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Présidentielle en Côte d’Ivoire : Le jeu trouble des reports

Publié le jeudi 11 septembre 2008 à 08h49min

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Laurent Gbagbo

En Côte d’Ivoire, il ne faut jamais jurer de rien. Personne n’aurait imaginé, à la signature des accords sur le dialogue direct en mars 2007, que le doute planerait un jour ou l’autre sur la date de la présidentielle. Mais au fur et à mesure du cheminement vers les échéances arrêtées de commun accord entre les acteurs de la crise ivoirienne, des obstacles se sont amoncelés. La montagne des problèmes d’ordre politique, technique, financier et sécuritaire, est si haute qu’elle empêche d’atteindre la fameuse présidentielle tant annoncée.

C’est le quotidien gouvernemental Fraternité Matin qui avait jeté le pavé dans la mare en évoquant la possibilité du report du scrutin. Beaucoup d’observateurs s’étaient fait une raison, car ce qui sort de FratMat est quasiment officiel. Et voilà que ces derniers jours, d’autres journaux entrent dans la danse, avec des informations tout aussi pessimistes. Cette hypothèse du report n’a pas encore été accréditée par une source officielle. Ni le président Laurent Gbagbo, ni les organes techniques électoraux, encore moins le facilitateur Blaise Compaoré n’ont manifesté ces derniers temps une inquiétude particulière. On assiste plutôt à un ballet d’ombres chez le facilitateur, et à un semblant de campagne électorale en Côte d’Ivoire. Le défilé de personnalités au palais de Kosyam, à Ouagadougou, n’a pas laissé transparaître le sentiment réel qui anime les visiteurs du président Blaise Compaoré. En Côte d’Ivoire même, les trois poids lourds de la scène politique s’affrontent à distance, dans ce qui apparaît comme une partie d’échauffement avant la campagne officielle. Le président Gbagbo, qui a les cartes de l’élection en mains, fait, lui aussi mine d’être dans l’objectif du 30 novembre.

Son parti l’a désigné pour être son candidat en grande pompe, à Yamoussoukro ; le plus sérieusement du monde, comme dans un processus électoral normal. Dans ces conditions, les opposants ne peuvent que se mettre dans les starting-blocks, pour éviter toute mauvaise surprise. Ils se sont mis dans la posture de candidats prêts à affronter les urnes si l’élection devait avoir lieu à bonne date. Mais cette situation d’incertitude ne peut plus durer. Il est temps, à moins de trois mois du scrutin, que tous les Ivoiriens soient fixés.

Si à l’étape actuelle des préparatifs, l’élection est vouée à un nouveau report, qu’on ait le courage de le dire, même si cela constitue un échec pour les acteurs du processus de sortie de crise. Il n’y a cependant pas de honte à ne pas honorer la date du 30 novembre. En l’état actuel des préparatifs, si le chronogramme ne peut être respecté, le report est préférable à une fixation sur une date, au risque de tenir des élections bâclées.

Dans ce jeu trouble des reports, on en arrive à oublier les autres aspects de la présidentielle, à savoir le poids réel de chaque candidat en lice, les possibilités d’alliance entre les Houphouétistes, les programmes politiques en concurrence. Le temps ne semble pas aux analyses politiques fines sur les enjeux de l’élection, pour permettre aux électeurs de se déterminer en connaissance de cause. En Côte d’Ivoire, il y a une question qui paraît autrement plus urgente : à quand enfin une élection présidentielle ?

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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