sud-africaine), la victoire du "Lion" Zuma est chantée en zoulou ; certes l’aveu de défaite tarde à se faire entendre dans le camp adverse, mais l’on retiendra que ce non-lieu, accordé à Jacob, intervient au moment où Thabo Mbeki joue les pompiers au Zimbabwe voisin, où Robert Mugabe, son comparse révélé, refuse toujours, après plus d’un quart de siècle de règne, de voir dans sa Rhodésie conquise un opposant, même en peinture.

Alors, pompier chez le voisin et pyromane chez soi ? Quoi qu’on dise, il serait des plus hasardeux, voire suicidaire pour Thabo Mbeki de franchir le Rubicon face aux anciens combattants de l’ANC, qui promettent le feu et le sang si jamais leur gourou venait à être condamné.

La voix du peuple semble donc avoir été entendue, mais, pour effectivement s’asseoir dans le fauteuil présidentiel sud- africain, qui lui semble promis, Jacob Zuma devra amorcer sa propre renaissance. Renaissance politique hypothétique de prime abord, car, ainsi que nous l’enseigne l’adage, on a beau chasser le naturel, il revient au galop. Zuma pourra-t-il, à 66 ans, relever le défi de redorer son blason, entaché tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ?

Réponse dès ce lundi, à travers le speech qu’il adressera aux membres des communautés grecque, italienne et portuaires de l’Afrique du Sud postapartheid.

Bernard Zangré

L’Observateur

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