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BIENS DES CHEFS D’ETATS AFRICAINS EN FRANCE : La Françafrique veille au grain

Publié le vendredi 12 septembre 2008 à 08h40min

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Les associations Survies et Transparency international / France viennent d’être déboutées par la justice française. Et de la manière la plus radicale. Ces ONG du Nord avaient esté en justice, après une enquête minutieuse, contre des chefs d’Etats africains qu’elles accusent d’avoir spolié leur peuple en amassant biens mobiliers et immobiliers sur le sol français. Une démarche sans doute généreuse, voir chevaleresque qui s’inspire des grands justiciers des temps passés. Mais c’est sans compter avec la françafrique. Une telle entreprise était raisonnablement vouée à l’échec. Et c’est ce qui est arrivé.

Les deux ONG vont très probablement faire appel. Mais quelle que soit l’issue judiciaire finale de cette affaire, les deux ONG ont montré tout leur mérite. Celui d’avoir utilisé leur pouvoir de dénonciation. Elles auront aussi réveillé les consciences africaines. Et à ce titre, leur action ne restera pas sans effet. La valeur pédagogique de cette entreprise hardie est sans conteste. Les tabous sont levés et ceux qui gouvernent les peuples d’Afrique savent désormais à quoi s’en tenir. Ils sont dénonciables sinon par les citoyens africains, du moins par ceux du Nord dont la contribution à l’effort du développement du continent noir mérite un peu plus de considération. Une fois de plus, ce sont les contribuables du Nord qui prennent l’initiative face au silence et au laisser-faire de ceux du Sud.

Les deux ONG n’avaient pas forcément besoin d’espérer pour entreprendre une telle oeuvre dont on savait qu’elle serait contrariée par la françafrique. Les raisons d’Etat sont si fortes entre la France et l’Afrique que cette "affaire" ne pouvait qu’être classée sans suite. Pourtant, si elle était allée jusqu’au bout, elle aurait pu être salutaire aussi bien pour les présumés coupables que pour les peuples de ces pays. D’abord, qu’elle est la part de vérité dans cette enquête ?

Et quelle est l’ampleur des dégâts ? Quelles sont les complicités ? Autant de questions aussi citoyennes les unes que les autres. Car en vérité, ces chefs d’Etat ne sont pas tous coupables au même degré. Certains en ont accumulé plus que d’autres, en France et ailleurs. Et puis, certains plus que d’autres, sont probablement propres. En effet, en matière de biens immobiliers il y a sans doute la résidence ou le pied-à-terre du chef de l’Etat. Si c’est un bien public, il est profitable à tous les chefs d’Etat de la république, présents ou à venir. Et puis, est-il interdit à un chef d’Etat de se construire, avec son salaire, une maison en France ou ailleurs ? On sait que les fonds spéciaux qui s’expriment parfois en termes de milliards, sont un domaine secret et l’utilisateur n’a pas de compte à rendre à la nation. Le problème, finalement, se situe plus au niveau de l’ampleur des biens et donc de l’ampleur des fonds qui ont été mobilisés pour réaliser les biens immobiliers.

Une autre chose dont doivent tenir compte les chefs d’Etat africains : quand les investissements et les fonds prennent le chemin de l’étranger, ils deviennent systématiquement suspects. Ils sont beaucoup plus tolérés par le citoyen quand ils sont domiciliés en terre africaine. Dans ce dernier cas, ils présentent le double avantage de la visibilité et de l’utilité, toutes choses qui atténuent l’étonnement et le choc.

"Le Pays"

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